Préservatifs gratuits : les modèles féminins sont enfin concernés

En bref

Après l’accès gratuit en pharmacie, pour les moins de 26 ans, de certains préservatifs masculins, c’est au tour des modèles féminins d’être 100% pris en charge par l’Assurance maladie. Moins répandue, la version interne de la capote, quand elle est bien utilisée, est pourtant tout aussi efficace que son homologue masculin. Cette gratuité, effective depuis le 9 janvier 2024, vise à renforcer la lutte contre le sida et les IST.

les préservatifs féminins désormais gratuit en pharmacie pour les moins de 26 ans Crédit : Reproductive health supplies coalition - Unsplash

Méconnu, mais pratique

Enfin un préservatif féminin gratuit ! Jusqu’ici, seuls les préservatifs externes, dit « masculins », pouvaient être délivrés gratuitement en pharmacie aux jeunes de moins de 26 ans. La version féminine du préservatif avait été exclue de cette mesure adoptée le 1er janvier 2023. Tout comme un an plus tôt elle avait été « oubliée » de l'arsenal contraceptif pris en charge par l’Assurance maladie pour les jeunes filles jusqu’à 25 ans, à l’instar des pilules de 1?? et de 2? génération, des implants ou des dispositifs intra-utérins (DIU). Il aura donc fallu attendre la loi de financement de la sécurité sociale 2024 pour qu'un changement s'opère.

Depuis le 9 janvier 2024, certains préservatifs dits « féminins », appelés aussi internes (car pouvant être utilisés aussi par des hommes) deviennent gratuits en pharmacie pour les jeunes. Et c’est une bonne nouvelle parce que leur prix élevé freinait leur usage. Mais aussi parce que ces modèles fabriqués en polyuréthane ou en nitrile se montrent plus solides, mais conviennent de fait aux personnes allergiques au latex. Enfin, dernier atout, contrairement à la version masculine, le modèle interne peut être mis plusieurs heures avant un rapport sexuel.

Focus

Comment mettre un préservatif « féminin » ? Contrairement au préservatif « masculin » qui est externe, puisqu’il se place sur le pénis, le préservatif interne (qui n’est d’ailleurs pas que féminin, puisqu’il peut être utilisé par des hommes) se place dans le vagin ou dans l’anus. À part ça, il fonctionne exactement de la même façon : empêcher le passage des fluides sexuels entre des partenaires. Plus d'informations sur le site du Planning familial. Par ailleurs, Santé Publique France a publié un mode d'emploi du préservatif féminin à destination des adultes.

L’amour sans le prix

Plus d’excuses pour ne pas se protéger. La prise en charge à 100% par l’Assurance maladie ne s’applique toutefois que sur certaines références. À savoir les marques Eden, Sortez couverts et Be Loved pour les préservatifs masculins et Ormelle pour les préservatifs internes. Pour en bénéficier, les 18-25 ans doivent présenter au pharmacien leur carte vitale ou une attestation de droits ou à défaut une pièce d’identité. Pour les mineurs, une simple déclaration sur l’honneur est nécessaire pour justifier de son âge ou de son statut d’assuré social. Les titulaires de l’aide médicale d’État (AME) et les ressortissants de l’Union européenne peuvent également en bénéficier sur présentation de leur carte AME ou de la carte européenne d’assurance maladie.

Pour les plus de 26 ans, pas de gratuité cependant ces mêmes marques sont remboursables à 60% sur ordonnance. Autrement, il est toujours possible de se ravitailler gratuitement dans les centres de santé sexuelle, dans les centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic et dans les associations de lutte contre le VIH. Rappelons que le préservatif, externe comme interne, est le seul moyen de contraception qui permet d’éviter aussi les infections sexuellement transmissibles (IST).

Focus

De plus en plus d’hommes recourent à la vasectomie. La contraception n’est pas seulement l’affaire des femmes, pourtant ce sont bien souvent à elles que revient cette responsabilité. À peine un tiers des hommes prend en charge la question de la contraception dans un couple hétéronormé. La Haute autorité de santé (HAS) reconnaît trois modes de contraception masculine : le préservatif, le retrait (quoique risqué, car peu fiable) et la vasectomie. Cette dernière méthode, définitive, consiste en une intervention chirurgicale courte. Le nombre de vasectomies a été multiplié par 15 ces douze dernières années, jusqu’à dépasser celui des stérilisations féminines, selon l’Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

Forte augmentation des IST

Dernièrement, les infections sexuellement transmissibles bactériennes à la chlamydia, aux gonococcies et à la syphilis ont fortement augmenté, d’après les données publiées par Santé Publique France en novembre 2023. Avec 102 cas pour 100 000 habitants, la proportion d'infection à la chlamydia a augmenté de 16% entre 2020 et 2022. Sur la même période, la hausse grimpe à 91% pour les gonococcies (avec 44 cas pour 100 000 habitants) et 110% pour la syphilis (21 cas pour 100 000 habitants).

Ces IST qui se soignent avec des antibiotiques, ne sont pourtant pas sans risque sur la santé et peuvent entraîner des complications (graves infections, infertilité, cancer…). Sans oublier que l’infection d’une IST augmente le risque de transmission du VIH. D’où l’importance de prévenir au maximum les risques, notamment via l’utilisation d’un préservatif lors des relations sexuelles vaginales, orales et anales. Il convient également de rappeler que les dépistages du VIH sont gratuits et sans ordonnance. Pour cela, pas besoin de rendez-vous, il suffit de se présenter dans un laboratoire et le prélèvement sanguin se fait immédiatement.

Focus

Préservatif interne ou externe : l’un ou l’autre, mais jamais les deux en même temps. Au moment de la pénétration, il faudra se mettre d’accord sur qui porte le préservatif ! Comme le rappelle Santé publique France sur le portail QuestionSexualité, un préservatif interne, placé à l’intérieur du vagin ou de l’anus, ne doit jamais être utilisé en même temps qu’un préservatif externe, car cela risquerait de le déchirer. En revanche, un préservatif peut être utilisé en complément d'une autre méthode de contraception comme la pilule, l'implant ou le DIU.