Interview “ Pour protéger les plus jeunes, notre premier réflexe serait d’interdire GPT. Mais l'interdiction n'est jamais une solution ”

Perrine Basset Feriot
Publié le 16-01-2023

En bref

  • Maître de conférences à l’université de Nantes, Olivier Ertzscheid s’intéresse à tout ce qui touche aux évolutions du numérique.
  • Pour lui, l’utilisation du ChatGPT n’est pas incompatible avec le système scolaire, mais elle doit être accompagnée, dans une démarche pédagogique.
  • Pour cela, il aide ses élèves à démystifier cet outil.
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Le maître de conférence Olivier Ertzscheid préfère décomposer les intelligences artificielles avec ses élèves afin de leur en montrer les usages et les limites. Crédit : Jéronimo Acero
Les étudiants utilisent le plus souvent l'intelligence artificielle pour les études, mais aussi pour trouver de l'inspiration.
78% des 16-25 ans ont déjà utilisé un outil d'intelligence artificielle. Crédit : Perrine Basset Fériot - CIDJ
Aujourd'hui, l'IA est présente dans de nombreux domaines et facilite notre quotidien, avec des moteurs de recherche, assistants vocaux... Crédit : Vie Publique
95% des emplois sont non remplaçables par l'IA.
Les avancées récentes dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) ont parfois abouti à des craintes du remplacement de l'humain par les machines. Crédit : Jacky Jannot - CIDJ

Comment ne pas céder à la panique que l'arrivée de Chat GPT suscite au sein du système éducatif ?

En commençant par se souvenir des précédentes paniques, justement. Avant GPT, il y a eu l’arrivée de Wikipédia et l’impression que ça n’allait plus servir à rien de faire cours, que les bibliothécaires allaient disparaître et que les copies des élèves seraient toutes identiques. Et ça a été le même scénario pour l’arrivée des moteurs de recherche. Mais finalement, ça ne s’est jamais produit. Quand une technologie devient accessible au grand public, c’est normal qu’elle effraye. C’est pour cela qu’il faut rapidement en parler avec les élèves, montrer la puissance de l’outil, mais aussi ses limites. Car GPT est capable de faire des erreurs :  il mélange par exemple des évènements qui ont eu lieu pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale. 

C’est une technologie qui secoue les représentations du monde éducatif, et notre premier réflexe pour protéger les plus jeunes, c’est d’interdire GPT. Mais interdire une pratique n’a jamais été une solution. Au contraire, cela donne encore plus envie de la tester. On se paralyse via des peurs anciennes, mais tous les lycéens ne veulent pas tricher. Ils ont, comme nous, le désir de s’en servir. C’est pour cela qu’il faut être là, pour expliquer en quoi cela consiste et ne pas dramatiser la chose. 

J’ai déjà prévu de l’utiliser pour aborder certains concepts, pour inviter les étudiants à en tester les limites. Par exemple, je vais leur proposer de demander à ChatGPT d’écrire une introduction au prochain cours de culture numérique. Ensuite, on pourra comparer chacune des réponses, la manière dont ils ont posé la question, des informations sont-elles fausses et pourquoi… Ce qui est intéressant, c’est d’essayer de comprendre comment les connaissances sont créées, en comparant les réponses du chat à d’autres sources en ligne. En décomposant la technologie, on gomme le côté “magique” de l’outil. Et même si, à la première utilisation, on est bluffé, on s'aperçoit rapidement des limites. On sait aujourd’hui qu’une nouvelle version est en préparation, qui sera sûrement encore plus extraordinaire que celle-ci. Mais sur plein de sujets, les interactions humaines resteront toujours essentielles et demeurent plus importantes qu’un générateur de texte. 

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