Conseils Violences conjugales : quelques pistes pour aider les victimes à s’en sortir
En bref
- Une femme meurt tous les 3 jours des suites de violences au sein du couple. Si dans votre entourage vous pensez connaître quelqu’un qui pourrait être victime de violences, vous devez agir. Voici quelques pistes pour aider les victimes.
Les violences conjugales touchent près de 220 000 femmes en France. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces violences ne concernent pas uniquement les couples de longue durée ou mariés. Les jeunes femmes et les jeunes couples, dès l’adolescence, sont également fortement touchés.
En Ile-de-France, 20% des violences conjugales concernent les femmes âgées de 20 à 24 ans. Bien qu’elles soient touchées par ces actes, elles ne sont que 11% à solliciter une aide. Alors pourquoi les jeunes victimes n’osent pas demander de l’aide ? Et comment faire pour les accompagner ? Voici quelques pistes.
Violences conjugales : ne laisser passer aucun doute
Les violences prennent plusieurs formes. Il peut s’agir de violences physiques mais aussi psychologiques (menaces, insultes…). Les premières sont souvent apparentes mais les secondes ne laissent pas de traces visibles et sont plus difficiles à déceler.
Si dans votre entourage vous pensez qu’une personne pourrait être victime de violences conjugales, n’hésitez pas et posez-lui des questions. D’après Irène Cottin, psychologue pour l’association Elle’s imaginen’t, « si vous avez le moindre doute, vous ne devez pas hésiter à demander. On est souvent confronté à un dilemme : "est-ce que mes doutes sont fondés ?", "est-ce suffisamment grave pour que je lui en parle ?". Dès que vous avez un doute, vous pouvez tenter des petites remarques, toujours dans la bienveillance ».
Les situations qui peuvent alarmer sont diverses. Pour Irène Cottin, « il faut être attentif aux changements de comportements. Quelqu’un qui se renferme sur elle-même, qui se met à boire beaucoup d’alcool en soirée voire en dehors, quelqu’un qui semble constamment fatiguée ou stressée… ce sont peut-être les signes d’un mal être lié à des violences dans le couple ».
Inciter la personne victime de violences conjugales à se confier
En posant directement la question vous montrez à la personne que vous tenez à elle. Vous manifestez une inquiétude à son sujet qui va peut-être l’inciter à se confier. Si c’est le cas, essayez de maintenir le lien avec elle. « Ce qu’il faut, c’est de ne jamais culpabiliser la victime et, au contraire, replacer la responsabilité sur la personne qui agresse et ce, quelles que soient les circonstances de l’agression » explique Irène Cottin. « Souvent les femmes se sentent coupables de ce qui leur arrive et il faut déconstruire ce sentiment ».
Vous serez probablement la première personne à qui la victime se confie. Votre réaction est donc très importante et peut même être déterminante pour la suite. Pour Irène Cottin, « il est essentiel de ne pas avoir de jugement sur ce que la personne va vous raconter et lui montrer que vous pouvez tout entendre et que vous êtes là pour l’écouter ». Les victimes ont besoin de se sentir soutenues et surtout crues. « Dire à quelqu’un "je te crois" c’est déjà beaucoup. Cela permet à la victime de se sentir en confiance avec vous ».
A l’inverse, si la victime se sent jugée ou perçoit que vous remettez en doute sa parole, elle risque de se renfermer sur elle-même et de ne plus vouloir se confier ni à vous, ni à personne d’autre.
Pour aider les victimes : passer le relais
Une fois que la victime s’est confiée, dites-vous que votre rôle doit rester celui d’un proche (ami, membre de la famille, voisin…) et que vous ne pourrez pas prendre complètement en charge la situation. Vous allez devoir passer le relai et inciter la victime à en parler à des adultes compétents.
« La difficulté c’est que bien souvent, les jeunes femmes acceptent de se confier à condition que leur confident n’en parle à personne. Dans ce cas, surtout, n’acceptez pas de garder le silence pour ensuite aller raconter la situation à quelqu’un, la victime le vivrait comme une trahison. Vous pouvez en revanche tenter d’inverser la tendance en montrant à quel point il sera salvateur de parler et qu’en gardant le secret, elle ne fait que cautionner les agissements de son agresseur » conseille Iman Karzabi, chargée de mission à l’observatoire régional des violences faites aux femmes.
Vous pouvez conseiller à la victime de se tourner vers des dispositifs d’aide. Le 3919 est un numéro d’écoute national destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. L’appel est anonyme et gratuit, 7 jours sur 7, de 9h à 22h du lundi au vendredi et de 9h à 18h les samedi, dimanche et jours fériés. Le collectif féministe contre le viol propose une assistance téléphonique pour les femmes victimes de violences sexuelles. L’appel au 0800 05 95 95 est gratuit et anonyme du lundi au vendredi de 10h à 19h. L’association « En avant toutes » propose un tchat sur son site pour aider et accompagner des jeunes femmes qui vivent des violences au sein de leur couple.
Vous pouvez également tenter de convaincre la victime de porter plainte. La plainte est un début de preuve et donne un point de départ aux faits de violence. Ce n’est pas un acte facile à faire pour les victimes qui ont peur d’être jugées, pas entendues et redoutent la confrontation avec leur agresseur. Pourtant il est important de rappeler que les autorités n’ont pas le droit de refuser de prendre une plainte, quelle que soit l’heure, le jour et l’établissement. Le mieux est de se rendre dans le commissariat le plus proche du domicile de la victime mais ce n’est pas une obligation. Si elle ne souhaite pas porter plainte, elle peut commencer par déposer une main courante. Cela permet d’établir les faits et de les dater. Cela facilitera les démarches si un dépôt de plainte est fait par la suite. Sachez également que les victimes de violences ont le droit d’être suivi par l’UMJ (l’unité médico-judiciaire) qui se compose de médecins, infirmiers, psychologues ou psychiatres. Ils peuvent vous recevoir pour des violences physiques mais aussi psychologiques. Pour cela, il faut que la demande émane des services de police.