Classes de 4e : un niveau inquiétant en français et en mathématiques

Les élèves sont évalués tout au long de leur parcours scolaire du premier et du second degré. Sur le plan national, ces évaluations offrent une vue globale et standardisée du niveau d’une cohorte d’élèves. Parallèlement, elles servent aux équipes pédagogiques pour affiner leurs connaissances des acquis de chacun des élèves avec l'objectif de mieux les accompagner. Instaurées en 2018 pour les élèves de CP, CE1, 6e et de 2e, les évaluations 2023 ont été élargies aux sections de CM1 et de 4e. Ce sont les résultats de ces dernières que Gabriel Attal a présentés et commentés dans une interview au quotidien Le Parisien – Aujourd’hui en France. Et le bilan demeure préoccupant. 

Des tests approfondis en français et en mathématiques 

Dès la rentrée scolaire, les élèves de 4° ont passé un test de fluence (lecture à voix haute) et plus tard, en septembre, des évaluations en français comme en mathématiques sur un support numérique. Au total, plus de 800 000 élèves étaient concernés dans plus de 7 000 établissements scolaires publics ou privés sous contrat. 

En français, comme en mathématiques, les évaluations portaient : 

• français :  compréhension de l’oral, compréhension de l’écrit, fluence, étude de la langue avec 2 tests spécifiques sur le lexique et la compréhension d’un texte ;
• mathématiques : espace et géométrie, grandeurs et mesures, nombres et calculs, organisation et gestion des données - fonctions avec 2 tests spécifiques sur la résolution de problèmes et les automatismes.

Ces évaluations ont permis de classer les élèves par groupe de maîtrise : à besoins (compétences non acquises), fragile (compétences à renforcer), satisfaisant (compétences acquises).

Globalement le niveau stagne et le collège peine à redresser la barre

« Les résultats ne sont pas satisfaisants et sont même… plutôt inquiétants », a ainsi commenté le ministre. Alors que l’on constate une progression du niveau des élèves à l'entrée en 6e, en 4e « le niveau stagne voir régresse…ce qui signifie que le collège ne parvient pas à réduire les écarts constatés à l’entrée en 6e».

En français, 32,5% des collégiens ont un niveau faible et 38,5% ont un niveau fragile tandis qu’un peu plus de la moitié des élèves ne lit pas convenablement. Pour les élèves « à besoins », les taux s'établissent à 7,2 % pour le lexique, à 12,1 % en grammaire, à 18,7 % en compréhension de l’écrit, à 19,1 % en compréhension de l’oral et à 27,3 % en orthographe.
En mathématiques, 33,3% des collégiens ont un niveau faible et 39,3% ont un niveau fragile ; plus de la moitié des élèves ne maîtrisent ni la résolution de problèmes ni la géométrie. Pour les élèves "à besoins", les taux plafonnent à 10,3 % en résolution de problèmes, à 11,6 % en automatismes, à 15,4 % en nombres et calculs, à 19,3 % en organisation et gestion de données, fonctions, à 19,9 % en grandeurs et mesure, et à 40,8 % en espace et géométrie.

En français comme en mathématiques, quels que soient les domaines concernés, les niveaux de maîtrise varient selon le secteur de scolarisation et le profil social de l’établissement. Ainsi, les élèves scolarisés en zones d'éducation prioritaire (REP, REP+) et dans les établissements les moins favorisés sont plus nombreux dans les groupes à faible niveau. Globalement, les filles affichent des performances supérieures aux garçons en français et inversement en mathématiques. 

« Le risque si on ne fait rien, c'est que notre collège tombe en panne »

Face à ce constat alarmant, Gabriel Attal prône des mesures fortes pour élever le niveau au collège en français et en maths tout en rappelant les bénéfices, déjà visibles, des récentes réformes mises en place en primaire (formation des enseignants, dédoublement des classes en REP, REP +) sur le niveau des élèves entrant au collège.

Pour relever le niveau, Gabriel Attal avance diverses mesures comme la mise en place de groupes de niveau en français et en mathématiques, des parcours renforcés avec des heures supplémentaires pour les élèves fragiles, la labellisation des manuels les plus efficaces. Toutes ces solutions sont actuellement à l’étude. « J’annoncerai des mesures début décembre sur le collège pour une entrée en vigueur dès la rentrée prochaine » s’est engagé le ministre de l’Éducation nationale.

Mais le sursaut ne viendra pas que du corps enseignant et des équipes pédagogiques, il doit être collectif a t-il précisé. Il faut que l’Éducation nationale alerte davantage les parents sur les dangers d’une trop longue exposition aux écrans dès le plus jeune âge, qu’elle informe sur les solutions éducatives alternatives. Améliorer le niveau des élèves, mieux informer élèves et parents sur les bonnes pratiques pour faciliter l’acquisition des apprentissages... Après les mesures à destination de l'école primaire, la réforme du bac et de la voie professionnelle, actuellement en cours, c’est maintenant au tour du collège d'opérer sa mue.  

Josée Lesparre © CIDJ
Actu mise à jour le 21-11-2023 / créée le 21-11-2023