Violences à l'école Harcèlement scolaire : les écoles primaires, les collèges et les lycées sont touchés
En bref
- Près d’un élève par classe est harcelé, selon une récente enquête de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance.
- Il souffre de moqueries et d’insultes, se trouve victime de bousculades quand il ne s’agit pas de bagarres.
- Face à ce constat, la ministre de l’Éducation nationale annonce la création d’un baromètre annuel d’évaluation.
Du harcèlement scolaire à tous les étages
L’affaire est récente puisque c’est à l’occasion de la journée contre le harcèlement scolaire, en novembre 2023, que le ministère de l’Éducation nationale a lancé sa première grande consultation sur le sujet. Afin de mieux sonder l’échantillon des 21 700 élèves visés, du CE2 à la terminale, des questionnaires leur ont été remis. Libre à eux de répondre ou non à cette enquête d’autoévaluation, distribuée en classe sous forme de questions à choix multiple. Leurs réponses ont ensuite été analysées anonymement par la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp), et dévoilées ce 12 février.
Au total, 5 % des écoliers, 6 % des collégiens et 4 % des lycéens sont considérés comme victimes de harcèlement. Chez les plus jeunes, 14% des effectifs (allant du CE2 au CM2) ressentent de la peur en allant à l’école. À toutes les étapes de la scolarité, 5 % des interrogés déclarent ne pas avoir d’ami dans leur établissement scolaire. Parmi les atteintes les plus répandues se trouvent les moqueries et les insultes (17% pour les écoliers, 11% pour les collégiens et 7% pour les lycéens), suivis des bousculades volontaires, des jets d’objets et même parfois de bagarres. Le plus souvent, les élèves victimes de harcèlement le sont de manière répétée : de 3 à 5% des jeunes, tous niveaux confondus, affirment avoir subi plus de cinq atteintes.
Bonjour tristesse
Lors de la conférence de presse, Nicole Belloubet, nouvelle ministre de l’Éducation nationale, estime qu’« un élève ne doit pas venir dans son établissement scolaire la peur au ventre, mais au contraire le sourire aux lèvres ». Ses propos font écho aux réponses des élèves victimes qui voient leurs qualités de vie se détériorer. Les résultats traduisent chez eux un sentiment de tristesse, de colère quand la plupart assurent faire régulièrement des cauchemars. Plus le nombre d’atteintes est important, plus les jeunes déclarent mentir pour rester chez eux et se sentent démotivés par les cours. 34% d’entre eux voient même la situation affecter leurs résultats scolaires. En plus du constat actuel, les résultats démontrent que de nombreux élèves seraient susceptibles d’être bientôt confrontés à du harcèlement. Ces situations, considérées comme « à surveiller » par le ministère, touchent 19 % des écoliers, 6 % des collégiens et 5 % des lycéens.
Briser le silence
Lors l’annonce des résultats, la ministre de l’Éducation nationale a insisté sur le fait que 35 élèves avaient été changés d’école pour des faits de harcèlement depuis la rentrée 2023. En cas de situation de harcèlement, le rapport montre que « 63 % des écoliers, 32 % des collégiens et 22 % des lycéens ont déjà demandé de l’aide, à un autre élève, à leurs parents, à un personnel éducatif ou un adulte de l’école ». Ce chiffre augmente lorsque l’élève en question se trouve victime de faits répétés. Et malheureusement, le numéro d’écoute national 3018, créé en 2021, n’est connu que par la moitié des collégiens et lycéens. Face à ces résultats et dans le cadre du plan ministériel de lutte contre le harcèlement à l’école, Nicole Belloubet a annoncé que le « Baromètre annuel du harcèlement en milieu scolaire » serait désormais renouvelé chaque année.