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Trottinettiste, masculinisme, empouvoirement : c’est nouveau, c’est dans le Petit Larousse 2025
- Bons plans
Cette année encore, le Petit Larousse s’enrichit d’une flopée de nouveaux mots. Parmi les 150 sélectionnés pour l’édition 2025, on trouve des néologismes reflétant des usages récents et des préoccupations actuelles : trottinettiste, détox digitale, masculinisme, empouvoirement, mégabassines, PFAS… En attendant la parution prévue le 22 mai, en voici un avant-goût.
150 nouveaux mots
Comment les éditeurs du Petit Larousse choisissent-ils les nouveaux mots à partir d’une liste en comprenant des milliers ? « Nous vérifions que le mot que nous retenons est bien attesté à l'oral, à l'écrit, par les jeunes et les moins jeunes », explique au micro de France Bleu Bernard Cerquiglini, professeur de linguistique et conseiller scientifique du célèbre dictionnaire. Aussi, un nouveau mot doit être « représentatif d’un mouvement, d’une innovation, d'une inquiétude ». On comprend alors mieux l’arrivée du masculinisme, des mégabassines ou encore du trottinettiste dans les pages de l’édition 2025. Dans une interview accordée au Figaro, le lexicologue et historien de la langue française Jean Pruvost, également parrain du dernier millésime, précise qu’un « néologisme ne recouvre pas seulement une forme nouvelle, comme « empouvoirement », mais aussi un sens nouveau accordé à un mot ».
Masculinisme et empouvoirement
La langue évolue au gré de la société. Ainsi, selon le dernier rapport du Haut conseil à l'égalité sur l'état des lieux du sexisme en France, près de 40 % des jeunes hommes entre 25 et 34 ans estiment que le féminisme menace la place et le rôle des hommes. Une position partagée par 20 % de jeunes femmes dans la même tranche d'âge. C’est sans doute pourquoi des tendances comme le masculinisme ou l’empouvoirement entrent dans le dictionnaire. Le premier, tout droit débarqué des États-Unis, se définit par le Petit Larousse comme une « idéologie […] principalement en ligne qui, en réaction aux mouvements féministes […], véhicule des thèses sexistes, complotistes et réactionnaires […] ». En parallèle, l’empouvoirement, traduction française du terme anglo-saxon empowerment, a été popularisé par les courants de pensée féministes. Il désigne alors le « processus sociopolitique qui associe une dynamique individuelle d’estime de soi et de développement de ses compétences avec un engagement collectif et une action sociale progressiste ». Mais il renvoie également au « fait de donner davantage de pouvoir à des individus ou à des groupes pour leur permettre d'agir sur leur environnement social, économique, politique ou écologique ». Soit une approche sensiblement différente qui élargit la signification de ce mot.
L’environnement au cœur des préoccupations
Si une partie d'entre elle s'empare des questions d'égalité et de diversité, la jeune génération, pétrie d’éco-anxiété, appelle à agir pour la préservation de l'environnement menacé par le réchauffement climatique. Forts de ce constat, les auteurs du Petit Larousse introduisent la fast-fashion (mode jetable et éphémère), l'industrie du vêtement générant près de 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et la mégabassine, un réservoir d’eau à ciel ouvert, de grande taille (plusieurs hectares), décrié par certains écologistes. Sans compter les PFAS (per- and polyfluoroalkyl substances en anglais), une famille de composés chimiques synthétiques nommés aussi polluants éternels en raison de leur persistance dans l’environnement sur des centaines, voire des milliers d’années. Utilisés dans la fabrication d’objets et de produits du quotidien, ils sont suspectés d’être cancérogènes. Il apparait incontestable que les actions publiques et gouvernementales demeurent nécessaires pour limiter tout type de pollution, mais des actions menées à l’échelle individuelle y contribuent également, appelées écogestes. Soit des habitudes simples que chacun peut adopter dans la vie de tous les jours afin de protéger l’environnement, explique le Petit Larousse. Par exemple : apporter ses propres contenants pour récupérer son repas à emporter ou réduire son empreinte numérique. Important quand on sait qu'un simple email génère 35 g de CO2.
Pratiques numériques en question
Et si la détox digitale devenait la solution ? Ce terme se fraye une place dans le dico, alors que le temps passé devant les écrans inquiète autorités et experts. Son principe ? S'astreindre à se déconnecter d’internet durant une période plus ou moins longue. Et les ateliers spécialisés de se développer pour aider les plus addicts à décrocher, quand un récent rapport préconise carrément d’interdire les smartphones aux moins de 11 ans, voire de limiter l’accès aux réseaux sociaux pendant l’adolescence. Paradoxe d'une société qui poursuit une dématérialisation tous azimuts : ordi et tablettes peuplent écoles, entreprises et foyers. Difficile alors d’échapper aux écrans ni au fléau du cyberharcèlement, sujet que nous traitons régulièrement dans nos colonnes. Ni aux cyberattaques, qui viennent, elles aussi, d’intégrer le dico au moment où elles font souvent parler d'elles avec le vol de millions de données personnelles de Français. Un numérique zéro risque pour les utilisateurs existera-t-il un jour ? On en doute, même si un tas de start-up s'emploient à développer toujours plus d'applications numériques. À ce titre, la Femtech, nouveau mot-valise contractant female et technologie, définit l’ensemble des « technologies, produits et services innovants dédiés à la santé des femmes (endométriose, cycle hormonal, etc.) ».
Cette nouvelle édition consacre notamment les français Antoine Dupont, rugbyman, Antoine Griezmann, footballeur, Omar Sy, acteur. Côté international, on trouve la chanteuse Beyoncé, l'actrice Cate Blanchett, le réalisateur Christopher Nolan ou encore le basketteur star LeBron James.
Des mots « plus légers »
Un petit test pour terminer sur une note plus légère : que désigne un planchodrome ? C'est la traduction française de skate park proposée par le Petit Larousse. Pas sûr qu’il fasse l’unanimité, à l’image du trottinettiste, le conducteur juché sur une… trottinette. Sur le plan culinaire, on notera l’apparition de plusieurs spécialités comme le kimchi, préparation de légumes fermentés d’origine coréenne, le kombusha, boisson à base de thé fermenté ou le boki, un petit pain rond garni des Antilles. Tous ces nouveaux mots perdureront-ils dans le temps ? « Seul l'usage général restera le maître, affirme Jean Pruvost qui rappelle dans les colonnes du Figaro que « le mot " enseignant " en tant que substantif avait été considéré par bien des puristes comme inutile et laid, tout comme " paratonnerre " et " vacancier ", ce qui aujourd'hui peut nous laisser pantois. » On ne le contredira pas.
Odile Gnanaprégassame © CIDJ
Actu mise à jour le 10-05-2024
/ créée le 10-05-2024
Crédit photo : Pixabay