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Actualité La réforme des lycées pro sur le modèle de l’apprentissage fait grincer des dents

Laura El Feky Laura El Feky
Publié le 16-11-2022

En bref

  • Aujourd’hui pour préparer un bac pro, on a le choix entre le lycée pro après la 3ème (sous statut d’élève) ou l’apprentissage, dès 16 ans, en signant un contrat avec une entreprise. Ce mode de formation qui bénéficie de nombreux coup de pouce du gouvernement, n’a jamais eu autant de succès. A tel point qu’on devrait atteindre les 800 000 apprentis cette année. Mais une réforme des lycées professionnels sur le modèle de l’apprentissage ne ravit pas tout le monde.
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La réforme des lycées pro sur le modèle de l’apprentissage fait grincer des dents Crédit : Unsplash

Après une première enveloppe de 2 milliards d’euros allouée à l'apprentissage en juillet 2022, une nouvelle rallonge équivalente vient d’être annoncée par le gouvernement. De leur côté, les lycées professionnels, qui se préparent à une réforme à partir de la rentrée 2023, s’inquiètent pour leur avenir.

On compte de plus en plus d’alternants en entreprise. En 3 ans, le nombre de contrats d’apprentissage a plus que doublé dans le secteur privé. Un budget supplémentaire a été alloué à l’agence France compétence (l’instance chargée de réguler l’apprentissage et la formation continue), pour financer le surplus de contrats d’alternance signés depuis la fin de l’été. Ce mode de formation, qui alterne cours théoriques dans un établissement et enseignements professionnels en entreprise devrait continuer sur sa lancée. Le gouvernement mise sur un million d’apprentis par an, à partir de 2027.

En plus d'être présenté comme un moyen efficace pour décrocher un diplôme, acquérir une première expérience professionnelle et se former à un métier tout en finançant ses études, l’apprentissage affiche de bons taux d’insertion. En effet, 70% des alternants décrochent un emploi. Côté entreprise, c’est une solution de recrutement intéressante qui permet aux structures de faire face à un besoin de personnel immédiat tout en lui donnant la possibilité de préparer une embauche à long terme. Une formule gagnante, quoique perfectible.

Un récent sondage nous apprend par exemple que près de 60% des alternants ne souhaitent pas rester dans leur entreprise. Hormis ceux qui préfèrent continuer ou finir leurs études (20%), les autres émettent le souhait de découvrir un autre secteur ou une autre entreprise. D’autant plus que 3 alternants sur 10 pointent des problèmes d’ambiance ou de management. Parmi les quelque 500 apprentis interrogés par le cabinet de gestion des ressources humaines Heyteam, certains déplorent « trop de pression, pas assez d’encadrement », un « manque d’accompagnement » ou même des « tâches beaucoup trop répétitives ».

Prendre modèle sur l’apprentissage pour réformer les lycées pro n’est pas au goût de tous. En augmentant de moitié les périodes de stage en lycées pro, comme le prévoit la future réforme, les professeurs craignent une diminution des heures de cours qui impacterait la formation générale et par conséquent la poursuite d’études. En entreprise, « les jeunes sont directement placés sur un poste de travail pour apprendre des gestes techniques et aucun tuteur n’a de temps dédié en entreprise pour le former (contrairement aux enseignants qui forment les élèves dans les ateliers des lycées professionnels) » considère le SNUEP-FSU, le syndicat de l’enseignement professionnel public au sein de la FSU. Sans manquer de souligner que « la voie professionnelle scolaire conduit davantage au diplôme que l’apprentissage » (67,6% des jeunes qui entrent en bac pro en lycée pro obtiennent leur diplôme contre 41,4% en apprentissage) avant de rappeler que le « diplôme reste le premier rempart contre les risques du chômage ». Par ailleurs, les syndicats s’inquiètent d’une révision des cartes de formation destinée en priorité à combler les pénuries de main-d’œuvre et à satisfaire les besoins immédiats et locaux des entreprises plutôt qu’à répondre aux enjeux d’avenir du pays. Le ministère annonce vouloir travailler en concertation avec toutes les parties prenantes avant que la réforme ne commence à s’installer à la rentrée 2023. En attendant, l’intersyndicale annonce une nouvelle journée de grève le jeudi 17 novembre 2022. À suivre.
 

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