Archive Européennes 2019 : les propositions pour l’emploi des jeunes (1/4)

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Publié le 20-05-2019

En bref

  • Samedi en Outre-mer et dimanche en métropole, vous êtes invité à voter pour élire vos représentants au Parlement européen. Cidj.com a épluché les programmes ou professions de foi des 34 listes qui se présentent. Voici les propositions que l'on a retenu en matière d'emploi.
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Crédit : CIDJ

Les prochaines élections européennes auront lieu le 25 mai dans les territoires d'Outre-mer et le 26 mai en France métropolitaine. Les citoyens français de 18 ans et plus sont invités à voter pour l'une des 34 listes candidates afin d'élire leurs représentants au Parlement européen.

Aux dernières élections européennes, près des trois quarts des moins de 35 ans n'ont pas voté, pourtant les décisions prises à l'échelle européenne affectent de nombreux aspects de la vie : emploi, études, séjours à l'étranger... Ces aspects, la rédaction de Cidj.com les a pris en compte pour passer au crible les programmes et professions de foi des candidats.

Par souci de lisibilité, nous avons relevé uniquement les principales mesures qui pourraient vous concerner en tant que jeune européen. Cette méthodologie a pour conséquence de faire apparaître des listes plus souvent que d’autres parce qu’elles ont développé davantage de points étudiés pour cet article dans leurs programmes et/ou professions de foi. 

Dans ce premier article, retrouvez les propositions se rapportant à l’emploi des jeunes. Ici, certaines listes comme les listes Union de la droite et du centre (Les Républicains et les centristes) ou encore Les Européens n’apparaissent pas. Elles ont en revanche formulé des propositions concernant d’autres sujets qui touchent à la vie des jeunes européens. Retrouvez ces mesures dans les autres articles de cette série :

  • Pourquoi les candidats en parlent ?

Trop peu d'expérience, pas assez de diplôme... Trouver un emploi stable n'est pas un parcours sans encombre quand on est jeune et en particulier si l'on est peu ou pas qualifié. Bilan : les moins de 30 ans sont surreprésentés parmi les catégories les plus pauvres de la population. Plusieurs propositions en faveur de l’insertion ont émergé.

  • Ce qu’ils proposent

La Liste Envie d’Europe écologique et sociale propose de généraliser à l'ensemble des jeunes européens la garantie jeunes qui est un dispositif d’accompagnement sous forme d’ateliers de formation, stages obligatoires et aide financière pour les 16-25 ans ni en emploi ni en formation, .
Cette mesure, déjà appliquée en France, est cofinancée par les aides européennes. La liste Pour l’Europe des gens contre l'Europe de l'argent prône une "transparence dans la répartition par pays des fonds pour la garantie jeunes".

Pour La France insoumise, il faudrait “accorder à chaque jeune européen entre 16 et 25 ans une allocation d’autonomie d’une durée d’un an pour étudier, se former, travailler dans un autre pays européen.”

Toujours pour les moins de 25 ans, Allons enfants, qui se présente comme "un parti géré par des étudiants et jeunes actifs de moins de 30 ans", souhaite créer "une allocation de solidarité jeune européenne pour ramener les jeunes de 18 à 25 ans au-dessus du niveau du seuil de pauvreté".

De son côté, la liste Renaissance, (soutenue par LREM et MoDem) annonce vouloir “préserver les aides européennes destinées aux plus précaires : banques alimentaires et initiatives pour les jeunes les plus éloignés de l’emploi.” 

Plus spécifique aux étudiants, la liste Pour l’Europe des gens contre l'Europe de l'argent propose de rémunérer les étudiants par un « revenu financé par une branche de la sécurité sociale.”

La Liste citoyenne du printemps européen (soutenue par Génération·s) propose, comme l’avait déjà fait Benoît Hamon aux dernières présidentielles, un revenu universel européen mais cette fois à l’échelle européenne. 

La liste La ligne claire défend également l’idée d’un "revenu de base inconditionnel ou salaire universel "soumis" à l’accord des différents États".

