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Cours à distance : 3 conseils pour garder le moral et la motivation

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Cours à distance : 3 conseils pour garder le moral et la motivation

Le 2e confinement a sonné la fin du présentiel dans les universités et écoles du supérieur pour une large majorité d’étudiants, quelques semaines seulement après la reprise. À nouveau confrontés aux cours à distance, les étudiants doivent maintenir le cap. Voici 3 conseils pour garder le moral et la motivation afin d'éviter les situations de décrochage.

En dehors de certaines formations techniques, artistiques, scientifiques ou sportives, qui sont autorisées à accueillir des étudiants en petits groupes pour les cours pratiques, une large majorité sont à nouveau contraints de suivre l’intégralité de leurs cours à distance. Pas évident, même après l’expérience de l’année dernière. D’autant plus pour les étudiants en 1re année qui arrivent du lycée. Pour les autres, c’est rebelote, mais avec une sensation de déjà vu un brin usante face à l’incertitude de la situation sanitaire. Comment garder le moral et la motivation dans ces circonstances ? Voici 3 conseils pour vous aider à tenir le cap.

Conseil n°1 : Gardez un rythme régulier et dormez suffisamment

Une enquête de l’Observatoire de la vie étudiante sur le 1er confinement a révélé que la première difficulté pointée par les étudiants est la difficulté à organiser son temps et son travail personnel en situation de cours à distance. « Nous avons aussi constaté cela. Pour le 2e confinement, nous n’avons pas assez de recul, déclare Laurentine Véron, psychologue co-fondatrice de l’association Apsytude qui intervient auprès des étudiants en partenariat avec des Crous. Mais il faut savoir que c’est toujours difficile pour les primo étudiants de s’organiser. Ils viennent d’un environnement très cadré au lycée avec un emploi du temps fixe, une obligation d’assiduité, des devoirs à rendre. Lorsqu’ils arrivent dans l’enseignement supérieur, les modes de travail ne sont pas les mêmes, les attentes sont rarement aussi verbalisées. Certains y arrivent sans problème, d’autres papillonnent un peu durant un semestre ou deux et quand ils réalisent qu’il faut se mettre à travailler, ils ne savent pas comment s'y prendre », analyse la psychologue. Il est vrai que ce confinement qui intervient en début d’année n’arrange pas les choses.

« Nos étudiants n’ont eu que 3 semaines de cours avant le reconfinement. En plus, dès septembre, nos deux classes de 1re année ont été scindées en 4 ateliers, ils n’ont jamais eu de cours ensemble en tant que classe. Les professeurs les ont très peu vus. Et nous sommes inquiets du risque de décrochage », indique Juliette Beauchot, directrice des études à l’École supérieure d’art et de design d’Orléans. En confinement on ne vit pas comme d’habitude, la notion du temps est bouleversée. Il est tentant d’étudier la nuit et de dormir le jour. Mais sachez qu’il est préférable de rester au plus proche du rythme que vous auriez en présentiel.  « Il est sans doute plus simple de ne pas se présenter en cours ou de ne pas être très attentif car on a peu dormi, lorsqu’on est en visio plutôt qu’en salle de cours, souligne Laurentine Véron. Or bien dormir est très important. Le sommeil est nécessaire pour le bien-être physiologique et psychologique, il influe sur nos pensées et notre moral. Pour certains, la crise sanitaire va agir comme un facteur aggravant des symptômes ou difficultés existantes, pour d’autres, elle va être la cause qui fait naître le mal-être avec l’isolement et la distance ».

« Des étudiants de L3 nous ont fait parvenir un courrier collectif pour nous dire qu’ils n’y arrivent plus avec ces pastilles audio ou vidéo qu’ils doivent écouter et regarder. Ils étaient contents de reprendre à la rentrée et ont envie de revenir à la fac. En amphi, ils se sont montrés encore plus présents et attentifs que d'ordinaire, alors que seuls chez eux devant leur écran, ils ont plus de mal à fournir les efforts nécessaires et risquent davantage de décrocher », remarque Pascal Mallet, psychologue et professeur à l’université Paris Nanterre. « Dans cette situation, l’objectif est de maintenir une activité intellectuelle et que les étudiants progressent, même s’il y a moins de contenus ».

Conseil n° 2 : Maintenez une vie sociale, malgré la distance

« La différence notable avec le précédent confinement, c’est la période de l’année où il intervient. Les étudiants se sont peu vu, ils n’ont pas eu le temps de créer des liens, de constituer des réseaux », explique Laurentine Véron. Et c’est aussi un moment où des interrogations sur l’orientation peuvent surgir. Des étudiants vivent leurs premiers échecs, d’autres se rendent compte que la formation choisie n’est finalement pas la bonne... » Cela peut être déstabilisant de faire face à ces difficultés. Le manque d’interactions sociales peut accentuer ce sentiment d’isolement. « En plus des enseignements et des perspectives professionnelles qu’elle peut offrir, l’université a aussi un rôle de socialisation. Participer ensemble à un cours en amphi, c’est la vie sociale, c’est ça être étudiant », rappelle Pascal Mallet.

