Actualité Le préservatif gratuit : une mesure qui emballe les jeunes
En bref
- À l’heure où le nombre d’infections sexuellement transmissibles (IST) repart à la hausse, en particulier chez les moins de 26 ans, deux millions de préservatifs gratuits ont été distribués en pharmacie durant le mois de janvier 2023. C'est quatre fois plus que l'année précédente à la même période.
Lancée depuis le début janvier 2023, la distribution gratuite de préservatifs pour les jeunes de moins de 26 ans, est une mesure qui séduit : en un mois, 2 millions de préservatifs ont ainsi été distribués contre 500 000 à la même période l’année dernière. Avec ce dispositif, le gouvernement espère lutter plus efficacement contre les infections sexuellement transmissibles (VIH, chlamydia, gonocoque, blennorragie, herpès, syphilis..) qui connaissent un regain de vigueur parmi la jeune génération.
Trois fois plus de bénéficiaires que l’année dernière
Depuis le 1er janvier, tous les jeunes de moins de 26 ans peuvent obtenir gratuitement des préservatifs masculins en pharmacie. Désormais, il n’est plus nécessaire pour les majeurs de disposer d’une ordonnance médicale ou pour les mineurs de se rendre dans des centres de dépistage, des associations de prévention ou à l’infirmerie scolaire, il suffit simplement de s’adresser à une pharmacie partenaire du dispositif.
Pour obtenir une boîte de préservatifs gratuite, les jeunes majeurs doivent présenter leur carte vitale ou une attestation de droits (ou à défaut une pièce d’identité). Pour les mineurs, une simple déclaration sur l’honneur est nécessaire pour justifier de leur âge ou de leur statut d’assuré social. Les titulaires de l’aide médicale d’Etat (AME) et les ressortissants de l’Union européenne peuvent également en bénéficier sur présentation de leur carte AME ou de la carte européenne d’assurance maladie.
Effet direct de la généralisation de cette gratuité, la délivrance de préservatifs a connu un bond spectaculaire depuis le début d’année. En un mois, 2 millions de préservatifs ont été distribués soit 3 fois plus que l’année dernière à la même période. Même si « ce sont des estimations statistiques en attendant les chiffres de l’assurance maladie, la mesure est clairement un succès » reconnaît Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France. Autre motif de satisfaction, le nombre de pharmacies participantes à l’opération a également progressé. Elles sont désormais 16 000 contre 12 000 en janvier 2022.
Prévenir les IST
Annoncée par Emmanuel Macron lors d’une session territoriale du Conseil national de la refondation (CNR) dédiée à la santé des jeunes en décembre 2022, cette mesure vise avant tout à renforcer la prévention auprès des jeunes dans un contexte de reprise des IST.
D’après Santé Publique France, le taux d’incidence des diagnostics de chlamydia chez les femmes de moins de 25 ans est passé de 3,2 personnes pour 1 000 en 2018 à 5,2 pour 1 000 en 2021 quand il a doublé pour les hommes de cette même tranche d’âge pour la même période (2,9 pour 1 000 en 2021 contre 1,4 pour 1 000 en 2018). Ainsi, dans les centres gratuits de dépistage et de diagnostic, désormais 65% des détections de chlamydia et 42% des détections de gonocoque ont lieu chez les moins des 26 ans (les chiffres sont également élevés dans les laboratoires privés). Des chiffres en progression pour ces deux infections alors qu’en parallèle, le nombre de nouveaux cas d’infection au VIH chez les jeunes stagne. En 2021, 15% des personnes ayant découvert leur séropositivité étaient âgées de moins de 25 ans comme en 2017.
Même si la gratuité du préservatif ne mettra pas "fin à l’épidémie des IST" reconnaît Delphine Rahib, chargée d'étude en santé sexuelle chez Santé Publique France, ce dispositif "améliore l’image du préservatif, favorise son acceptation par l’autre partenaire et facilite son accès". Ces premiers chiffres, juste après son lancement, "montrent que les jeunes ne sont pas complètement inconscients et qu'ils ont envie de se protéger" poursuit la chargée d'étude. Plus largement, ils donnent de l’espoir au gouvernement dont l’objectif reste d’éradiquer l’épidémie de Sida d’ici 2030.