Maquilleuse de cinéma : Maud nous raconte son métier
- Spectacle & culture
- Artisanat
Arrivée à 21 ans à Paris, Maud Baron Baudouin découvre le métier de maquilleur en parcourant les classeurs du CIDJ ! C’est un véritable coup de foudre. Trente ans plus tard, elle en parle toujours avec passion.
Que faire avec un bac dessin et histoire de l’art (actuel STD2A), se demande la jeune Maud lorsqu’elle décroche son diplôme à 18 ans. "Le dessin et la peinture étaient ma passion, mais je n’avais pas envie de devenir artiste peintre. Je voulais avoir un vrai métier dans les mains !" explique-t-elle. À 21 ans, elle décide de tenter sa chance à Paris. À son arrivée, un ami lui conseille d’aller au CIDJ. "Dans les fiches métiers que la conseillère m’a remises, il y avait la description du métier de maquilleur avec l’adresse d’une école de maquillage artistique. Ça a été le coup de foudre immédiat. J’ai tout de suite senti que cela correspondait exactement à ce que je voulais faire."
Des débuts pas toujours faciles
Maud s’inscrit à l’école et n’a qu’une hâte, commencer les cours. "J’ai vécu 9 mois de bonheur total dans cette école. Je suis sortie première de ma promotion. Cela m’a donné confiance", ajoute-t-elle. Ses débuts ne sont pourtant pas faciles. La première année, elle fait du bénévolat. "Grâce à des stages, j’avais fait la rencontre de jeunes étudiants en cinéma. Je les aidais à monter leur court-métrage ou leur petite pièce de théâtre. Mais je ne gagnais pas d’argent." Au bout d‘un an, la directrice de son école de maquillage la contacte et lui propose un poste d’enseignante qu’elle accepte.
Il y a une part de chance, mais il faut savoir la provoquer
"Un jour, un jeune assistant réalisateur est venu à l’école nous parler de cinéma. À la fin de la journée, je l’ai entendu dire à notre directrice qu’il recherchait des maquilleurs pour son prochain film. À cette époque, je voulais travailler dans le cinéma. Je savais que je prenais un risque en abandonnant la sécurité d’un poste en CDI mais j’avais envie d’aventure. J’ai donc appelé le jeune homme le soir même. C’était Luc Besson. C’est ainsi que j’ai travaillé sur son premier long-métrage Le Dernier Combat. Dans ce métier, il y a une part de chance, mais il faut savoir la provoquer."
© DR - Maud Baron Baudouin maquille Isabelle Adjani dans "Subway" de Luc Besson
Dans le cinéma, rien n'est jamais acquis
Deux ans plus tard, le jeune réalisateur, encore peu connu, la recontacte pour son prochain film. Il veut qu’elle maquille l’actrice principale… Isabelle Adjani ! "Quel trac la première fois que j’ai maquillé Adjani ! La veille du tournage, je n’ai pas dormi de la nuit. Mais Subway a été le déclencheur de ma carrière. Une véritable carte de visite. Grâce à ce film, j’ai commencé à vivre de mon métier." Sous ses pinceaux, de célèbres artistes comme Isabelle Carré, Bernadette Lafont, François Cluzet, José Garcia, Samy Frey, Guillaume Canet, Marina Foïs, Philippe Noiret, Michel Bouquet… et d’autres moins connus se laissent pomponner. "Mais attention, avertit Maud, dans ce métier rien n’est jamais acquis. On est remplaçable du jour au lendemain. Je ne me suis jamais sentie à l’abri. Même maintenant. Si l’on refuse trop de travail, on ne vous appelle plus. Mais pour élever mes enfants, j'ai refusé des films comme Le Grand Bleu. J'ai fait ce choix".
Le maquilleur doit aussi être fin psychologue
"Il faut être très disponible. On peut être appelé du jour au lendemain. Il n’y a pas d’horaires. Il faut être prêt à arriver tôt le matin et partir tard le soir. Les conditions de travail sont parfois difficiles, dehors, les pieds dans la boue, dans le froid ! Mais on travaille en équipe et il y a souvent une vraie solidarité !"
Maud travaille à la fois pour le cinéma, la télévision et le théâtre. "Pour réussir, conseille-t-elle, il faut bien sûr avoir du talent, mais il faut surtout être un fin psychologue. Les acteurs sont des gens fragiles. Certains aiment parler pour se détendre avant une scène, d’autres au contraire ont besoin de calme pour se concentrer. Il faut être attentif et disponible et savoir s’adapter à leurs humeurs. Cela s’apprend avec le temps et l’expérience ! Mieux vaut aussi ne pas être trop susceptible car on peut toujours tomber sur un réalisateur caractériel qui vous engueule devant tout le monde sur le plateau", ajoute-t-elle en riant.
© DR - Maud Baron Baudouin avec Michel Bouquet et
Philippe Noiret dans "Les Côtelettes" de Bertrand Blier.
C'est un métier excitant, il n'y a jamais de routine
Malgré tout cela, Maud ne changerait de vie pour rien au monde. "Je travaille la plupart du temps dans l’urgence. Mais il n’y a jamais de routine. C’est un métier très excitant. On rencontre aussi des gens fabuleux. Il y a quelques années, j’ai eu la chance de maquiller Philippe Noiret et Michel Bouquet sur le tournage des Côtelettes de Bertrand Blier. Écouter ces deux montres sacrés du cinéma parler de leur carrière, raconter leurs souvenirs, c’était inoubliable ! Sans doute l’un de mes plus beaux souvenirs."
Quelles formations pour devenir maquilleur ?
Si vous désirez vous lancer dans une carrière de maquilleur, les formations type CAP ou BP esthétiques ne sont pas recommandées. Vous devrez obligatoirement passer par une école de maquillage. Il en existe beaucoup. La plupart sont privées et délivrent leur propre diplôme. Renseignez-vous avant de vous engager. Allez aux portes ouvertes, rencontrez des anciens élèves, parlez avec les professeurs. Assurez-vous qu’ils viennent du monde professionnel.
CIDJ © CIDJ
Article mis à jour le 27/02/2018
/ créé le 29-10-2013
Crédit photo : DR