La relève Le don de sang pour sauver des vies commence à 18 ans
En bref
- L’établissement français de sang (EFS) lance un appel aux jeunes pour renouveler la génération des donneurs.
- Reportage à la maison du don Saint-Louis à Paris avec la Dr Nadine Bully, responsable des prélèvements.
- Dès septembre 2025, les conditions de don seront assouplies, avec notamment un délai réduit à deux mois après un tatouage ou un piercing.
Donneurs fidèles et nouveaux visages
À la maison du don de la rue Bichat, située à deux pas de l’hôpital Saint-Louis dans le 10e arrondissement, se croisent des profils très variés. Certains donneurs sont des habitués, fidèles au rendez-vous, tandis que d’autres franchissent la porte pour la première fois, profitant d’un passage dans le quartier pour accomplir ce geste solidaire. Un geste qui, en une heure ou deux, peut sauver des vies. « On parle du don de sang, mais aussi de plaquettes et de plasma », rappelle la Dr Nadine Bully qui nous fait visiter les lieux. Elle s’arrête devant une banderole accrochée dans la cour, sur laquelle on peut lire : « on n’est pas des soignants, mais on sauve des vies ». Si le bleu de la toile s’est un peu estompé, le message reste intact : « Sans ces dons, des personnes meurent. Il est essentiel de donner pour aider les malades, permettre des opérations ou soigner des accidentés. Cette année, les besoins les plus urgents concernent le plasma pour fabriquer des médicaments dérivés du sang ».
Comme ici, plus d’une centaine de maisons du don accueillent les donneurs, sans oublier les quelque 4 000 collectes mobiles organisées dans les universités, les entreprises ou encore les lieux publics. En France, selon l’Établissement français du don (EFS), il faudrait recueillir chaque jour 10 000 dons de sang et 500 dons de plaquettes pour répondre aux besoins des patients. Mais les donneurs vieillissent alors que l’âge limite pour effectuer un don reste 70 ans. « Il est donc crucial que les jeunes prennent le relais », insiste la médecin.
Pas plus douloureux qu’une prise de sang
Quelques semaines plus tôt, à quelques arrondissements de là, aux abords du campus des Grands Moulins, un rapide sondage auprès des étudiants montrait que beaucoup n’avaient pas encore franchi le pas, même si l’idée les attire malgré certaines appréhensions. La peur des aiguilles revient souvent dans les discussions. Pourtant, la médecin rassure : « un don de sang en lui-même ne dure que huit minutes (1h pour un don de plasma et 1h30 pour les plaquettes). Certes, l’aiguille est un peu plus grosse, mais elle ne fait pas plus mal. La sensation est comparable à celle d’une prise de sang. Ça reste un petit peu désagréable, une demi-seconde au moment de la piqûre. » Quant aux effets secondaires, la médecin précise : « les volumes prélevés sont adaptés au poids et à la taille de chacun. Entre 420 à 480 ml maximum. En général, tout se passe bien, « il n’y a normalement pas de sensation particulière si l’on respecte quelques règles simples : ne pas être à jeun, bien s’hydrater avec 500 ml d’eau avant le don et rester à la collation une vingtaine de minutes après ». Même si, pour une première fois, « il peut y avoir un peu de stress, ce qui peut provoquer un malaise vagal : la tête qui tourne, un coup de chaud… Mais ça dure très peu de temps et les gens récupèrent bien. La seule contrainte, c’est de ne pas faire de sport ou d’effort intense pendant les 24 heures qui suivent ». De quoi rassurer les plus hésitants, alors que l’été approche, période où les réserves de sang ont tendance à diminuer.
Des règles assouplies pour encourager les donneurs
« Les ponts du mois de mai et l’été sont des périodes critiques, souligne la Dr Nadine Bully. Les donneurs partent en vacances, mais pas les patients. C’est pourquoi nous essayons toujours d’avoir des stocks suffisants avant les vacances ». Une vigilance d’autant plus nécessaire que la durée de conservation des poches est limitée : « 42 jours pour le sang total et 7 jours pour les plaquettes », ce qui impose un renouvellement constant des réserves. Pour donner son sang, il faut avoir au moins 18 ans, peser 50 kg minimum et être en bonne santé. Certaines situations peuvent temporairement empêcher de donner : « une infection, par exemple, constitue une contre-indication temporaire. D’autres contre-indications sont plus définitives » précise-t-elle. Pour faciliter la démarche, « il existe un questionnaire rapide qui permet de savoir si l’on est éligible ou non, explique la médecin. Je conseille à tous ceux qui souhaitent donner de faire ce test en ligne avant de venir nous voir ». Sur place, chaque donneur remplit ensuite un questionnaire et passe un entretien prédon, « afin de vérifier que le don est sans risque, aussi bien pour le donneur que pour le patient qui recevra le sang ». Pour encourager davantage de personnes à franchir le pas, les critères d’éligibilité évoluent. Par exemple, il ne sera bientôt plus nécessaire d’attendre quatre mois après un tatouage ou un piercing, deux mois suffiront. Une proposition de loi veut aussi autoriser les salariés à donner leur sang sur leur temps de travail, sans perte de salaire. Avec des règles assouplies, donner son sang n’aura jamais été aussi accessible. Reste à chacun de se retrousser les manches, au sens propre comme au figuré, pour que les réserves ne manquent pas.