visuel sante des armees 12/2024

Témoignage Voyager au Japon avec Charlotte : « S'apercevoir que la beauté est partout sous nos yeux »

Amaury Mestre de Laroque Amaury Mestre de Laroque
Publié le 27-02-2023

En bref

  • PARTIR POUR SE DÉCOUVRIR, c'est le podcast qui retrace le parcours de jeunes de 18 à 30 ans, partis à l'étranger. Du Canada à l’Espagne, en passant par la Suède, PPSD vous amène aux 4 coins du monde à la découverte de ces jeunes bien décidés à prendre leur destin en main. Ce mois-ci, pour le sixième épisode, rencontre avec Charlotte, future danseuse professionnelle. 
PARTIR_POUR_SE_DECOUVRIR_lepodcast_3.png
Voyager aux 4 coins du monde avec Charlotte : « sans aller très loin, on peut vivre des choses fortes » Crédit : CIDJ

Passionnée par la danse depuis son plus jeune âge, Charlotte Cétaire grandit avec un rêve en tête : devenir, un jour, danseuse professionnelle ! Après son bac, elle décide donc de quitter Paris pour réaliser son projet et étudier la danse contemporaine… sans savoir que cette passion l’amènera aux quatre coins du monde. 

Ecoutez son histoire

Charlotte Cétaire : À partir de mes 18 ans, je suis partie dans le sud de la France pour étudier la danse contemporaine, pour devenir danseuse interprète. Je suis partie deux ans à Istres, à côté de Marseille, dans une formation professionnalisante. Mais […] j'avais en tête une autre école de danse contemporaine de renoms […] et le rêve d'entrer dans cette école dont les auditions sont tous les trois ans. J'ai passé une première fois l'audition que j'ai ratée à la fin de mon bac et à la fin de mes deux ans de formation dans le Sud, j'avais encore un an pour me préparer à cette audition. J'ai décidé de partir en voyage à divers endroits […] ça m'a permis de mûrir pour pouvoir atteindre l'école à laquelle j'aspirais. 

CIDJ-Eurodesk : Pour atteindre son objectif, Charlotte est donc prête à attendre plusieurs mois. Et pour utiliser ce temps de la meilleure façon qu'il soit, elle décide de partir d'abord au Canada, après en Israël puis ensuite au Japon. 

Charlotte Cétaire : À la base, c'était pour mon avenir professionnel, mais en réalité, j'ai appris énormément de choses qui vont au-delà de la danse ou de l'art. Quelqu'un qui m'a en tout cas marqué sur la manière d'appréhender le corps, le corps en mouvement et la danse, c’est le professeur de buto que j'ai rencontré au Japon, Yoshito Ohno. […] Il avait 80 ans à l'époque, au moment où j'ai pris les cours avec lui dans son tout petit studio à Yokohama. C'était frappant de voir son corps aussi marqué par la vieillesse, mais dont chaque mouvement était plein d'une lenteur et d'une grâce, d'une précision ahurissante. […] À la fin, on a pris un thé ensemble avec des biscuits. […] C’était impressionnant de le voir prendre sa tasse de thé et l'amener à sa bouche […] Ça prenait peut-être cinq minutes par mouvement. C'était d'une extrême lenteur. […] C’est quelqu'un dont je me souviendrai toute ma vie parce que c'est une des premières fois que j'ai attrapé un bout d'histoire de mon art. Je suis très heureuse d'être allée jusqu'au Japon pour saisir cette petite part d'histoire. 

CIDJ-Eurodesk : Durant son séjour au Japon, Charlotte passe par toutes les émotions et réalise à quel point elle a la chance de vivre cette expérience unique. 

Charlotte Cétaire : Dans ce pays-là, où ça me plaisait d'être seule, j'ai vraiment eu une sorte de climax de bien-être. […] C'était dans une île à côté de Hiroshima, une île uniquement dédiée à des temples. Les temples japonais, ce sont des odeurs, des lumières, de la nature, mais aussi des sons. […] C’est difficile de raconter avec des mots ce qui s'est passé là-bas. Il s'est passé quelque chose d'important pour moi, mais c'est difficile de le décrire. 

