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Actualité 160 000 victimes d’inceste chaque année : un constat accablant

Alicia Trotin Alicia Trotin
Publié le 03-10-2023

En bref

  • La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants lançait un appel à témoignages en 2021. De cette série d’entretiens, la Ciivise en tire un rapport accablant sur les violences sexuelles subies par les mineurs, révélant son ampleur comme le manque d’accompagnement des victimes.
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160 000 victimes d'inceste chaque année : un constat accablant Crédit : Yurii Karvatskyi - iStock

La Ciivise : une commission pour pointer un tabou

Culpabilisation de l’enfant, affaires classées sans suite, secrets de familles : les données rapportées par la Ciivise mettent en évidence l’insécurité dans laquelle vivent de nombreuses victimes d’inceste. Près de 160 000 enfants seraient ainsi en proie à des violences sexuelles chaque année. 
 
En 2020, l’IFOP publiait déjà les résultats d’un sondage tout aussi alarmants : 3 Français sur 10 connaîtraient une personne victime d’inceste et 1 sur 10 serait directement concerné. Dans 80 % des cas, les agressions se font dans le cadre familial ; et il faut souvent attendre l’âge adulte pour que la parole se libère (58 %).
C’est en mars 2021, à la suite de la vague de témoignages publiés sous le hashtag #MeTooInceste, que la commission voit le jour, l’occasion de lancer un appel à témoignages. Outre la mesure du phénomène, l’objectif de la Ciivise demeure d’entendre et d’écouter les victimes dans le dessein d’assurer un meilleur accompagnement. 
 
« Accompagner un changement de société, pour permettre à la France de s’engager de manière déterminée pour une protection des mineurs, par l’instauration d’une culture de la prévention et de la protection. » 
Missions de la Ciivise
Et très vite, un constat s’impose : seuls 13 % des victimes parviennent à se confier au moment des faits. Or, c’est précisément à ce moment clé que l’écoute comme le comportement des proches s’avèrent primordiaux. Et la commission de relever que fréquemment, l’histoire est tue, car l’enfant n’est pas cru, ou pire, se retrouve culpabilisé, comme l'illustre le site de la Ciivise : « Tu te rends compte ? Tu vas envoyer ton frère en prison », « C’est ta faute, tu es un enfant à un problème ». 
 
Ainsi, 3 confidents sur 10 reconnaissent ne pas avoir cru l’enfant quand la moitié des interrogés reste inactive en cas de révélation. Plus globalement, 92 % des victimes n’ont pas reçu d’accompagnement ou de soutien social dit positif. 
Et lorsque l’enfant est cru, souligne la Ciivise, il n’est pas protégé et ne bénéficie pas de soins (75 % des cas). Si la formation des familles demeure primordiale, il en va de même pour les professionnels de santé. Pourtant, seules 4 victimes sur 10 ayant reçu une aide du corps médical estiment que cela leur a apporté une aide. Et double peine, même quand la parole se libère, la justice reste inactive dans de nombreuses affaires. Si 1 personne sur 5 ose porter plainte, seuls 13 % des dépositions se concluent par une condamnation. 
 
« Après deux années de recueil des témoignages, la CIIVISE a voulu montrer l’importance cruciale du soutien social qui doit être donné aux victimes de violences sexuelles dans leur enfance. De la qualité de ce soutien social dépendent la santé et la sécurité des enfants au moment de leur enfance bien sûr, mais aussi tout au long de leur vie. »
 
Aussi, en dehors du numéro de la Ciivise (0 805 802 804), un adulte ne doit pas hésiter à appeler le 17 pour obtenir de l’aide en cas de doutes sur de possibles agissements, ou de confidences d’un enfant. L’état rappelle que ce n’est pas au confident de mener l’enquête, d’où l’importance de s’en ouvrir aux services compétents. Quant aux victimes, le numéro du Service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger (119) assure une écoute attentive à toute personne âgée de moins de 21 ans. À consulter aussi, le site Parcours Victimes détaille les démarches et les accompagnements possibles selon les situations.
 
Après deux ans d'accompagnement, la mission de la Ciivise est censée s'achever d'ici à la fin de l'année. Pour le juge et coprésident Edouard Durand, mettre un terme à cette commission laisserait de nombreuses victimes à l'abandon. La lutte doit continuer. 
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