Témoignage Un éducateur de rue est capable d'aller vers le jeune et de créer un rapport de confiance
En bref
- Comme souvent dans les métiers de l'animation sociale, le parcours de Bruno est atypique. Avant de devenir éducateur en prévention spécialisée, métier plus connu sous le nom d'éducateur de rue ou de quartier, il a multiplié les expériences associatives ou au contact des jeunes. Aujourd'hui, il travaille avec un public âgé de 11 à 25 ans à Argenteuil, dans le Val-d'Oise. Témoignage.
"Après un DUT techniques de commercialisation et une licence professionnelle management et gestion associative, je me suis envolé pour le Burkina Faso où je suis resté 8 mois comme chef de projet dans une structure associative. C'est le début d'une série d'expériences professionnelles qui me conduiront peu à peu au métier d'éducateur en prévention spécialisée."
Au départ, je ne pensais pas devenir éducateur
"En rentrant, j'ai participé à des séjours auprès de personnes en situation de handicap en tant qu'éducateur spécialisé. Puis, j'ai été surveillant pendant deux ans dans des lycées.
Au départ, c'était un job alimentaire, mais finalement je me suis pris au jeu : j'ai donné des cours de citoyenneté aux élèves le soir et je me suis investi dans du suivi personnalisé pour les redoublants.
Finalement, tout cela m'a aidé à construire mon projet professionnel. Quand je suis arrivé à Paris, il y a 3 ans, j'ai décidé d'orienter mes recherches de travail vers le secteur de la réinsertion sociale et professionnelle. Et j'ai trouvé mon poste actuel en 2 mois à peine !"
C'est sur la relation de confiance que tout se joue
"Depuis, je travaille au sein d'une équipe de 11 éducateurs. Nous sommes rémunérés à 80% par le Conseil général et 20% par la municipalité d'Argenteuil.
Je fais souvent un travail d'immersion dans les quartiers qui me sont attribués. Je rencontre les jeunes, je discute avec eux, je laisse ma carte. Peu à peu, la confiance s'installe et c'est primordial pour la suite. Le jeune peut alors se confier : certains ont des problèmes judiciaires, d'autres un niveau scolaire faible ou des soucis de papiers... Le but c'est de leur apporter un soutien personnalisé en les mettant notamment en contact avec notre réseau de partenaires sociaux."
L'éducateur de rue devient une personne ressource
"En pratique, cela peut déboucher sur des entretiens individuels sur des sujets très variés. Je les aide souvent dans leur recherche d'emploi, notamment avec des simulations d'entretien d'embauche. Je peux aussi les accompagner à la mission locale, ou simplement partager avec eux une activité sportive et créer une situation informelle de dialogue.
Nous essayons aussi de les impliquer dans des actions collectives comme l'organisation d'activités pour une fête de quartier.
Nous sommes des personnes ressources : nous devons être dans l'empathie mais pas dans la démagogie. Si, par exemple, ils dénigrent la police je vais leur expliquer que c'est une autorité qu'il faut respecter."
Il faut être passionné car c'est un métier usant
"Quelle satisfaction quand un jeune "désinséré" depuis quelques temps trouve avec moi une formation qui lui convienne ! À l'inverse, c'est un peu dur d'encaisser qu'un jeune dont tu connais le potentiel décide d'arrêter de te voir. Même si certains finissent par revenir.
Il faut être passionné pour être éducateur de rue. C'est un métier assez usant : nous sommes confrontés aux carences des structures administratives et il faut aussi stimuler en permanence la motivation des jeunes. Et certains se découragent vite.
Si vous souhaitez devenir éducateur, sachez aussi que les salaires sont peu élevés. Mais il existe, bien sûr, des possibilités d'évolution vers des postes de chefs de service ou de directeurs d'associations."