CIDJ-Eurodesk : Si Charlotte peine parfois à décrire son ressenti, c'est aussi parce qu'elle prend conscience, au même moment, que les petits bonheurs de la vie se trouvent parfois juste ici, tout près de chez soi. 

Charlotte Cétaire : J'étais face au mont Fuji et je voyais un monsieur en train de faire son jardin, à côté de sa maison assez modeste. Je me disais « cette personne-là est en train de travailler au quotidien dans son jardin en face du mont Fuji » […] Et ça a été un peu étrange de me dire « je suis là » et en fait, il y a aussi certainement des choses incroyables qui sont dans mon quotidien, que je n'avais pas réalisées, dont je n'avais pas vu la beauté avant. C'était nécessaire de partir en voyage pour le voir. Je me demande si ça ne m'a pas fait réaliser qu’autour de moi, il y avait peut-être des choses assez belles et nécessaires pour mon quotidien. 

CIDJ-Eurodesk : Son année de voyage, Charlotte la vit avec beaucoup d'humilité, de sincérité, car pour elle il est important que ce type d'expérience ne devienne pas une simple banalité. 

Charlotte Cétaire : Je me demande dans quelle mesure parfois le voyage n'est pas devenu une sorte de mode […] dans quelle mesure ce n'est pas devenu une course au voyage, et une course à vivre des choses fortes alors qu'en fait on ne les savoure peut-être plus. […] C’était fou les choses que j'ai apprises, mais je me demande dans quelle mesure je n'aurais pas pu vivre des choses aussi fortes, pas si loin de chez moi. 

CIDJ-Eurodesk : Après son année à l'étranger, Charlotte rejoint Bruxelles pour intégrer son école. Si elle en a toujours rêvé, elle sait aujourd'hui que cette décision marquera un tournant dans sa vie. 

Charlotte Cétaire : C'est peut-être très caractéristique à la danse, ou à l'art en de manière générale, mais vraiment ce que je note […] c’est qu'en fait, on ouvre des portes professionnelles là où on fait notre école. 

CIDJ-Eurodesk : Aujourd'hui, la Belgique est comme une deuxième maison pour Charlotte. Et même si elle reste encore très proche de la France, son avenir se construit désormais ici. 

Charlotte Cétaire : J'ai eu la chance que ça me plaise c'est-à-dire que le monde professionnel que j'ai trouvé en Belgique est un monde que j'aime, où les recherches artistiques y sont en pleine effervescence et plein de choses s'y créent, plein d'opportunités sont présentes. […] Grâce à l'école, j'ai rencontré différents chorégraphes avec lesquels je vais travailler. J'ai déjà des contrats pour les années prochaines […] Je veux vraiment rester à Bruxelles […] pour le plaisir de retrouver cette ville dans laquelle je ne suis ni étudiante ni vraiment travailleuse pour les semaines où je n'ai pas de travail. 

CIDJ-Eurodesk : Pour Charlotte, que ce soit pour voyager ou pour étudier, toute expérience reste bonne à prendre. 

Charlotte Cétaire : Moi je conseillerais vraiment quoi qu'il arrive d’essayer, et ce n'est pas grave si ce n'est pas une belle expérience. […] En réalité, ce n'est pas grave de se mettre moins de pression. […] Ce n'est pas grave si ce n'est pas si bien que ça, parce que ça nous fera quand même, malgré tout, voir notre quotidien différemment.

CIDJ-Eurodesk : Que ce soit dans le cadre de programmes d'échange pour effectuer un stage à l'international, pour s'engager dans du volontariat ou bien encore pour accomplir un projet personnel, le CIDJ et le réseau Info Jeune-Eurodesk vous accompagnent pour concrétiser votre projet. Alors si vous aussi, vous avez envie de partir à l'étranger, rendez-vous directement sur le site du CIDJ pour retrouver les coordonnées des référents Eurodesk près de chez vous.

Nous rencontrer Nous rencontrer

Le réseau Info jeunes est accessible à tous les publics (collégiens, lycéens, étudiants, salariés, demandeurs d'emploi...) mais aussi à leurs parents, à leurs enseignants et à tous les travailleurs sociaux. L'accès est libre et gratuit.