Stress, nutrition, sommeil : vous et votre santé
- Bien être
En bonne santé, vous n'en êtes pas moins stressés, en particulier par vos études. Mais vous hésitez parfois à consulter, notamment pour des raisons financières. Il existe pourtant de nombreuses structures de soins qui proposent des consultations gratuites.
« Je ne suis pas souvent malade, et quand je le suis, c’est rarement sérieux. D’ailleurs cela fait 3 ans que je ne suis pas allée chez le médecin et la dernière fois que je l’ai vu, c’était pour un rappel de vaccin », résume Ambre, 19 ans.
Comme elle, vous avez entre 15 et 24 ans et vous vous sentez en pleine forme ? C’est normal. Vous faites partie d’une génération qui n’a en général pas de sérieux problèmes de santé. « La fréquence de maladies graves ainsi que le taux de mortalité sont nettement plus faibles que dans les autres classes d’âge », souligne une étude de l’Observatoire régional de la santé (ORS) des Pays de la Loire parue en janvier 2016.
Les raisons de cette bonne santé ? Au-delà de vos cellules jeunes (comme vous !) et plus résistantes aux maladies, vous bougez plus que vos aînés ! Entre 65 % et 85 % des 15-24 ans pratiquent une activité physique quotidienne équivalente aux 30 minutes de marche rapide recommandées chaque jour.
Obésité grandissante
Mais en matière de nutrition, vous pouvez mieux faire. Selon l’enquête Obépi, la part des obèses aurait plus que doublé chez les 18-24 ans entre 1997 et 2012.
Une des raisons : quand on est jeune, on n’a pas forcément les moyens, le temps où l’envie de préparer des repas équilibrés.
« Quand je suis chez mes parents, le soir, je mange bien. Mais en journée, je ne mange pas tous les jours. Parfois, les cours en amphi commencent à 10 h et se termine à 16 h. Du coup, on n’a pas le temps de manger, à moins de manquer un bout de cours pour aller s’acheter un sandwich », explique Erwan, 20 ans, en licence administration et échanges internationaux.
Autre raison : le budget. Selon la dernière enquête santé de la mutuelle Smerep, les étudiants et lycéens dépensent en moyenne 10 € par jour pour se nourrir…
Manque de sommeil
Autre souci : le sommeil. Après une journée de cours, on a envie, le soir, de décompresser : on regarde une série sur son ordinateur, on tchatte avec ses amis, on écoute de la musique... « 33,5 % des adolescents passent plus d’une heure sur un écran après dîner, 15 % envoient des SMS en cours de nuit et 11 % se connectent aux réseaux sociaux », résume une étude du Réseau Morphée. Conséquence : pour 30 % des jeunes, le lever est extrêmement difficile.
« Je dors 5 à 6 h par nuit. Le matin, il y a cours, le soir, j’ai envie de sortir, de voir ma copine, regarder un film… Pendant les vacances, je dors encore moins car je travaille dans une entreprise de manutention. Je dois me lever encore plus tôt », confie Erwan. « Pour ma part, je dors environ 7 à 8 h par nuit. J’aimerais dormir plus mais entre les devoirs, le repas et les moments de détente (regarder une série, discuter avec mes amis…), je n’ai pas le temps », témoigne Leelo, en terminale ES.
Le stress lié aux études
Autre élément perturbateur du sommeil : le stress. « Je suis énormément stressée avant les examens. Je me fais aussi du souci pour mon avenir : je me demande si je vais facilement trouver un travail », explique Ambre.
D’après une enquête de la Smerep, près de 50 % des étudiants et 40 % des lycéens ont des problèmes de sommeil causés par le stress. Conséquence : « plus de la moitié des étudiants et près de 40 % des lycéens se sont déjà sentis débordés, submergés par le quotidien, au point d’avoir le sentiment de ne plus y arriver. »
Phobie scolaire
La raison de ce stress ? Le psychanalyste Michaël Stora met en cause « la tyrannie de la performance et de la réussite » et pour le sociologue Nicolas Charles (interviewé dans Le Monde campus), « les étudiants français ont l’impression d’être dans un TGV pendant leurs études ».
Les résultats de la dernière enquête publiée sur les étudiants en médecine sont sur ce point édifiants. 95 % des répondants confient avoir été soumis à des situations stressantes au cours des trois mois précédant le sondage. 40 % déclarent travailler entre 48 h et 60 h par semaine.
« On met une pression très forte sur les jeunes pendant leur scolarité. Par conséquent, les cas de phobies scolaires augmentent, avec des crises d’angoisse, des éruptions de psoriasis au moment de la rentrée. Les jeunes sont beaucoup plus stressés qu’auparavant. Du coup, ils ont envie de lâcher la pression et cherchent la déchirure », analyse Xavier Pommereau, psychiatre spécialiste de l'adolescence en difficulté.
Phénomènes addictifs
D’après l’étude de l’ORS des Pays de la Loire, 40 % des 18-25 ans consomment de l’alcool toutes les semaines.
En 2014, plus de 30 % des 15-25 ans déclaraient fumer tous les jours et 8 % des 18-25 ans être des fumeurs réguliers de cannabis. « Les dépendances les plus courantes chez les jeunes sont les addictions au cannabis et à l’alcool, avec la pratique du binge drinking (ou « biture express »). Certains peuvent aussi être accro aux jeux vidéo, au sexe ou aux films porno », souligne Laurent Karila, psychiatre spécialiste des addictions.
Suicide
Phénomène plus inquiétant : le stress des études favorise les pensées suicidaires voire le passage à l’acte. D’après l’enquête de la Smerep, 7 % des étudiants et lycéens interrogés ont déjà eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois.
Quant aux étudiants en médecine, ils sont 14 % à déclarer avoir eu des idées suicidaires au cours des 3 mois précédant le sondage. Parmi eux, plus d’un sur deux travaille plus de 48 heures par semaine.
Un problème qui ne semble pas concerner que la France puisque selon une étude britannique, le stress des études, en particulier des examens serait la première cause de suicide chez les jeunes de moins de 20 ans…
En France bien que depuis le début des années 1980, la mortalité par suicide ait diminué de 40 % chez les 15-24 ans, elle reste encore, avec plus de 16 % du total des décès, la deuxième cause de mortalité des jeunes de cette tranche d’âge après les accidents de la route.
Pour éviter le passage à l’acte, l’important est de rompre l’isolement et de se faire aider.
Vous hésitez à consulter
Pourtant selon une enquête du réseau de mutuelles Emevia, plus d’un étudiant sur deux ne consulte pas de médecin même malade. « Je ne vais jamais chez le médecin, même quand je ne me sens pas bien : il y a trop de monde dans la salle d’attente », confie Erwan. Au-delà de délais d’attente trop longs, une des principales raisons évoquées est le manque de moyens financiers. Conséquence : la santé passe après d’autres dépenses.
Centres médico-pédagogiques, maisons des adolescents, espaces santé des universités, centres de planning familial, il existe pourtant des structures qui proposent des examens gratuits avec des généralistes, psychologues et autres nutritionnistes…
Trouver une structure de soins gratuits :
- Centres médico-psycho-pédagogiques
- Maisons des adolescents
- Centres de planning familial
- Centres médico-psychologiques
- Fil santé jeunes
Si vous êtes étudiant, renseignez-vous auprès de votre établissement ; il dispose peut-être d'un espace santé.
Isabelle Fagotat © CIDJ
Article mis à jour le 28-03-2018
/ créé le 26-10-2016
Crédit photo : Brooke Cagle