Trouver un emploi dans le numérique avec un handicap
- Handicap
Architecte logiciel, développeur web, chef de projet… le secteur du numérique a le vent en poupe et offre de nombreuses opportunités. Côté emploi de salariés handicapés, il est encore à la traîne mais les entreprises se mobilisent pour faciliter leur intégration.
Selon le Syntec numérique, syndicat professionnel du secteur, en 2016, les prévisions de croissance pour le conseil en technologies, l'édition de logiciels et le conseil et les services sont de 2,6 % et les entreprises envisagent de recruter au moins 39 000 cadres.
Dans le secteur, les rémunérations sont généralement intéressantes et en progression constante. Un exemple : d’après le cabinet de recrutement Robert Half, la rémunération d’un administrateur systèmes et réseaux avec 3 à 5 ans d’expérience a augmenté de près de 4 % entre 2015 et 2016 pour s’établir dans une fourchette allant de 36 000 à 46 000 € brut annuels.
Par ailleurs, avec un taux de 93,9 % de CDI et de près de 70 % de cadres, le secteur offre de la sécurité et des conditions de travail attractives à ses salariés. Autant de points qui méritent d’être soulignés tant ils sont devenus une denrée rare à l’horizon 2017.
Mais les entreprises du numérique sont bien loin de l’obligation de compter (pour les établissements de plus de 20 salariés) au moins 6 % de travailleurs handicapés. Ce taux n’est en effet que de 1,2 % dans le secteur quand il est de 3,2 % dans l’ensemble des entreprises privées.
La cause ? "Il y a très peu d’étudiants en situation de handicap de niveau bac + 5 dans les métiers du service et de l’informatique. Pour pallier ce manque de candidats, nous encourageons l’alternance et accompagnons des jeunes de niveau bac +3/+4 au niveau bac +5”, résume Philippe Baconnet, responsable de la mission handicap de Sopra Steria.
L’alternance : un bon moyen d’intégrer le secteur
"L’intérêt de l’alternance, c’est qu’elle permet de découvrir le métier de l’intérieur, de savoir ce que l’on attend de nous, les tâches que l’on aura à accomplir, et d’être prêt au moment de la sortie de l’école", souligne Emanuel Zmed, alternant au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et chez Sopra Steria. En 2016, l’entreprise s’est fixé pour objectif de recruter 380 alternants en situation de handicap pour un à deux ans de formation, des alternants qui, s’ils développent les compétences nécessaires, auront de fortes probabilités d’intégrer l’entreprise par la suite.
Toujours dans le registre de l’alternance : un collectif d’entreprises (Gemalto, ERDF, Atos, ST Microelectronics, la Française des jeux, DCNS, Capgemini…) a lancé le programme Handi yoU Go (ou HUGo) en partenariat avec l’École polytechnique universitaire de Marseille. Il s’agit d’une formation en ingénierie informatique de 24 mois en alternance dans une des entreprises du collectif. Cette formation est ouverte aux titulaires d’un diplôme bac + 4 en informatique ou d’un bac + 2 avec une expérience professionnelle significative dans un domaine scientifique ou technique.
« Grande École du numérique » : une opportunité pour les peu diplômés
Par ailleurs, le gouvernement a labellisé des « Grandes Écoles du numérique ». Simplon.co, 42, WebForce3, 3W Academy, R2K… elles proposent des formations atypiques et innovantes qui connaissent un véritable essor depuis quelques années.
Leur particularité : elles sont courtes, souvent gratuites et ouvertes à des publics peu représentés dans le numérique et pas ou peu diplômés. Objectif : donner la possibilité au plus grand nombre d’apprendre à coder, et d’intégrer un secteur porteur.
Parmi ces écoles, Simplon.co affiche une politique particulièrement volontariste en direction des personnes handicapées. "Nous venons de créer une entreprise adaptée : Numerik EA. L’objectif : intégrer dans nos formations de web développeurs des stagiaires en situation de handicap, les former puis les employer à des postes de développeur web ou de concepteur testeur", résume Élise Fraisse, responsable du pôle partenariats de Simplon.co.
Les entreprises se mobilisent
Conscientes de leur retard en matière d’emploi de travailleurs handicapés, les entreprises développent des dispositifs pour se faire connaître auprès d’eux. Lancé en juin 2014 par une douzaine de sociétés, le site handi-numerique présente des métiers (concepteur-développeur, chef de projet, pilote d’exploitation…), les formations pour y accéder et des actualités sur l’emploi dans le secteur.
Plusieurs grandes entreprises ont aussi créé une mission handicap. C’est le cas de Capgemini, Atos, Altran, Bull, AKKA Technologies, CGI… Leur rôle : favoriser le recrutement, l’intégration et le maintien en emploi des salariés en situation de handicap.
Des aménagements de poste
"Nous avons embauché des personnes atteintes du syndrome d’Asperger, qui ont parfois du mal à communiquer. Nous évitons donc de les placer dans des situations complexes et stressantes. Nous avons aussi sensibilisé les équipes aux particularités de ce handicap", souligne Philippe Baconnet.
Logiciels spéciaux pour les déficients visuels, claviers ergonomiques, synthétiseurs vocaux, appareils de transcription de langue des signes, télétravail, divers aménagements de poste sont envisageables.
"Je suis malentendant, je ne peux donc pas répondre au téléphone. Dans le domaine de l’administration des systèmes, il s’agit d’une tâche courante. Mais, comme je travaille dans une équipe de taille importante, ce sont mes collègues qui s’en chargent », témoigne Emmanuel Klein, en alternance chez Atos et au Cnam.
Car les chargés de recrutement le confirment : grâce aux aménagements de poste, aucun handicap n'empêche de travailler dans le numérique. Pour trouver un poste dans le secteur, ce qui compte avant tout, ce sont les compétences techniques et les qualités personnelles, à savoir l’autonomie, la curiosité, la capacité de se tenir en veille et de se former tout au long de sa carrière.
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Article mis à jour le 21/05/2018
/ créé le 05-07-2016
Crédit photo : Luca Bravo