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Congés menstruels : bientôt la règle dans les études supérieures ?

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Jeune femme

L’Institut d’études politiques de Lyon accorde, depuis la rentrée de la Toussaint 2024, des congés menstruels à ses étudiantes. L’idée fait son chemin dans les établissements du supérieur français où le dispositif tend à se généraliser. Objectif : une meilleure prise en compte du bien-être des étudiantes dans une optique de réussite scolaire et de lutte contre les inégalités.

Souffrir en amphi n’est plus un prérequis

À quelques jours de la rentrée de novembre, l’IEP de Lyon a créé la surprise par une annonce publiée sur son site internet. « Sciences Po Lyon renforce ainsi son engagement en faveur de la réussite de ses étudiantes », en autorisant les absences pour cause de règles douloureuses. Longtemps condamnées à souffrir en silence un à sept jours par mois, les jeunes femmes peuvent désormais bénéficier de « congés menstruels » et rester au lit au lieu de se tortiller en amphi. En seulement un an, cette mesure a fait du chemin en France. Après l’Université d’Angers qui a ouvert la voie en 2023, Bordeaux-Montaigne, Clermont-Auvergne ou encore Paris-Est-Créteil proposent, depuis septembre 2024, quelques jours de repos aux jeunes filles menstruées. « Il était temps qu’on se bouge ! » se réjouit Pauline, venue réviser ses cours de droit à la bibliothèque universitaire parisienne Sainte-Geneviève. Trois jours plus tôt, elle était clouée au lit pour cause de crampes utérines. Pas encore reconnu dans son établissement, le mal des règles a déjà empêché l’étudiante en troisième année de se déplacer jusqu’à sa fac, même si « après, c’est la galère pour justifier ses absences avec un docteur. » Et le défi est encore plus grand dans les régions en manque de médecins. D’ailleurs, à l’Université Bordeaux-Montaigne, où le “repos” menstruel a été adopté en mars 2024, on en a fait les frais. « Les généralistes, comme les services de santé universitaires, ont été pris d’assaut », se souvient le vice-président étudiant Yanis Jaillet. Une ruée vers le justificatif qui a contraint les instances à faire évoluer la mesure. Ainsi, « depuis la rentrée, le 4 novembre 2024, les étudiantes n’ont plus à passer par la case médecin. » Désormais, une simple déclaration à signer en ligne garantit aux élèves menstruées de bénéficier de deux semaines à répartir dans l’année.

 

Un mal qui touche une femme sur deux

Selon les établissements, différents forfaits de journées d’absences spéciales sont offerts à celles qui en font la demande. Un temps de repos que ne refuserait aucune des jeunes Parisiennes croisées durant leur pause café devant la BU voisine du Jardin du Luxembourg. Entre maux de ventre, fatigue, et autres troubles digestifs qui les accompagnent, les règles représentent en effet un sacré défi pour rester aussi concentrées que ses voisins masculins en classe. « Surtout à mon premier ou deuxième jour, la douleur rend difficile le suivi assidu des cours » reconnaît Maysane, 19 ans. « Avec mon flux important, je suis obligée de quitter la classe toutes les heures », grimace Giulia, un peu embarrassée à l’idée d’évoquer ce détail en présence de son camarade Amir. « J’ai des potes qui font de l’endométriose et même sans la maladie, je sais que ça peut être très handicapant. » L’étudiant en médecine a dû argumenter en faveur du droit aux congés menstruels lors d’un oral d’examen l’an passé. Longtemps restée taboue, la question des règles douloureuses fait enfin son entrée dans le supérieur, soutenue par la nouvelle génération. « À Bordeaux-Montaigne, l’initiative n’est pas venue des profs, ni de l’administration, mais bien des étudiants », insiste l’élu Yanis Jaillet. De plus en plus d'établissements français s’efforcent en effet de prendre en compte le bien-être de leurs élèves. « Quand on propose un environnement sain, et donc propice pour étudier dans de bonnes conditions, tout le monde y gagne. » Étudier bien sûr, mais travailler aussi. En France, une poignée de mairies et d’entreprises du privé commencent, elles aussi, à reconnaître un mal aussi invisible que répandu en proposant des congés spécifiques. Selon l’IFOP, cette souffrance touche une femme sur deux.

 

C’est quoi l’endométriose ?
Touchant une Française sur dix selon l’Assurance Maladie, l’endométriose est une maladie chronique se déclenchant dès les premières menstruations. Le tissu de l’endomètre présent dans l’utérus se développe anormalement sur les ovaires, les trompes, la vessie, le rectum, parfois le foie ou les poumons, provoquant des kystes, lésions ou nodules. Si vous souffrez de fortes douleurs durant vos règles, rapports sexuels, ou en allant aux toilettes, une consultation chez un médecin généraliste ou un spécialiste s’impose.

Zoé Ruffy © CIDJ
Actu mise à jour le 30/11/2024 / créée le 12-11-2024

Crédit photo : Mary Long - iStock