- Reportage
Travailler dans un musée : reportage à la Cité de l’espace, à Toulouse
- Spectacle & culture
Du conservateur du patrimoine à l’agent d’accueil en passant par le commissaire d’exposition ou le régisseur, les musées proposent une multitude de métiers. Nous nous sommes rendus à la Cité de l’espace, à Toulouse. Ce lieu dédié au spatial accueille jusqu’à 400 000 visiteurs par an et emploie 132 personnes. Médiateur scientifique, hôtesse d’accueil, responsable du service muséographie, animateur, directeur général, nous les avons rencontrés et ils nous ont raconté leur métier.
Pour attirer un public étendu, la Cité de l’espace mise sur des expositions permanentes et temporaires sur le spatial au sens large : concepts scientifiques, avancées technologiques, enjeux géopolitiques, métiers… En 2019, c’est la lune qui est à l’honneur. À l’occasion des 50 ans du premier pas de l’homme sur la lune, le 21 juillet 1969, une exposition lui est dédiée.
C’est Aude Lesty qui coordonne la conception et le suivi des expositions permanentes, temporaires et itinérantes. Responsable du service muséographie, son rôle est d’imaginer, avec son équipe, des expositions qui intéresseront le plus grand nombre. « En amont, il s’agit d’aller à la pêche aux informations comme un journaliste : on cible les contenus les plus importants, puis on réfléchit à notre intention, à la façon de vulgariser l’information, à sa mise en scène. Nous passons ensuite en phase de production. Là, nous pouvons faire appel à des scénographes, graphistes, éclairagistes, électromécaniciens, concepteurs multimédia… », observe-t-elle.
En plus des expositions permanentes régulièrement mises à jour, les expositions temporaires sont renouvelées tous les 18 mois : un travail de longue haleine qui exige créativité, adaptabilité et sens de l’organisation.
« Réaliser une exposition, c’est gérer un projet ; ce qui nécessite de suivre une méthodologie, en relation avec l’équipe de production, la communication, les prestataires... Il faut avoir un vrai sens du travail en équipe, être à l’écoute et capable de faire des compromis », résume-t-elle. C’est en 1999, deux ans après l’ouverture de la Cité de l’espace qu’Aude Lesty a rejoint ce lieu dédié au spatial. Grâce à sa formation (BTS communication et action publicitaire, maîtrise des sciences et techniques en conception multimédia et DESS stratégie de développement culturel), elle a intégré la direction des expositions en tant que stagiaire et n’a cessé depuis, d’évoluer.
Au-delà des expositions, la Cité de l’espace mise sur diverses animations pour sensibiliser le public au spatial : elle fait pour cela appel à ses médiateurs scientifiques. « L’objectif de ce métier est de faire le lien entre deux mondes censés s’ignorer : le grand public et le monde des sciences : nous devons trouver le média adéquat pour transmettre l’information. L’idée, c’est de passer par l’expérience, le vécu, pour rendre palpable ce qui ne l’est pas. Pour cela, on écrit un scénario avec des objectifs pédagogiques, on réalise le projet puis on le teste et on l’ajuste jusqu’à ce qu’il soit accessible au plus grand nombre », souligne Nicolas Berton, médiateur scientifique.
Cette année, il a, entre autres, travaillé sur l’atelier des robots martiens à destination des classes de CP, CE1 et CE2. En prenant exemple sur les machines envoyées sur la Planète rouge, il permet aux enfants de comprendre comment fonctionne un robot et de découvrir les bases de la programmation.
Après des études dans le domaine de la biodiversité, Nicolas Berton a obtenu un master information, communication, spécialité communication scientifique et technique, puis a été recruté comme médiateur scientifique par une association toulousaine, avant de rejoindre les équipes de la Cité de l’espace. « On ne dispose pas des mêmes moyens si on travaille pour un musée, une structure municipale, un service éducatif… On peut bénéficier d’un budget conséquent ou devoir fabriquer soi-même ses propres outils, mais quel que soit le contexte, un médiateur scientifique doit être curieux, avoir envie d’apprendre, de développer ses connaissances scientifiques et avoir aussi un côté Géo Trouvetout : aimer bidouiller, inventer, détourner des objets… », analyse-t-il.
Ce sont les animateurs qui interviennent au cours des ateliers et événements proposés quotidiennement à la Cité de l’espace. Ils peuvent avoir à gérer une visite guidée, animer un atelier auprès de classes, intervenir lors d’une projection…
Après des études d’anglais et d’espagnol, Gaël Billières a obtenu une licence professionnelle de guide conférencier. Il a été embauché en 2016 comme animateur scientifique. Lors de son intégration à la Cité de l’espace, il a suivi une formation : elle lui permet d’intervenir sur des thèmes variés comme les possibilités de vie sur la lune, la capsule Soyouz, Météo France...
