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En voie pro : déficit de prévention et de formation face aux risques professionnels
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Bien que surexposés aux risques chimiques et physiques, les jeunes de la voie professionnelle manquent de prévention comme de formation suffisantes. Un constat a nuancer selon les filières. L’industrie fait ainsi figure de bon élève.
Des expositions à des risques qu’ils ignorent
À l’issue d’études en voie professionnelle, lors de leur entrée sur le marché du travail, les jeunes occupent souvent des postes d’ouvriers et d’employés. Plus jeunes et moins diplômés que leurs homologues de la voie technologique et générale, ils occupent des postes à faible qualification à même de les exposer davantage aux risques chimiques et physiques. Ainsi, selon un récent rapport de la Dares, 9 jeunes sur 10 se trouvent exposés au moins à un risque physique et chimique, et 6 sur 10 à 3 risques ou plus (notamment dans l’agriculture, l’industrie et la construction). Plus de la moitié d’entre eux sont confrontés à la réalisation de tâches répétitives, au port de charges lourdes et à des risques de blessures et d’accidents. Un tiers d’entre eux travaillent dans un environnement bruyant ou se trouvent en contact avec des produits dangereux, et même exposés à des fumées ou des poussières. D’une façon générale, les jeunes de la voie professionnelle se déclarent insuffisamment informés pour prévenir ces risques aussi bien durant leur cursus (28%) qu’une fois en poste (42%). Néanmoins, plus les sortants de la voie professionnelle sont exposés aux risques chimiques et physiques, plus ils ont été informés des risques encourus durant leur cursus et mieux équipés une fois en poste. Des résultats assez encourageants au regard des risques auxquels ils peuvent être confrontés.
Des secteurs d’activité à forte exposition et un plan pour les jeunes
Les trois secteurs qui emploient le plus grand nombre de jeunes multiexposés aux risques professionnels (trois risques et plus) sont le commerce, l’industrie, la santé humaine et l’action sociale. Parmi les secteurs les plus « protecteurs » arrive en tête l’industrie. Les jeunes sortants exposés à trois risques ou plus y déclarent moins souvent que la moyenne l’absence d’un tuteur, de formation, de consignes sur la santé et d’équipements de protection individuels (EPI). Dans le commerce et la réparation automobile, la santé et l’action sociale, les multiexposés à trois risques et plus déplorent autant - voire plus fréquemment que la moyenne - le manque d’actions de prévention, de formation et d’EPI ou leur insuffisance lorsqu’ils existent. En raison de leur inexpérience et de leur méconnaissance de leur nouvel environnement de travail, les jeunes actifs se trouvent comparativement victimes d’un plus grand nombre d’accidents de travail que leurs aînés. 8% des 15-24 ans ayant travaillé dans les 12 derniers mois ont eu un accident du travail contre 5% à tout âge (dont 37 accidents mortels en 2021). Afin de lutter contre cette sinistralité importante, le Plan 2022-205 pour la prévention des accidents du travail graves et mortels a fait des jeunes sa cible prioritaire. Ce plan propose une meilleure sensibilisation des jeunes à la sécurité au travail tant dans leur cursus de formation que sur leur lieu de travail (actions de prévention ciblées, parcours d’intégration). « La sensibilisation, a fortiori lorsqu’il s’agit d’un public jeune, constitue un levier essentiel pour favoriser l’adoption de comportements prévenant les risques professionnels », rappelle le ministère chargé du Travail.
Josée Lesparre © CIDJ
Actu mise à jour le 29-01-2024
/ créée le 29-01-2024
Crédit photo : Kittisak Kaewchalun - iStock