  • Pourquoi les candidats en parlent ?

286 €, c'est le montant du salaire minimum mensuel en Bulgarie, tandis qu'il s'élève à plus de 2 070 € au Luxembourg, selon les statistiques d'Eurostat. En France, le montant du SMIC est de 1 521 € par mois. Le salaire minimum, quand il existe, est très variable d'un pays à l'autre. 

Actuellement, parmi les États membres de l’UE, 22 disposent d’une loi qui établit un salaire minimum au niveau national. Dans les autres (dont l’Italie et la Finlande par exemple), ce niveau minimum est négocié entre représentants des patrons et des salariés au sein de secteurs économiques.

Le salaire minimum concerne non seulement tous les salariés qui le reçoivent mais aussi ceux dont la rémunération est supérieure (leur salaire est en partie évalué en fonction du salaire minimum). De leur côté, les entreprises prennent en compte ce montant pour calculer le coût salarial. Si le salaire minimum se révèle plus bas dans un pays que dans un autre, elles peuvent par exemple trouver plus avantageux de s’y installer pour réduire leurs coûts. Le salaire minimum affecte donc le pouvoir d’achat des salariés. De façon directe, il peut aussi avoir un impact sur l’emploi.

  • Ce qu’ils proposent

Plusieurs listes candidates évoquent cet enjeu et proposent qu’un salaire minimum soit fixé dans tous les pays membres. 

Certains n’évoquent pas la manière d’en fixer le montant comme le programme de la Liste citoyenne du printemps européen

D’autres, comme Évolution citoyenne, le Parti fédéraliste européen et la liste Renaissance souhaitent que son niveau dépende des conditions économiques dans chaque pays. 

La liste Pour l'Europe des gens contre l'Europe de l'argent se montre plus précise et milite pour la "création d’un salaire minimum dans chaque pays, d’au moins 60 % du salaire moyen national". De son côté, Envie d’Europe écologique et sociale propose que ce salaire minimum corresponde au moins à 65% du salaire obtenu par la moitié de la population la moins riche (ce que l’on appelle le "salaire médian").
 
D’autres candidats vont plus loin : ils souhaitent que les salaires minimums de chaque pays européens convergent pour atteindre un niveau unique. C’est le cas des listes Les Oubliés de l'Europe,  Une Europe au service des peuples et de La France insoumise. Cette dernière propose d’instaurer un "SMIC dans chaque pays européen à 75% du salaire médian avec un mécanisme de convergence rapide entre les pays vers un SMIC européen digne".
 
Pour La France insoumise et Évolution citoyenne, il faudrait également limiter les écarts au sein des entreprises entre les plus bas et les plus hauts salaires. Cela reviendrait par exemple à plafonner les salaires les plus hauts. 

  • Pourquoi les candidats en parlent ?

De plus en plus de personnes travaillent pour ou avec les plateformes numériques comme Uber, Deliveroo, Amazon... Ils le font souvent non pas comme des salariés "classiques", mais via d’autres statuts comme le régime des micro-entrepreneurs en France. Leurs assurances et d’autres droits du travail ne sont donc pas garantis comme les autres salariés. Ce phénomène est parfois appelé "ubérisation" du nom de la plateforme de mise en relation de chauffeurs avec des clients.

  • Ce qu’ils proposent

Dans ces circonstances, certains partis souhaitent encadrer ces pratiques :
 
La liste Renaissance envisage de “créer de nouveaux droits et protections pour les 3 millions de travailleurs de plateforme, comme Uber ou Deliveroo (accidents du travail, assurance maladie, formation…)".
 
Envie d’Europe écologique et sociale veut "une directive européenne sur le travail dans l’économie des plateformes afin de réglementer et protéger les nouvelles formes de travail qui se développent dans le secteur de l’économie numérique."