Se croiser à l’inter-cours, prendre des pauses café, manger ensemble au resto U, faire un voyage pédagogique... Tous ces moments de la vie étudiante sont mis entre parenthèses. « Ce qui est très difficile, c’est qu’on se rencontre peu alors qu’en 3e année on travaille beaucoup en groupe. C’est l’occasion de créer des liens durables avec des personnes qui vont travailler dans le même domaine plus tard », regrette Lulla, en école d’ingénieurs. Ses professeurs ont mis en place des espaces de parole en visioconférence, en soirée. « Ça amène un peu de convivialité là où ça manque », admet l'étudiante. Peut-être une idée à soumettre pour conserver du lien dans une promo ?

« Il faut essayer de voir comment, malgré la distance, on peut mobiliser des choses de l’ordre de rapports sociaux un peu plus classiques et informels », conseille Laurentine Véron. Regardez ce qui est proposé dans votre établissement : des associations étudiantes se mobilisent, ainsi que les Crous ». À Lyon, par exemple, le Crous est mobilisé sur les réseaux sociaux pour tous les étudiants avec le programme Fil’free : recettes, infos, astuces, jeux-concours. Il y a aussi le groupe public Facebook Chill ton Crous, animé par plusieurs Crous à travers la France, qui propose des idées, des ressources, des actions de solidarité.

« Cette période fait aussi naître plein d’initiatives. Alors, oui, il faut farfouiller un peu sur Internet et les réseaux sociaux pour trouver !, ajoute Laurentine Véron. « C’est dur d’être confiné mais on peut aussi en retirer quelque chose de bénéfique, développer des compétences qu’on pourra utiliser par la suite », poursuit-elle. « Il faut essayer de tirer profit d’une situation compliquée pour en faire une force. L’enseignement de la création s’enrichit par la contrainte. La résilience est un facteur positif pour les créateurs, explique Juliette Beauchot. Bien sûr, avec la situation actuelle, il faut être vigilant. Les coordinateurs pour chaque niveau d’études nous remontent les difficultés des étudiants. Et nous faisons le relais vers les structures d’aide psychologique en cas de besoin. »

« S’adapter dans ce genre de crise, c’est possible. Mais lorsque cela nécessite tellement d’efforts et lorsqu’on n’est plus à l’écoute de ce qu’on ressent, il peut y avoir des effets négatifs à long terme », alerte Laurentine Véron.

Conseil n°3 : Cours à distance, n’hésitez pas à demander de l’aide

« Je réussis à rester motivée car j’ai été sélectionnée dans le master de mon choix, déclare Elisa, en M1 de psychologie. On est moins nombreux, on a plus de suivi avec les enseignants. J’essaie de travailler la semaine et de garder un week-end plus libre. Je vis avec ma mère, alors je n’ai pas à m'inquiéter pour la nourriture ou l’argent, comme d’autres étudiants. Ça enlève un poids. Mais c’est vrai que c'est un peu plus fréquent d’avoir une baisse de moral. La fac nous a informé qu'il y a des psychologues présents ainsi que des numéros d’écoute ».

« En ce moment, les étudiants doivent s’adapter sans cesse. Ils sont en capacité de le faire parce qu’ils sont jeunes et que leur cerveau est plus souple. Mais certains vont se mettre la pression pour se débrouiller seuls, avec l’idée qu'ils sont majeurs et doivent être autonomes. Alors que devenir adulte s’apprend, c’est un processus lent qui a besoin d’accompagnement », décrypte Laurentine Véron.

« N’hésitez pas à demander de l’aide si vous n’y arrivez pas », recommande la psychologue.

Sur les aspects pédagogiques, contactez votre établissement, parlez-en à vos professeurs. Sur le plan social, le Crous pourrait vous aider selon votre situation, même si vous n’êtes pas boursier, via le fonds d’aide d’urgence.

« Pour l’aspect psychologique, renseignez-vous auprès de votre établissement pour savoir ce qui est accessible. Il y a aussi des lignes d’écoute comme le Fil Santé Jeunes (0 800 235 236, gratuit et anonyme, par tchat également) où des professionnels vous répondent et que l’on recommande chez Apsytude », déclare Laurentine Véron.

Si vous avez besoin de parler, il existe aussi le service d’écoute de nuit Nightline, accessible par téléphone ou par tchat à Lille, Lyon, Paris et Saclay. « Une équipe d'étudiants bénévoles formés à l’écoute active répond aux appels, explique Florian Tirana, président de l’association. Nous aidons les étudiants à parler de leurs émotions et de ce qu’ils ressentent, mais nous ne faisons pas de thérapie ou de suivi. S’il y a une demande pour un suivi à long terme, nous les orientons vers des psychologues qui interviennent dans des services de santé à l’université. Beaucoup ne les connaissent pas. »

« Je pense qu’il ne faut pas se freiner à l’idée de consulter un psychologue, même pour des questions d’organisation. Savoir s’organiser fait appel à des compétences personnelles et individuelles qui peuvent se développer et peuvent nécessiter un accompagnement, précise Laurentine Véron. Demander de l’aide n’est pas un aveu de faiblesse. Au contraire, cela veut dire qu’il reste encore suffisamment de force pour réagir. N'attendez pas que les difficultés entravent votre quotidien ou la réussite de vos études. »

 

Odile Gnanaprégassame © CIDJ
Article mis à jour le 04-12-2020 / créé le 04-12-2020