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Usage des écrans : de la difficulté à trouver un consensus
- Prévention
La « commission écrans » souhaitée par le chef de l’État a tenté de « déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants ». En dehors de l’école, elle proscrit l’usage des appareils numérique en dessous de 11 ans. À l’école, elle prône la modération.
Préserver les enfants et les adolescents des écrans
La commission met en avant dans son rapport au titre évocateur – À la recherche du temps perdu – la nécessité de protéger les jeunes des effets négatifs d’une exposition trop précoce aux écrans. Elle s’appuie sur un consensus scientifique qui établit « des conséquences néfastes des écrans sur plusieurs aspects de la santé somatique des enfants et des adolescents » (sommeil, sédentarité, problèmes de vue...). Les recommandations formulées s’articulent de manière progressive, adaptées à l’âge et à la maturité du jeune. Ainsi, les experts recommandent de proscrire tout écran de la vie des enfants avant l’âge de trois ans. Jusqu’à six ans, leur utilisation reste fortement déconseillée, sauf pour des contenus éducatifs « de qualité », en présence d’un adulte. De même, la commission pointe du doigt les jouets connectés, à l’exception des boîtes à histoires, et préconise leur interdiction. Au-delà de cet âge, une exposition modérée et contrôlée devient envisageable. Du côté des téléphones portables, leur possession ne devrait intervenir qu’à partir de 11 ans, selon le rapport. À ce stade, le jeune entre au collège et devient peu à peu plus autonome. Certaines activités s’effectuent sans accompagnement (se rendre au collège, les activités sportives...). Un téléphone portable sans connexion à Internet suffit alors pour rester en contact avec ses parents ou ses éducateurs. Le smartphone devient possible à 13 ans, mais sans accès aux réseaux sociaux, qui deviennent autorisés à 15 ans, pour les plus éthiques d’entre eux.
Les experts préconisent d’autoriser les réseaux sociaux dits « éthiques » aux jeunes à partir de 15 ans. Faute de lister ces plateformes adaptées aux adolescents, la commission préfère définir les mécanismes problématiques des réseaux sociaux actuels qui rendent addictifs les jeunes (fil d’actualité au déroulement infini...) et les enferment dans une réalité (bulle algorithmique). Certains contenus doivent également être évincés, comme la pornographie, l’extrême violence, les stéréotypes ou « les représentations délétères » sur différents sujets (relations femme/homme, sexualité...).
Utilisation limitée sur le temps scolaire à l’heure des ENT généralisés
Si l’outil numérique peut représenter un atout pédagogique, le rapport préconise une approche mesurée dans le milieu scolaire. L’utilisation des écrans doit répondre aux impératifs sanitaires, pédagogiques et d’impact environnemental. Sans oublier le volet économique, dit de dépenses de « deniers publics », ou comment s’imposer de démontrer au préalable au déploiement de nouveaux outils leur pertinence en regard des coûts engagés. Ce qui conduit la commission à recommander dans la foulée d’évaluer en amont et précisément l’utilité d’une solution technologique avant un éventuel déploiement. À l’instar de l’utilisation des écrans dans le cadre privé, la commission recommande de suivre certaines étapes pour les introduire dans le milieu scolaire : aucun écran en maternelle, pas d'équipement individuel et utilisation limitée au pédagogique (pas d’écran ludique) en élémentaire. Seule exception : les équipements nécessaires aux élèves à besoins particuliers (handicap, maladie...) qui doivent rester accessibles en permanence. Dans l’enseignement secondaire, l’interdiction des portables se révèle globalement respectée dans les collèges, mais les experts appellent tout de même à son renforcement. Quant au lycée, aucune prohibition des téléphones envisagée, mais des expérimentations, comme des espaces sans portables ou des « lycées sans smartphone ». La commission porte également son attention sur les environnements numériques de travail (ENT) et le logiciel Pronote. Les élèves se retrouvent paradoxalement incités à passer du temps sur leur ENT tout en réduisant leur temps d’écran. Le rapport préconise de paramétrer l'interface élève de telle manière que les notifications et les mises à jour ne puissent être envoyées, par exemple, que de 7h30 à 19h.
Un besoin de formation identifié et plus que nécessaire
Il reste que le numérique imprègne la vie quotidienne des jeunes et des adultes. Les experts reconnaissent d’ailleurs que « la formation et la bonne maîtrise de l’outil numérique par la jeunesse de notre pays représentent [...] un véritable enjeu de souveraineté et de compétitivité ». Mais aucun consensus n’a pu se dégager des débats menés au sein de la commission concernant « un idéal de mobilisation de l’outil numérique en termes d’équipement et d’usages pédagogiques ». L’école doit en outre permettre aux jeunes de « s’approprier les connaissances et les compétences techniques indispensables de “littératie numérique” et ce, dès le primaire. Selon le rapport, l’apprentissage du numérique peut s’effectuer sans avoir recours aux écrans, par exemple en programmant de petits robots. Il serait également nécessaire de donner les « principales clés du numérique » aux enfants, en les éduquant sur le fonctionnement de leur cerveau, en les sensibilisant aux risques sanitaires ou encore en leur enseignant les droits et devoirs dans la vie numérique. En parallèle, les adultes au contact des jeunes (parents, enseignants, éducateurs...) doivent être accompagnés et formés pour guider les jeunes dans leur usage du numérique. Enfin, la commission, consciente de l’évolution des besoins physiologiques des adolescents qui se manifeste par un décalage de l’horloge interne conduisant à un endormissement et un réveil plus tardifs, propose une mesure inédite. Elle suggère de repousser le début des cours à 10 heures, à partir du collège…
Fiona Simoens © CIDJ
Actu mise à jour le 24-05-2024
/ créée le 24-05-2024
Crédit photo : Halfpoint -iStock