D’autres vont plus loin et veulent même lutter contre le phénomène d’ubérisation : 

Évolution citoyenne (à sa tête le gilet jaune Christophe Chalençon) souhaite "lutter contre l'ubérisation de la société, esclavagisme moderne. Ouvrir le débat sur une flexisécurité à la française, sans pour autant réformer le code du travail, car force est d'admettre que le monde du travail évolue et que cette évolution nous pousse à nous adapter."
 
La France insoumise aspire à : “promouvoir une économie numérique coopérative écartant l’ubérisation qui détruit les conditions de travail et d’emploi.”
 
La liste Pour l’Europe des gens contre l'Europe de l'argent, veut "lutter contre l’ubérisation : requalification en contrat de travail salarié de tous les travailleurs étant en situation de subordination vis-à-vis d’une plateforme numérique."

A savoir : Les textes disponibles au moment de la rédaction de cet article pour les listes Neutre et Actif Union démocratique pour la Liberté, l’Égalité et la Fraternité et le Parti Révolutionnaire Communiste ne comportaient pas de mention des sujets pris en compte pour cet examen des programmes, ils ne figurent donc pas dans ces articles.
 

  • Pourquoi les candidats en parlent ?

Dans l’Union Européenne, l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes s’élève à plus de 16 %.

Pourtant, le principe de l’égalité salariale est inscrit au sein même du TFUE (traité sur le fonctionnement de l’Union Européenne), selon lequel “chaque État membre assure l'application du principe de l'égalité des rémunérations entre travailleurs masculins et travailleurs féminins pour un même travail ou un travail de même valeur”.

Mais malgré cette reconnaissance officielle, force est de constater que les inégalités entre les hommes et les femmes persistent que ce soit dans les domaines de l’emploi, de l’éducation, de la famille, de la santé...

  • Ce qu’ils proposent

Afin de lutter contre ces inégalités, de nombreuses listes mettent en avant l’égalité salariale homme/femme dans leur programme.

Pour La France insoumise et Pour l'Europe des gens contre l'Europe de l'argent, c’est le principe de la clause de l’Européenne la plus favorisée qu’il faut suivre. Cela signifie que tous les États membres de l’UE doivent s’harmoniser à celui qui possède la législation la plus favorable. 

La Liste citoyenne du printemps européen propose de créer une directive anti-précarité des femmes et le PACE (parti des citoyens européens) souhaite la mise en place d’une obligation de résultat pour les entreprises. Pour plus de transparence, Allons enfants propose de créer une plateforme dans laquelle il sera possible de connaître l’environnement de travail d’une entreprise : quelles sont les grilles de salaire pratiquées, quel est le pourcentage d’inégalité salariale...

Certaines listes vont plus loin et proposent un véritable contrôle du respect du principe d’égalité. Pour l’Europe des gens contre l'Europe de l'argent envisage la création d’un observatoire européen des mesures sur l’égalité, alors que la Liste citoyenne du printemps européen  souhaite créer une inspection européenne du travail pour contrôler les employeurs et sanctionner en cas de non respect.

D’autres évoquent l’idée de mettre en place des pénalités si des écarts de salaires persistent. C’est le cas de Renaissance, d'Une Europe au service des peuples et d'À voix égales, liste qui défend l'égalité des droits hommes-femmes.

Liste candidates

 

Focus

À savoir

Les textes disponibles au moment de la rédaction de cet article pour les listes Une France royale au coeur de l'Europe, Démocratie représentative, Liste de la reconquête, Lutte ouvrièreNeutre et actif, Parti révolutionnaire communistes et l'Union démocratique pour la liberté égalité fraternité ne comportaient pas de mention des sujets pris en compte pour cet examen des programmes, ils ne figurent donc pas dans nos articles.

Pour qui vote-t-on aux élections européennes ?

Contrairement à d'autres élections, comme les présidentielles où l'on donne sa voix pour un candidat, aux élections européennes on vote pour une liste de candidats. Les listes qui obtiennent plus de 5% des suffrages bénéficieront d'un nombre de sièges proportionnel à leur nombre de voix. Pour lire les professions de foi et connaître le nom des candidats, rendez-vous sur le site du ministère de l'Intérieur

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