Une recherche avisée Arnaques au logement : 5 conseils pour les éviter
En bref
- En matière de recherche de logement, quelques règles simples permettent d’éviter les arnaques.
- En premier lieu : se renseigner sur les loyers en vigueur pour ne pas se précipiter sur des pseudo bons plans !
- Autre impératif : ne jamais verser d’argent avant la signature du bail.
Gare aux annonces trop alléchantes
« J’ai perdu du temps et de l’argent ». Jason* a subi deux tentatives d’arnaques au logement, coup sur coup. Pris en alternance dans une entreprise à Paris, le jeune bordelais cherche désespérément un logement pour la rentrée. Et il n’est pas le seul. Les étudiants, souvent pressés pour trouver une location, demeurent une cible privilégiée des arnaques. Si une situation doit attirer l'attention, c'est bien ce tiercé alléchant : une offre parfaite, un appartement de rêve et un loyer en-dessous du prix du marché. Un studio de 25 m² refait à neuf avec terrasse à 550 € par mois charges comprises en plein centre de Paris ? Il y a de fortes chances pour que cette annonce relève d’une arnaque. « Il reste difficile de définir des critères pour distinguer une annonce sérieuse d’une annonce peu fiable », concède Romain Bonny, juriste à l’Agence nationale pour l'information sur le logement (Anil). « Il faut bien vérifier la présence des mentions obligatoires dans une annonce comme le montant des charges et du loyer, la surface… ». Des manquements ou des formulations floues doit vous alerter. N’hésitez pas à consulter plusieurs sites de location pour vous donner une idée du prix du marché dans la ville concernée. Sachez en outre qu’un outil en ligne indique les loyers moyens pratiqués en France. Il s’agit d’une carte interactive pour comparer les prix au mètre carré selon le type de logement dans les communes du territoire. Idéal pour savoir si vous payez trop cher ou pour vous décider sur votre futur lieu d'habitation. Un autre indicateur peut vous aider à vous y retrouver : l’encadrement des loyers. Actuellement 24 communes ou agglomérations participent à ce dispositif expérimental.
Focus
Ne faites pas l’impasse sur la visite
Il peut être tentant de louer sans visiter, surtout si vous habitez loin de votre futur logement et qu’une visite implique des frais de transport conséquents. Pour autant, avant d’accepter, ne faites pas l'impasse sur la visite car « les photos ne suffisent pas ! », alerte Romain Bonny de l’Anil. « On ne peut que recommander d’aller sur place pour se rendre compte de l’environnement et de l’état réel du logement ». Mais attention, visiter ne signifie pas accepter. Méfiez-vous des propriétaires qui insistent pour conditionner la visite à la signature des papiers de location le même jour. Ils prétendent systématiquement avoir des difficultés pour se déplacer car ils se trouvent loin du logement à louer. C'est un signe fort d’une probable arnaque.
Ne jamais verser d’argent avant de signer
Sur Leboncoin, Jason déniche une annonce de sous-location. « Le locataire m’a assuré avoir obtenu l’accord de son propriétaire ». Le jeune homme obtient un rendez-vous pour une visite et règle en liquide une partie du 1er mois de loyer contre remise des clés. Aucun document officiel de sous-location n’est alors signé. Mais « il m’a rapidement recontacté pour me signifier qu’il ne pouvait plus tenir ses engagements et que je devais lui rendre les clés ». Le locataire ne lui remet alors qu’une partie de l’argent versé. « Je ne me suis pas laissé faire. Je ne lui ai évidemment pas rendu les clés ». Et ce n’est que quelques jours plus tard que Jason récupérera l'intégralité de ses sous. Pour faire simple, dites-vous qu'il ne faut jamais verser une somme d’argent, peu importe le montant, avant de signer un contrat de bail : que ce soit pour réserver un logement ou pour accéder à une visite. On ne peut pas non plus vous demander de payer la caution ou un ou plusieurs mois de loyer avant la signature du bail. En 2015, Alicia* a évité une arnaque de justesse grâce à la vigilance de son postier. « Le propriétaire me demandait de payer la caution en mandat cash, près de 1 500 €. J’étais dans l’urgence et je ne connaissais pas cette modalité. Une fois au bureau de poste, l’agent s'est montré réticent et m'a posé beaucoup de questions sur l’identité du bénéficiaire. En effectuant des recherches j’ai découvert des centaines de témoignages d’arnaques. » Assez pour mettre un terme à ce plan. Aujourd’hui, les bureaux de poste ne pratiquent plus ces transferts d’argent qui sont actuellement rarement sollicités pour une location. Pour autant, si on vous propose un mode de paiement peu habituel, par exemple en liquide, via Western Union, un ticket TransCash, Nésosurf ou PCS (carte de paiement prépayée) : fuyez !
