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Loto de la biodiversité : une idée noble sujette à controverse
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Après le loto du patrimoine, le gouvernement renouvelle l’opération au profit de la préservation de la nature. Sur un billet vendu trois euros, 43 centimes reviendront à l’Office français de la biodiversité pour financer vingt projets. Contestée par le Sénat, retoquée à l’Assemblée et critiquée par l’Autorité nationale des jeux, la création de ce jeu d’argent n’a pu passer que par l’usage de l’article 49.3.
Un jeu d’argent au service de la biodiversité et des finances publiques
Côté pile, le gouvernement invite les Français à financer des projets en faveur de la biodiversité. Louable intention. Côté face, il les incite à s’adonner aux jeux d’argent, qui plus est en embrassant une thématique très prisée des plus jeunes. Et cela, ça ne passe pas pour l’Autorité nationale des jeux qui dénonçait en février 2023, lors d’une audition devant le Sénat, cette invitation faite aux jeunes de goûter aux jeux d’argent. Un Sénat qui critiquait de son côté une opération de « greenwashing du jeu ». Et dans les rangs de l’Assemblée nationale, mêmes réserves. Du coup, cette loi n’ayant pu obtenir l’approbation des députés a dû être adoptée par le gouvernement en utilisant l’article 49.3.
Si bien qu’à compter du lundi 23 octobre 2023, un nouveau jeu de grattage, baptisé Mission nature et proposé par la Française des jeux (FDJ), sera disponible dans les points de vente habituels. Chaque ticket sera vendu 3 euros, un tarif plus modéré que celui réservé au loto du patrimoine (15€/unité). Sur cette somme, une contribution de 43 centimes sera allouée à l'Office français de la biodiversité soit un financement attendu de 6 millions d'euros si les 14 millions de billets mis en circulation trouvent preneurs. Les gains pour les joueurs allant jusqu'à 30 000 euros. Sans compter ceux de l’État : en 2022, selon la FDJ, les prélèvements publics sur les jeux se sont élevés à 4,1 milliards d’euros (+8,5% par rapport à 2021). Qui dit jeu en plus signifie espèces sonnantes et trébuchantes en sus.
Un jeu interdit aux mineurs dont une partie des gains servira le vivant
Loin des polémiques, il n’est pas inutile de rappeler que les jeux d’argent, quels qu’ils soient, sont strictement réservés aux personnes majeures. À cet effet, en 2022, la FDJ assure avoir consacré 15 millions d’euros dans la création et la diffusion de campagnes de prévention des comportements à risque. Et le CIDJ de poursuivre, avec le site santeaddictions.fr, sa mission d’information sur les risques encourus avec les jeux d’argent et de hasard. Il n’empêche que, selon une étude menée par ENJEU-MINEURS en 2021, plus d’un tiers des adolescents français jouent à des jeux d’argent, avec un fort intérêt pour ceux de grattage.
Reste qu’avec ce nouveau jeu Mission nature, les subventions attribuées varieront dans une fourchette allant de 50 000€ à un million d'euros, et serviront concrètement les projets de vingt lauréats, choisis le 10 octobre 2023 par un comité présidé par la secrétaire d’État en charge de la biodiversité, Sarah El Haïry. On retrouve dans cette sélection des projets servant les intérêts du vivant dans toute sa diversité. En voici la liste exhaustive :
1. Dans les Alpes, le Massif central et les Pyrénées, la Ligue pour la protection des oiseaux France (LPO) mène un projet visant à réintroduire le plus grand rapace d'Europe.
2. Le Conservatoire d'espaces naturels des Hauts-de-France travaille à la restauration écologique des méandres alcalins des tourbières de la Haute-Somme, dans la région Hauts-de-France.
3. La SOPTOM, en partenariat avec le Conservatoire d'espaces naturels PACA, se consacre à la réhabilitation des populations de tortue d'Hermann au Cap Taillat, situé dans le Var.
4. La forêt d'exception de Verdun dans la Meuse (Grand Est) est le sujet d'un projet de reconquête et de restauration des pelouses calcaires, mené par l'Office national des forêts (ONF).
5. En Martinique, la commune du Lamentin travaille sur la préservation de la mangrove.
6. Le WWF, en collaboration avec des partenaires en PACA et en Corse, se consacre à la restauration passive de l'herbier de Posidonie.
7. Les tourbières des Vosges font l'objet d'un plan de restauration porté par le Conservatoire d'espaces naturels de Lorraine, dans la région des Vosges (Grand Est).
8. Dans les gorges de la Siagne, dans le Var (PACA), le Groupe chiroptères de Provence s'engage dans la conservation et la restauration de deux gîtes majeurs à chauves-souris.
9. Le Conservatoire d'espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine mène un projet visant à restaurer la biodiversité dans les plaines céréalières de Charente-Maritime (Nouvelle-Aquitaine).
10. À Mayotte, le GepoMay travaille sur la sauvegarde de l'arrière-mangrove de la baie de Bouéni.
11. Le Syndicat intercommunal de gestion forestière de la région d'Auberive (SIGFRA) s'attelle à créer un réseau de zones boisées tout en restaurant des marais et des prairies dans la Haute-Marne (Grand Est).
12. Le Département du Finistère se consacre à la reconquête de la nature dans les Monts d'Arrée, en Bretagne.
13. Sur le site de l'écozone du Forez, en Loire (Auvergne-Rhône-Alpes), France nature environnement entreprend la restauration d'anciennes gravières.
14. L'association Naturalistes, environnement et patrimoine de Mayotte œuvre pour la reconquête forestière du littoral de la pointe de Saziley à Mayotte.
15. En Martinique, l'ASSO-MER se dévoue à la sauvegarde des tortues marines du Carbet.
16. L'établissement public du Mont Saint-Michel se consacre à la restauration des zones humides du Mont Saint-Michel, dans la Manche (Normandie).
17. Dans le Pays de la Loire, le Centre d'Animations en Pays de Logne, labellisé Centre permanent d'initiatives pour l'environnement (CPIE) Logne et Grand-Lieu, s'engage dans la reconquête des haies et mares en ville.
18. Les Communautés de communes Les Bertranges, Nièvre (Bourgogne-Franche-Comté) et Cher (Centre-Val de Loire) travaillent sur les inventaires et restaurations des milieux humides et de mares.
19. En Indre (Centre-Val de Loire), Indre Nature se consacre à la renaissance du bocage dans le sud de l'Indre.
20. La commune de Vitry-sur-Seine, en Île-de-France, mène un projet de nature en ville, comprenant la plantation d'arbres, de haies et d'une prairie fleurie dans un square.
Maxence Saquet © CIDJ
Actu mise à jour le 25-10-2023
/ créée le 25-10-2023
Crédit photo : FDJ - CIDJ