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Violences sexistes et sexuelles à l’université : 1 étudiant sur 2 ne se sent pas en sécurité
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Le nouveau baromètre de l'Observatoire étudiant des violences sexistes et sexuelles dans l'enseignement supérieur, publié mardi 11 avril, dresse un constat alarmant sur la présence de violences dans le milieu scolaire. Un quart des personnes interrogées (27%) déclarent avoir été victimes d'au moins un fait de violence sexiste, sexuelle ou LGBTQIA+.
Trois ans après la publication de sa première enquête nationale “Paroles étudiantes sur les violences sexistes et sexuelles”, l’Observatoire étudiant des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur établit un nouvel état des lieux. L'association, créée en 2019, met rapidement les points sur les "i" : les choses ne se sont pas améliorées depuis. Pour établir ce constat, le Baromètre 2023 s'est appuyé sur la parole de 10 000 étudiants et étudiantes. La grande majorité des personnes ayant répondu sont des femmes (71%), âgées de 18 à 24 ans.
Des violences qui perdurent
À travers le Baromètre, les élèves ont pu répondre à des questions touchant aux douze types de violences listées, allant de l’outrage sexiste au viol en passant par l’injure envers la population LGBTQIA+. Publiés début avril 2023, les chiffres montrent qu’un quart des personnes interrogées (27%) déclarent avoir été victimes d'au moins un fait de violence sexiste, sexuelle ou LGBTQIA+. Et ils ne sont pas moins de 6 sur 10 à affirmer avoir été victimes ou témoins d'au moins une des douze violences listées dans le questionnaire.
En plus du grand nombre de personnes touchées, l’association étudiante pointe la constance de ces actes : 1 victime de viol sur 4 en a été victime plusieurs fois.
Un sentiment d’insécurité à l’université
Ils seraient plus d’un élève sur deux à ne pas se sentir en sécurité au sein de leur établissement scolaire. Un sentiment qui est surtout partagé par les femmes et les personnes transgenres. L’enquête démontre aussi la forte présence de violences dans les formations ayant une “forte vie en communauté”, à l'image des écoles de commerce, où 1 étudiant sur 10 dit avoir été victime d’agression sexuelle.
De même, si les chiffres montrent que les agressions et les viols se perpétuent à n’importe quel moment de la vie quotidienne des jeunes, l’Observatoire souligne la prépondérance de ces actes lors de périodes festives : “La moitié des viols rapportés ont eu lieu lors de la première année d’études des répondants, dont 16% durant les événements d’intégration”.
Des répercussions psychologiques
Ces actes ne sont pas sans conséquence sur la santé physique et mentale des victimes, ainsi que sur leurs études. Iris Maréchal, présidente de l’Observatoire, insiste sur ce point : “Dans l’ensemble, les établissements échouent à accueillir la parole des victimes et à les accompagner correctement”. En 2018, l’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation Frédérique Vidal avait pourtant annoncé la “mise en place d’une cellule d’accueil et d’écoute dans chaque université” (une mesure qui n'incluait pas les établissements privés).
Ces violences peuvent générer chez les victimes du stress post-traumatique, ainsi que des périodes de dépression. Le rapport souligne que “près d’un tiers des victimes de viol a eu peur d’aller en cours ou de participer à la vie étudiante et a eu des difficultés à s’impliquer dans leurs études”. Dans certains cas, les personnes persécutées ont dû changer d’établissement, voire suspendre leurs études.
Perrine Basset © CIDJ
Actu mise à jour le 17/04/2023
/ créée le 17-04-2023
Crédit photo : Giacomo Ferroni - Unsplash