Actualité Les protections menstruelles réutilisables remboursées pour les moins de 25 ans à partir de 2024
En bref
- Avec cette mesure, les protections menstruelles durables, notamment les culottes menstruelles dont le coût reste élevé, devraient devenir plus accessibles pour les jeunes femmes.
La Première ministre, Élisabeth Borne, a annoncé lundi 6 mars, au cours de l’émission C à vous sur France 5, le remboursement des protections menstruelles réutilisables pour les moins de 25 ans à partir de 2024. Cette annonce intervenait peu avant la journée internationale des droits des femmes du 8 mars. En parallèle, l’association Règles élémentaires révélait dans une enquête que le nombre de femmes subissant la précarité menstruelle a quasiment doublé en un an. La mise à disposition gratuite de protections opérée depuis quelques années apparaît insuffisante.
Des protections menstruelles lavables remboursées
La mesure annoncée par Élisabeth Borne laisse entendre qu’une femme devrait pouvoir choisir la protection qui lui convient (jetable, lavable, externe, interne). « Je trouve que c'est impensable que les femmes ne puissent pas avoir les protections dont elles ont besoin et qu’elles souhaitent », a-t-elle déclaré.
Ainsi, à partir de 2024, les jeunes femmes de moins de 25 ans pourront se faire rembourser par la Sécurité sociale l’achat de protections réutilisables. Il pourrait s’agir de culottes menstruelles, de serviettes hygiéniques lavables ou encore de coupes menstruelles. Elles devront pour cela se rendre en pharmacie « sans ordonnance ».
Quant à savoir quelles marques ou quelles quantités seront accessibles, les modalités restent encore à préciser. Rappelons aussi que les culottes menstruelles représentent un certain confort que des femmes ne ressentent pas avec des serviettes hygiéniques par ailleurs. D’après France Info, « le coût de cette mesure est à ce stade évalué entre 30 et 50 millions d'euros par an […]. Des échanges vont être lancés prochainement avec les fabricants de ces produits ».
Il s’agit de lutter contre la précarité menstruelle qui touche de nombreuses Françaises. En particulier les jeunes, comme le rappelle l’association Règles élémentaires.
Près de 50 % des 18-24 ans en situation de précarité menstruelle
Il faut savoir que les femmes vivent leurs premières règles entre 11 et 14 ans et que leurs cycles durent en moyenne 5 jours, pendant environ 40 ans. Cela représente près de 11 500 protections menstruelles ! Et un coût non négligeable parfois inabordable selon les budgets. En 2021, Frédérique Vidal, alors ministre en charge de l’enseignement supérieur, annonçait la mise en place, dès la rentrée 2022, de 1 500 distributeurs de protections périodiques « respectueuses de l’environnement » et gratuites, dans les services universitaires de santé ainsi que dans les résidences universitaires du Crous. Une manière de répondre à la précarité des jeunes qui s’est amplifiée avec la crise sanitaire. Et d’agir face à une précarité vectrice d’inégalités pour les femmes et les étudiantes en particulier.
Avant cette mesure, des initiatives émergeaient déjà sur le terrain. Nous avions interviewé certaines associations qui évoquaient la question des protections lavables, conçues avec des matériaux non nocifs pour la santé et durables sur le plan environnemental.
Loin d’être éradiquée, la précarité menstruelle a doublé depuis 2021, touchant près de 4 millions de femmes en France. Parmi elles, les 18-24 ans restent particulièrement impactées. L’enquête, initiée par Règles élémentaires qui lutte contre la précarité menstruelle et le tabou des règles, dévoile que 30 % d’entre elles ont renoncé à acheter des protections périodiques au moins une fois l’année dernière. 14 % se retrouvent même fréquemment dans l’impossibilité financière de s'en procurer. Soit 330 000 jeunes femmes. Pour accéder à des protections, beaucoup renoncent à un autre bien de première nécessité. L’inflation actuelle ne devrait pas arranger la situation, alerte l’association.
Dans une publication sur son site, datée du 7 mars dernier, le gouvernement promet d’aider les collectivités et les établissements « à installer des distributeurs de protections périodiques, et doublera les crédits aux associations d'ici 2027 pour qu'elles puissent acheter et distribuer 30 à 40 % de protections périodiques réutilisables pour les femmes en précarité. » À voir si ces opérations suffiront à endiguer cette problématique.