Bataille des étiquettes Score environnemental Vs score nutritionnel : quand le vert cache le gras
En bref
- De bons scores environnementaux peuvent influencer positivement la perception de produits aux qualités nutritionnelles douteuses.
- La multiplicité des labels sur les emballages favorise la confusion des consommateurs.
- Une récente étude démontre que l’effet de halo peut nous conduire à nous tromper à coup sûr au moment de choisir.
Des scores en bataille
L’excès de transparence nuit à la performance. Cet avertissement n’existe pas encore et c’est bien dommage. Car, à force d’apposer de nouvelles étiquettes sur les produits de « consommation courante », le « consommateur courant » s’y perd. En sus du Nutri-score et de l’Ecobalyse, l’été 2024 a apporté un nouveau venu sur les emballages de certains produits transformés (pizzas surgelées, plats préparés, yaourts aromatisés…). Origin’Info lève le voile sur l'origine des principales matières premières agricoles utilisées dans la confection de produits transformés. Il s’ajoute à deux autres, l’Eco-score et le Planet-score, toujours en attente de publication du décret d'application de la loi Climat et Résilience. Mais attention, ces deux « scores », bien que partageant une même échelle de notation de A à E, diffèrent dans leur approche. L'Eco-score s'appuie principalement sur l'analyse du cycle de vie du produit (ACV), tandis que le Planet-score intègre des facteurs supplémentaires comme le respect de la biodiversité, l'utilisation de pesticides, le bien-être animal ou la rémunération des producteurs. Faut suivre ! Et ce n’est pas évident tant ces excès de transparence risquent de semer la confusion. Gare à l’ « effet de halo » ! Ce biais cognitif nous conduit à généraliser une impression positive -ou négative- à partir d’un seul et unique attribut d’une personne ou d’un objet. Les publicitaires en abusent avec toujours la même recette : un beau produit est bon produit.
De la confusion des sentiments au détriment des ingrédients
Porté sur le front des sentiments, cela donne ceci. Lors d’un date avec une personne physiquement attirante, les premières secondes s’avèrent cruciales pour tomber sous le charme de son sourire, de son style et de sa manière de parler. Cette première impression positive peut déclencher un effet de halo. Sans même connaître cette personne, il y a de grandes chances que vous supposiez qu'elle soit gentille, drôle et intelligente. Au fil de la conversation, vous serez probablement tenté de minimiser les traits moins séduisants, voire à occulter l’évidence : votre crush parle beaucoup trop de lui-même ! Ce biais cognitif ne se cantonne pas aux relations interpersonnelles pour se porter sur notre perception des objets comme des aliments. Une enquête menée par des chercheuses de l’université Justus-Liebig, en Allemagne, et relayée par un article d’UFC Que choisir, illustre ce phénomène. Des milliers de participants ont été chargés d’évaluer des paquets de chips, de pâtes et de yaourts portant différents scores environnementaux (A, C et E). Et sans surprise, les produits jouissant d’un bon éco-score ont été perçus comme meilleurs pour la santé et plus savoureux. À l’inverse, les autres ont été jugés moins équilibrés et moins appétissants. Or, pour rappel, dans cette expérience, les « scores » ne mesuraient que l’impact environnemental des produits et non leurs valeurs nutritionnelles. Cette étude se veut donc un (r)appel à la vigilance. Aussi, pour se départir de tout biais cognitif, il reste à déchiffrer avec attention toutes les étiquettes ou à reposer directement ce paquet de biscuits industriels. Sa note environnementale flatteuse masque peut-être une composition nutritionnelle douteuse. La morale ? Ne jamais s’emballer, en rayon comme en tête à tête… avec un date.