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Témoignage Quel bilan deux ans après les premières marches pour le climat ?

Marine Ilario Marine Ilario
Publié le 19-03-2021

En bref

  • Peu de changements, des questions écologiques au second plan, un manque d'action étatique, mais encore une forte volonté de se faire entendre. A Paris, à l'occasion de la marche pour le climat, les jeunes manifestants reviennent sur deux ans de mobilisation et dressent un bilan en demi-teinte.
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Quel bilan deux ans après les premières marches pour le climat Crédit : Cidj

Deux ans après les premières marches pour le climat qui avaient réuni plusieurs milliers de jeunes dans la rue, une nouvelle manifestation a eu lieu le 19 mars un peu partout en France. « Le temps passe alors que c'est maintenant qu'il faut agir » réagit Luna, 15 ans. « J'étais présente il y a deux ans et c'était important pour moi d'être encore là aujourd'hui pour montrer mon soutien au mouvement ». A Paris, au lendemain de l'annonce d'un 3e confinement, ils étaient plusieurs centaines de jeunes à prendre part à la manifestation.

Depuis un an, difficile de faire entendre sa voix sur les questions environnementales. La crise sanitaire a permis à la fois de remettre sur la table ces questions tout en les reléguant au second plan. « La pandémie est au cœur de tous les débats et j'ai presque l'impression qu'elle a fait oublier la question écologique ». Elliot, étudiant de 20 ans en politiques publiques garde pourtant espoir. « Mais ça montre aussi qu'on a d'autant plus besoin de l'écologie dans nos vies. Ces questions vont de paire avec les questions de santé. Si on ne réussit pas à mettre en place des vraies solutions, on prend le risque de se retrouver avec de plus en plus d'épidémies et de problèmes sanitaires. Or, on a vu comment une telle crise peut paralyser tout un pays, toute une population et toute une économie ».

Pour Juliette, 25 ans et chercheuse dans l'étude des écosystèmes, le lien entre la destruction de la biodiversité et les pandémies a été clairement établi par les scientifiques. « Pour autant, je n'ai pas l'impression qu'il y ait beaucoup de changements que ce soit à l'échelle individuelle ou sur les décisions prises par le gouvernement ». Même sentiment pour Félix, 17 ans. « Sur le plan politique, je trouve que la pandémie a plutôt joué en défaveur des questions environnementales parce que tous les thèmes autres que la crise sanitaire sont passés au second plan ».

« Dans les politiques mises en place on a eu beaucoup de mots mais peu d'action. C'est pour ça qu'on se retrouve encore dans la rue aujourd'hui » indique Elliot. Deux années se sont écoulées depuis les premières marches pour le climat. Des mobilisations qui n'ont pas suffisamment porté leurs fruits. Pour Juliette, « le bilan est globalement mauvais : une loi pour le climat moins ambitieuse, la convention citoyenne pour le climat dont les propositions sont peu reprises, l'autorisation d'utiliser des néonicotinoïdes dans certaines cultures, etc. Le gouvernement était très ambitieux au début du mandat et finalement il y a pas mal de régressions ».

Olivier, doctorant en physique de 24 ans a participé aux premières marches pour le climat. « Je constate que rien avance. On a l'impression que le gouvernement n'écoute pas la jeunesse. On manque les occasions comme la loi pour le climat, par exemple, qui aurait pu être beaucoup plus ambitieuse mais qui ne l'est pas. Ça me met en colère ».

« Je me demande pourquoi ça se passe comme ça alors que les enjeux liés notamment à la protection de la biodiversité sont connus. Pourquoi aucune vraie décision n'est prise ? » se questionne Juliette.

D'après Rose, 15 ans « les mentalités individuelles évoluent et chacun prend vraiment conscience de l'importance des questions écologiques mais dans les actes, je trouve que ça ne bouge pas beaucoup ».

« Les choses n'ont pas trop changé. On se retrouve encore à devoir manifester aujourd'hui. C'est comme si les politiques ne prenaient pas conscience du problème » se désole Aminata, 25 ans, étudiante en études nordiques. « Le climat est un enjeu mondial. Donc pour moi il faut que des décisions politiques soient déjà prises au niveau européen et pas uniquement national. On pourrait s'inspirer de nos voisins et prendre exemple sur ce qui se fait de bien ailleurs ». Pour Elliot, « il faut se fixer des objectifs à court terme que l'on s'impose de respecter. Parce que fixer des objectifs à long terme c'est facile pour les gouvernements qui n'auront plus à gérer les situations d'ici-là ».

Malgré tout, Olivier reste optimiste. « Quand je vois des jeunes, à travers la France, qui se mobilisent pour porter la voix de l'avenir ça me redonne de l'espoir ». Le débat n'est pas clos. Et les jeunes comptent bien faire entendre leurs voix.

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