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Repas à 1 euro pour tous les étudiants : un rejet qui passe mal
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Le 9 février dernier, les députés de l’Assemblée nationale refusaient la généralisation de l’accès des repas à un euro pour tous les étudiants. Face à ce rejet, les syndicats étudiants expriment leur déception, au moment où les files d’attente dans les distributions alimentaires continuent de s’allonger.
Pour les concernés, c’est un rejet qui passe mal. Le 9 février 2023, l’Assemblée nationale refusait à une voix près (183 pour, 184 contre) l’adoption d’une proposition de loi visant à généraliser l’accès des repas à 1 euro à tous les étudiants. Porté par le groupe socialiste, le texte a fait l’objet d’un rejet massif de la part des députés Renaissance, parti de la majorité présidentielle à l’Assemblée.
62% des étudiants ne perçoivent pas de bourse
Pour rappel, les repas à 1 euro existent au sein des Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous), depuis la crise sanitaire, en 2020. À l’origine réservé aux étudiants boursiers, le dispositif avait été étendu l’année suivante à la totalité des étudiants de l’enseignement supérieur. Mais, pour la période 2022/2023, seuls les étudiants boursiers bénéficient de ce tarif. En suivant une procédure dérogatoire, les étudiants non-boursiers en situation de précarité, peuvent toutefois demander l’attribution de cette aide. Par principe, pour les étudiants non-boursiers, le prix d’un repas dans un restaurant universitaire est fixé à 3,30 euros.
Selon les derniers chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, sur la période 2021/2022, 62% des étudiants n’étaient pas boursiers. Sur les près de trois millions d’étudiants, cela représente ainsi un total de près de deux millions de personnes.
« Universalité à géométrie variable »
Pour refuser la proposition de loi socialiste, les députés de la majorité ont notamment invoqué le caractère « injuste » d'une telle mesure. « Les enfants de votre ami Bernard Arnault pourront aller au Crous et ne payer qu’un euro », a, entre autres, asséné aux parlementaires soutenant le texte le député Renaissance Sylvain Maillard dans l’Assemblée.
Pour Félix Sosso, porte-parole de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), cette argumentation ne passe pas. « Des enfants de milliardaires qui mangent au Crous, on n’en voit pas beaucoup. Surtout, le risque de non-recours d’étudiants non-boursiers qui ne se déclarent pas précaires, alors qu’ils peuvent bénéficier eux aussi des repas à un euro est un réel problème ».
18% de hausse de la fréquentation des Restos du Cœur
Pour le porte-parole de la Fage, la majorité présidentielle à l’Assemblée défend une « universalité à géométrie variable » : « Lorsque le gouvernement a instauré le bouclier tarifaire pour limiter le prix de l’électricité, il l’a fait pour tous les ménages. Le critère des bourses n’est pas un indicateur efficace pour cibler les étudiants en difficulté financière ». De son côté, la présidente de l'Union nationale des étudiants de France (Unef), Imane Ouelhadj, a déploré sur Franceinfo, le rejet de ce texte. « En tant qu'étudiants, on se sent complètement lésés. Nous sommes déçus et dégoûtés car nous avions un peu d'espoir. »
Au sein des distributions alimentaires, les files d’attente ne désemplissent pas. Le constat que nous établissions début novembre 2022, notamment auprès des bénéficiaires de l'association Linkee, demeure voire s’amplifie. Sur le terrain, les Restos du Cœur observaient, fin novembre 2022, une hausse de 18% du nombre de personnes aidés, souvent sur le plan alimentaire. L’association estime par ailleurs que 50% des personnes qu’elle accueille ont moins de 25 ans.
Un contexte inflationniste qui subsiste
Du côté des « Agoraé », les épiceries solidaires étudiantes de la Fage, le constat d’une hausse de la fréquentation est partagé. « Depuis le début de l’année 2023, on aide de plus en plus une nouvelle population d’étudiants. Souvent, ces jeunes ne rentrent pas dans les critères pour être boursier car ils sont issus de la classe moyenne. Mais ils connaissent parfois des périodes de grande précarité », explique Félix Sosso.
D’après les derniers chiffres de l’Insee, publiés le 17 février 2023, l’indice des prix à la consommation (IPC) poursuit sa montée. Sur une année, l’IPC affiche une progression de 6% en janvier 2023, soit +0,4% de hausse par rapport au mois de décembre. Les prix de l’alimentation continuent également de s’accroître : ils ont bondi, début 2023, de 13,3% en un an. Au regard de la conjoncture économique inflationniste, l’affluence des étudiants auprès des points de distribution alimentaire risque bien de s’inscrire dans la durée.
Florian Mestres © CIDJ
Actu mise à jour le 23-02-2023
/ créée le 23-02-2023
Crédit photo : Linkee