Nez rouge contre le blues Clown à l’hôpital : un métier sérieux

Zoé Ruffy
Publié le 04-04-2025

En bref

  • Chaque semaine, Sandra et Sophie se transforment en Sally et Gigi pour assurer leur job de clowns à l’hôpital.
  • Ces deux professionnelles apportent réconfort et légèreté à de jeunes patients et personnes âgées de la région lyonnaise.
  • Un métier qui exige savoir-faire artistique et solides connaissances du milieu de la santé pour pouvoir exercer.
clown hopital soin rire
Sandra et Sophie exercent le métier de clowns hospitaliers. Crédit : Zoé Ruffy - CIDJ

Le rire, la pilule miracle des clowns à l’hôpital

"Chuuuut !", adossée à son grand lit médical, Talia, du haut de ses sept ans, essaye de faire taire les deux énergumènes qu’elle vient de laisser pénétrer dans sa chambre. Sa maman discute avec le médecin, il ne faut pas faire de bruit, mais rien à faire. Sally et Gigi ne peuvent pas s’empêcher de pousser la chansonnette, gratter sur leur ukulélé et lâcher des éclats de rire. Amusée par leur insolence, la petite fille les fait sortir dans le couloir, où une partie des enfants et adolescents du service de pédiatrie les attend, intriguée. Chapeau de cowboy, jupe froufrou, bottes pailletées et gros nez rouges, il est vrai que, dans le couloir immaculé du Médipôle de Villeurbanne (69), l’allure de ces deux clowns détonne. Pendant plus de deux heures, les comédiennes de l’association Clowns Z’Hôpitaux vont assurer le show, comme chaque semaine, sous la surveillance bienveillante des soignantes. “Les petits adorent, nous aussi, elles apportent de la joie et de l’entrain dans le service même si parfois les enfants deviennent surexcités !” lance Jeanne, infirmière puéricultrice

Ce métier un peu particulier, Sally, alias Sandra Burtin dans le civil, l’a choisi il y a cinq ans alors qu’on lui diagnostique un cancer. “C’est devenu une évidence d’allier mon métier de comédienne à celui du soin.” Pour cela, Sandra, comme sa consœur, a dû passer par la case casting et formation, reconnue par sa fédération. “Ce n’est plus comme il y a 30 ans, quand les premiers clowns d’hôpitaux se lançaient la fleur au fusil". La filière s’est, depuis, professionnalisée. “Aujourd’hui, on a compris qu’un clown sans connaissance du milieu de soins peut faire beaucoup plus de mal que de bien aux patients qu’il rencontre.” Toujours en binômes, ils sont une vingtaine de comédiens employés par l’association Clowns Z’Hôpitaux à parcourir la région de Lyon pour redonner le sourire aux bébés, enfants, adolescents, et aux personnes âgées, hospitalisés. “Ce n’est pas que faire rire, précise Sophie, l’interprète de Gigi, on est là pour accueillir toutes les émotions des gens que l’on rencontre”.

Ici, pas de spectacle, les clowns proposent de véritables échanges personnalisés derrière chaque porte de chambre qu’ils poussent. “Le gag de se faire mal, imparable chez les tout petits, ne fonctionne pas face à des personnes âgées ou des adolescents”. C’est en improvisant des interactions adaptées au profil et au moral de chaque patient que les comédiennes parviennent à soulager les personnes hospitalisées, ainsi que leur entourage. Scènettes burlesques, musique, tours de magie ou ballets de marionnettes, le registre de ces saltimbanques est large pour satisfaire chaque profil. “C’est un job exigeant, car on ne peut pas se reposer sur nos acquis, parce que chaque patient est différent, chacun des sketchs que l’on propose est une nouveauté.” Si les éclats de rire rythment le quotidien de Sandra et Sophie, le métier n’en reste pas moins éprouvant. “Comme pour tous les soignants”, rappellent les deux clowns, la charge émotionnelle est forte. D’où l’importance du duo : “si l’une vacille, l’autre peut prendre le relais.” Et parce que l’implication s’avère intense, le temps d’intervention est limité : “après deux heures consécutives de jeu, c’est bien de s’arrêter.” Par ailleurs, les clowns bénéficient d’un suivi psychologique régulier afin d’alléger le poids de certaines rencontres, “pour ne pas ramener tous ces moments à la maison”, confie Sandra.

Nous rencontrer Nous rencontrer

Le réseau Info jeunes est accessible à tous les publics (collégiens, lycéens, étudiants, salariés, demandeurs d'emploi...) mais aussi à leurs parents, à leurs enseignants et à tous les travailleurs sociaux. L'accès est libre et gratuit.