Pour une location, ne pas fournir plus de documents que nécessaire
Pour louer un bien, vous devrez constituer un dossier de location. Sachez qu’il existe une liste des documents exigibles par un propriétaire. Toute demande supplémentaire s'avère illégale et « sanctionnée par des amendes administratives », précise Louis du Merle, directeur juridique à l’Anil. Pour vous aider à constituer votre dossier, vous pouvez vous rendre sur le site Dossier facile. « Pilotée par l’État, cette plateforme permet d’envoyer et de faire vérifier les pièces demandées pour votre dossier de candidature locative. Elle délivre un visa pour faciliter l’entrée en relation avec les bailleurs », indique Louis du Merle. De manière générale, sachez qu'un bailleur peut exiger une pièce justificative dans seulement quatre situations : « Un document pour justifier de votre identité, un autre pour attester de votre domicile, une pièce qui justifie de vos activités professionnelles ou de votre statut d’étudiant et enfin une dernière pour préciser vos ressources », rappelle Romain Bonny. Exit extrait de compte bancaire, copie du dossier médical ou encore extrait de casier judiciaire. Restez vigilant pour ne pas divulguer des données personnelles sensibles qui, placées entre de mauvaises mains, peuvent vous nuire. Pour ne retenir qu'une arnaque fâcheuse, l'usurpation d'identité peut avoir des conséquences désastreuses. Le conseil en plus : privilégiez la remise en main propre de votre dossier et évitez, autant que possible, les envois par mail.
Arnaques au logement : pressé ou pas, prenez votre temps
La plupart du temps, les escrocs joueront sur votre besoin urgent de vous loger pour vous contraindre à baisser la garde. « Le jour de notre rendez-vous, le locataire qui voulait me sous-louer son appartement semblait pressé, en me précisant d'emblée que je n’étais pas le seul à être intéressé. Je me suis trouvé dans une posture où je devais absolument saisir l’opportunité, au risque qu’elle me passe sous le nez. Vu ma situation, j’ai mordu à l’hameçon », regrette Jason. C'est ainsi qu'il a versé une somme rondelette en guise d'avance sur le premier mois de loyer. Aussi la précipitation n'est jamais bonne conseillère. Pour éviter les arnaques au logement, prenez bien le temps d’analyser l’annonce avant de prendre contact avec le propriétaire pour faire une visite, rédiger l’état des lieux et signer un contrat de bail.
Focus
Vérifiez l’origine des photos d’une annonce
Souvent les annonces frauduleuses affichent de très belles photos capables d'attirer l’œil des locataires qui pensent avoir trouvé la perle rare. Ces photos sont en réalité très souvent volées sur internet et ne représentent évidemment pas le bien en question, si tant est qu’il y en ait un. Il est possible de repérer l’origine d’une image en utilisant l’onglet « images » sur Google. Pour cela vous pouvez soit inscrite l’adresse URL de l’annonce, soit effectuer une recherche par image (l’icône de l’appareil photo) en important la photo directement dans le moteur de recherche. Cela vous permet de voir l’ensemble des utilisations faites d'une même photo.
Se faire accompagner pour sa recherche de logement
Louer un appartement n’est pas chose facile, surtout quand c’est la première fois que l’on s’y colle. Autant que possible, faites-vous accompagner dans vos démarches pour éviter les arnaques. Vous pouvez être aidé et conseillé par un membre de votre famille ou par un ami. Mais vous pouvez aussi vous rapprocher du réseau des Adil (agences départementales d’information sur le logement). Il existe près de 1 500 permanences, partout en France. Au sein des Adil, vous trouvez « des juristes indépendants et autonomes, qui peuvent vous conseiller gratuitement », explique Louis du Merle. Vous pouvez solliciter une Adil en amont de votre recherche, pendant ou après. « Les Adil peuvent aussi vous conseiller sur les aides, les subventions auxquelles vous pourriez prétendre et les types de location qui pourraient vous convenir », précise Romain Bonny. Pour prendre rendez-vous avec un juriste, nous vous conseillons de contacter par téléphone l’Adil de la ville où vous souhaitez louer. Vous pouvez aussi vous rapprocher des Centres régionaux d'information jeunesse (Crij) qui proposent un accueil gratuit et anonyme. Certains disposent d'un service logement. Pour trouver le centre le plus proche de chez vous, rendez-vous ici.