- actualité
Éducation sexuelle insuffisante, danger pour les 16-20 ans
- Sexualité
Le 4e baromètre de l’éducation des jeunes pointe l’absence de cours d’éducation sexuelle à l’école et constate une exposition précoce à la pornographie. La conjonction de ces deux phénomènes conduit les jeunes à se faire une idée floue de la notion de consentement. Dans une relation sentimentale, la jalousie comme l’espionnage de son partenaire apparaissent normaux pour la moitié des personnes interrogées.
L'éducation sexuelle et sentimentale des 16 - 20 ans laisse à désirer. C'est le constat de la fondation des Apprentis d’Auteuil qui publiait, le 12 octobre 2023, un sondage effectué auprès d’un échantillon constitué de 2148 jeunes âgés de 16 à 20 ans.
Trop peu de cours d’éducation sexuelle à l'école
Depuis 2001, les établissements scolaires sont tenus de dispenser 3 cours d’Éducation Affective Relationnelle et Sexuelle (EARS) tous les ans, soit 36 du primaire à la fin du lycée. Or, selon le sondage, les élèves ne bénéficieraient en moyenne que de 3,2 séances sur le total de leur scolarité. Pour 82 % des personnes interrogées, cet enseignement est totalement absent lors des cours de classes élémentaires. Le plus souvent la sexualité est abordée en cours de SVT, car seule une minorité (24 %) a pu profiter de cours exclusifs d’EARS.
Un enseignement manquant, qui se révèle incomplet lorsqu’il est donné. Selon les élèves, les thématiques abordées ne répondraient pas à toutes leurs questions. Si les IST, les modes de contraception et l’anatomie sont assurément évoqués, l’IVG passe, elle, en dernière position. Au grand dam des principaux concernés, les questions de confiance en soi, d’égalité fille-garçon ou encore de consentement ne font pas partie du programme.
Le consentement, un dangereux tabou
Lors des cours d’EARS, les intervenants ne font pas mention du consentement, laissant dans l'ombre ce fondamental des relations. Pour 29 % des jeunes hommes interrogés, “les filles peuvent aimer être forcées” et pour 27 % des jeunes femmes, “le désir sexuel des garçons est incontrôlable”. Des idées reçues qui forcent aux rapports sexuels. En effet, 44 % des jeunes ont déjà accepté d’avoir une relation intime sans en avoir envie. Souvent, par peur de perdre son partenaire ou de l’énerver. 26 % évoquent la peur de dire “non” et une minorité (9 %) avoue être passée à l’action en échange d’argent ou de cadeaux.
Si 71 % des répondants accordent beaucoup d’importance à l’accord verbal, “oui” ou “j’en ai envie”, une part importante (43%) des sondés évaluent le consentement de son partenaire à un simple regard. Plus étonnant, 10 % estiment qu’une invitation « Netflix » sous-entend « coucher ensemble », et 13 % se basent sur la coiffure, le maquillage ou le parfum.
Le manque d'éducation sexuelle impacte moralement les élèves. Si 63 % vont chercher les réponses à leurs questions auprès de leurs proches, près de 42 % des garçons s’inspirent des pratiques découvertes dans les films pornographiques, contre 29 % pour les filles. Un bon moyen pour 36 % de l’échantillon de “mieux comprendre comment donner du plaisir sexuel” et comment en recevoir. Pour la gent masculine, le problème prédominant semble être la confiance en soi. Le visionnage de film pour adulte engendre une course à la performance sexuelle. Près de 31 % stressent à l'idée de ne pas réussir à être à la hauteur de ce qui se fait dans les films pornographiques.
Une vision bancale des relations sentimentales
Si les contenus pour adultes influencent les relations intimes, on remarque également que la jeune génération partage une vision parfois toxique des relations amoureuses. Ainsi, pour 56 % des interrogés, c’est acceptable d’avoir les codes de téléphone de son ou de sa partenaire. Dans une même proportion, les jeunes considèrent la jalousie comme une preuve d’amour, et 25 % ne voient aucun inconvénient à fouiller dans le téléphone de son compagnon. Il ressort de ce sondage, qu’une relation épanouie doit se baser sur ces trois piliers : "Avoir confiance l’un en l’autre", "s'aider dans les moments difficiles" et "avoir une bonne communication". Si une majorité écrasante s’accorde sur l'importance 'avoir confiance en soi pour établir une relation de couple durable, 57 % affirment avoir du mal à se trouver une place dans la société, et 37 % n’éprouvent pas de fierté envers eux-mêmes. Des pourcentages qui grimpent du côté des personnes LGB (Lesbiennes-Gays-Bisexuels).
Ces problèmes de confiance en soi engendrent des "situations de violence avérée" selon Opinionway. Dans l'échantillon, 21 % des femmes ont déjà vécu des situations de harcèlement sexuel et 9 % ont subi un viol ou ont été confrontées à la porno divulgation. Si 5 % des hommes hétérosexuels ont déjà été agressés, lorsque ces messieurs font partie de la communauté LGB, les faits d’agressions (25 %) et de discrimination (36 %) s'envolent. Pour 57 % de tout le panel, il n’y a eu aucun soutien ni de l'entourage ni de l'établissement scolaire. Pourtant, le personnel est chargé d’accompagner les élèves en souffrance en cas de harcèlement ou d’agression. De nombreuses organisations et associations peuvent également accompagner les victimes telles que le Planning familial ou En Avant toutes. Et aux vues des nombreuses affaires récentes de harcèlement relevées dans les établissements, il y a urgence à faire appliquer la loi. L’enseignement sexuel ne peut être facultatif, c’est bien l’enseignement de ce sondage.
Alicia Trotin © CIDJ
Actu mise à jour le 25-10-2023
/ créée le 25-10-2023
Crédit photo : Reproductive Health Supplies Coalition - Unplash