Pour décrire le vide spatial par exemple, les animateurs mènent des expériences physiques. Le public découvre alors que dans le vide spatial, le son disparaît, que l’eau bout mais qu’elle n’est pas chaude. « Nous abordons des notions parfois complexes et cherchons à les expliquer par des expériences simples. Pour cela, il faut faire preuve de pédagogie et de capacité d’adaptation. La curiosité est aussi importante : il faut se tenir au courant de l’actualité spatiale car elle évolue sans cesse et qu’elle impacte de nombreux domaines », explique Gaël.
C’est Andrea Massabeau qui gère le planning des animateurs. En tant qu’assistante de planification, elle organise, en lien avec le service réservation, leur emploi du temps, en fonction du programme quotidien, de l’accueil des particuliers et des visites de groupes.
Andrea est aussi hôtesse d’accueil. « Notre rôle est d’accueillir et de renseigner les visiteurs. Nous leur expliquons ce qu’ils pourront découvrir et les conseillons sur les façons d’optimiser leur visite en cas de forte affluence. Nous intervenons aussi dans les salles (cinéma Imax, Planétarium, Terradome) pour accueillir le public et assurons la permanence au standard téléphonique. Pour exercer ce métier, il faut avoir le sens du service, aimer le contact avec le public et si possible, parler plusieurs langues », souligne-t-elle.
Andrea parle pour sa part, espagnol, français et anglais. Après des études de traduction dans son pays d’origine, le Pérou, elle a décroché un son arrivée à la Cité de l’espace, il y a 11 ans.
Pour coordonner toutes les personnes qui travaillent dans cet établissement dédié au spatial, il y a un directeur général : Jean-Baptiste Desbois. « Je suis un peu le chef d’orchestre ici. J’ai avec moi des super musiciens, des solistes talentueux. C’est à moi que revient en partie de dire l’œuvre que l’on va jouer. Pour cela, je dois veiller à ce que les répétitions se passent bien, que la salle soit prête, que la billetterie soit opérationnelle... », observe-t-il.
Avant de rejoindre la Cité de l’espace, en 2011, Jean-Baptiste Desbois, diplômé d’ESCP-Europe et de Paris Dauphine (DEA en gestion des ressources humaines et relations sociales) a débuté sa carrière en tant que contrôleur de gestion. Il a ensuite obtenu un poste de directeur administratif et financier dans le privé avant de rejoindre le secteur culturel à Nantes, où il a dirigé des lieux comme le Château des ducs de Bretagne ou les Machines de l’île.
« Mon rôle, c’est d’avoir une vision stratégique, d’être force de proposition et de mettre en œuvre les projets. Je gère les relations avec les partenaires et je représente la Cité de l’espace en France et à l’étranger », résume-t-il. Le rôle du directeur général est aussi de développer l’activité de la structure qu’il dirige. Jean-Basptiste Desbois s’appuie pour cela sur une équipe dédiée au commercial, composée de chargés d’affaires, chef des ventes, responsable marketing…
Service commercial, informatique, financier, administratif, département communication, ressources humaines, la Cité de l’espace emploie plus d’une trentaine de personnes aux fonctions support (ces professions qui ne constituent pas le cœur de métier de la structure mais lui permettent de fonctionner).
« La Cité de l’espace, comme la plupart des musées nationaux, propose une très grande diversité de postes. Au-delà du cœur de métier, la muséographie, nous avons un restaurant avec des serveurs, des employés de restauration, une boutique avec des chargés de vente… », explique Cathy Pihet-Loignon, la directrice des ressources humaines (DRH).
La Cité de l’espace emploie aussi des régisseurs et des techniciens audiovisuels en charge de l’installation et de la maintenance des expositions.
« Quelle que soit la fonction occupée, il y a un fil rouge dans les compétences que nous recherchons : les personnes que nous recrutons doivent avoir le sens du service, une certaine ouverture culturelle, des qualités relationnelles. Elles doivent aussi maîtriser au moins une langue étrangère », souligne la DRH.
La Cité de l’espace recrute régulièrement des salariés pour ses métiers en relation directe avec le public, qu’il s’agisse des agents d’accueil, du personnel de restauration ou des animateurs. Les emplois en lien avec le cœur de métier, la muséographie, sont plus rares.
Pour connaître les postes à pourvois, rendez-vous ici.
Les différentes formes de musées
La Cité de l’espace est gérée par la Semeccel, une société d’économie mixte qui regroupe des acteurs publics et privés. La plupart des musées français sont publics et dépendent du ministère de la Culture. C’est le cas du Louvre, du musée d’Orsay, du Centre Pompidou… Quel que soit leur statut, les musées ont tous vocation à être des lieux culturels. Ils peuvent être spécialisés dans les beaux-arts, les sciences et techniques, l’histoire, etc.
Isabelle Fagotat © CIDJ
Article mis à jour le 08-01-2021
/ créé le 06-12-2019
Crédit photo : Rémi Benoit photographe (Photo de Jean Baptiste Desbois) / Isabelle Fagotat (autres portraits)