- Témoignage
Jeunes aidants : "Un enfant n'est pas censé faire autant de choses pour ses parents"
- Vie étudiante
[Podcast] En France, 700 000 mineurs viendraient régulièrement en aide à un proche malade ou en situation de handicap. C'est le cas d'Adrien, jeune aidant auprès de sa mère atteint de la maladie de Parkinson. Il nous raconte son quotidien.
Peux-tu te présenter ?
« Je m’appelle Adrien, j’ai 14 ans et je suis en classe de 3e. J’ai un frère et une sœur. Je passe toutes les semaines chez mon père, 3 week-ends sur 4 chez ma mère et le mardi soir, le mercredi après-midi et le vendredi soir je vais chez ma mère. Ma maman est malade depuis que je suis très jeune. Elle a la maladie de Parkinson.
J’avais, si je me souviens bien, 5 ans quand j’ai commencé à aider. Par exemple je faisais le petit déjeuner, je lui donnais ses médicaments parfois. C’est à peu près tout ce que je pouvais faire à ce moment-là. Quand j’ai grandi, j’ai commencé à faire plus de choses comme les tâches ménagères que je partage avec mes frères et sœurs : lancer les laves vaisselle, faire la cuisine ou encore les courses. »
Quand as-tu su que tu étais un jeune aidant ?
« J’ai su que j’étais un jeune aidant en novembre dernier quand l’association JADE a pris contact avec nous. On a pris conscience qu’on était des jeunes aidants. Pour nous ça paraissait normal de faire ça. Mais maintenant on sait qu’on sort un peu de la norme. »
Comment vis tu le fait d'être jeune aidant ?
« Aider ma mère c’est compliqué. Les jeunes ne voient pas souvent leurs parents en position de faiblesse. Parfois j’ai craqué en me demandant pourquoi ça nous arrivait à nous. Mais je me suis vite relevé parce que même si on se demande pourquoi cette situation nous arrive, dans la réalité, la personne est toujours malade. Donc il faut prendre sur soi et avancer. »
En parles-tu autour de toi ?
« Au collège, si on ne me demande pas je n’en parle pas. Parce que je me dis que ça ne sert à rien d’embêter les gens avec mes problèmes. Ils ont leurs problèmes, je ne vais pas les embêter davantage. Mais pourtant, il ne faut pas hésiter à en parler, il ne faut pas en avoir honte. Ce n’est pas grave si on a un proche malade. Il faut être fier d’être un jeune aidant, d'être fort tous les jours et de se dire que, tous les jours, on vient en aide à une personne.
Ce serait utile de nous aider un peu parce qu’on travaille tous les jours. Normalement un enfant n’est pas censé faire autant de choses pour ses parents. Je pense qu’il faudrait que l'on soit plus reconnu. Parce qu’on saurait qui on est. Pour l’instant être jeune aidant ce n’est pas un concept très connu. Il faudrait que les gens sachent ce que l’on fait au quotidien. »
Marine Ilario © CIDJ
Article mis à jour le 17-05-2022
/ créé le 17-05-2022
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