L'heure des choix Portes ouvertes : nos conseils pour ne pas passer à côté

Perrine Basset Fériot
Publié le 04-02-2025

En bref

  • Étape importante dans l’orientation des jeunes, les journées portes ouvertes rendent compte de la réalité des études supérieures.
  • Véritables porte-paroles, les étudiants présents sur place s’avèrent être une aide précieuse pour le choix et la candidature des jeunes.
  • Pour les professeurs, le fait de ne pas avoir d’ambition professionnelle précise ne pose pas de souci tant que l’élève reste motivé par ses études.
Les jeunes ambassadeurs de l'Université d'Angers présentent l'établissement aux jeunes.
Durant les portes ouvertes, les jeunes ambassadeurs apportent un autre regard sur la vie au sein de l'établissement. Crédit : Perrine Basset Fériot - CIDJ
Les élèves de terminale ou les étudiants en réorientation ont jusqu’au 13 mars pour formuler leurs vœux de première année d’études supérieures sur la plateforme d'orientation pour l’année scolaire 2025-2026. Crédit : Zoé Ruffy / Perrine Basset Fériot - CIDJ

L’art de ne pas attendre la dernière minute

« Lors de mes premières portes ouvertes, je suis arrivé les mains dans les poches ». Gabriel Mariani, étudiant en 3ᵉ année de bachelor à l’Institut Supérieur des Arts Appliqués (LISAA) de Paris, a fait partie de ceux qui prenaient les journées portes ouvertes (JPO), « à la légère ». « Mais j’ai été agréablement surpris par l’accueil et la disponibilité des étudiants. Je pense que ça a appuyé mon choix pour cette école. » En se rendant seul à cette journée charnière, il estime avoir pu poser davantage de questions qu’en présence de ses parents. Bien qu’il reconnaisse que ces derniers ont un regard plus aiguisé sur les questions administratives et financières, et qu’ils peuvent être une grande aide. De son côté, Pascal Baudont, professeur d’économie et de gestion à l’IUT de Vannes, conseille aux lycéens de venir aux JPO dès la classe de première : « Ces journées se déroulent pendant le second trimestre de la terminale, où tout est déjà joué. Si les notes sont trop faibles, la barre va être très dure à redresser. » Étaler les visites des écoles sur deux années permet aussi de ne pas se retrouver coincé avec des dates qui se chevauchent. Depuis la mise en place du nouveau baccalauréat, le professeur du département d’informatique a vu le public des JPO changer : « Avec la création de la spécialité numérique, on se retrouve face à des élèves qui ont davantage de connaissances », estime-t-il. Programmation, code, micro-entreprise… Il rencontre de lycéens hyper motivés, avec des projets personnels à présenter. Bien que les JPO ne soient pas « un moment de recrutement », rappelle Pascal Baudont, mais bien une journée d’information et d’échange.

Depuis trois ans, Gabriel Mariani est passé de l’autre côté du miroir : désormais, c’est au tour de l’étudiant d’accompagner les futures recrues. « C’est important pour moi de transmettre les conseils que j’ai reçus. » Après une petite heure de brief par la direction de son école, le jeune se lance dans les visites. La préciosité de ses échanges se retrouve dans les informations données, pas toujours existantes en ligne, comme la charge de travail personnel, le matériel nécessaire, ou même des conseils sur les books des futurs artistes : « Les lycéens pensent parfois que cinq dessins suffisent, alors qu’il en faut une vingtaine minimum ! Ce n’est pas tant la qualité du contenu qui est jugée que la créativité de l’élève. » Lorsque les visiteurs se font plus nombreux, l’étudiant de 22 ans propose aux jeunes de continuer leurs conversations plus tard, sur les réseaux sociaux notamment. À l’IUT de Vannes, l’objectif de Pascal Baudont –donner des informations claires et donner envie aux jeunes-rejoint celui de Gabriel. « Les étudiants sont de bons ambassadeurs des établissements, confirme le professeur. Ils ont aussi plus de proximité avec les lycéens, qui peuvent se sentir plus à l’aise pour poser des questions. » La bonne volonté de ces ambassadeurs s’explique aussi par l’appât du gain : dans de plus en plus d’établissements comme LISAA, ces journées portes ouvertes sont « rémunérées » en chèques-cadeaux ou en points supplémentaires sur la moyenne. En 2024, Gabriel Mariani a ainsi gagné 120 € de chèques-cadeaux pour les trois événements auxquels il a participé : « C’est un plus non négligeable, reconnait-il. Pour le porte-monnaie et pour les études ! »

Au tiercé des personnes présentes lors de ces fameuses JPO, on retrouve les professeurs, les lycéens, mais aussi (et surtout !) leurs parents. Sur les bancs de l’auditorium de l’université d’Angers, leurs voix inquiètes s’élèvent : « Après la troisième année de licence, est-ce que les étudiants peuvent entrer sur le monde du travail ? » « Dans quel type d’entreprise font-ils leurs stages ? » Alors qu’ils sont venus assister à la présentation de la licence de géographie, les parents semblent davantage inquiets de l’avenir de leurs enfants que les principaux concernés. L’image fait sourire Lionel Guillemot, directeur du département en question, qui rassure son auditoire. Ici, les étudiants sont encadrés par une équipe de 26 professeurs, et bénéficient d’un suivi personnalisé avec leur responsable de formation pour faire le point. Depuis 2017, un pôle Insertion professionnelle a été créé au sein de la faculté d’Angers afin d’aider les jeunes dans leurs recherches de stage et d’alternance. L’occasion aussi de démystifier l’image de l’université, et de tordre le cou à l’idée que les jeunes n’y ont pas d’avenir. « On s’inscrit à la fac selon ses goûts, ses matières préférées, mais on ne sait pas toujours ce qu’on veut faire après », précise Morgane Bariou, responsable du pôle. La conseillère rassure les élèves, en leur disant qu’ils ont le temps avant de se retrouver sur le marché du travail. Et Pascal Baudont le confirme : « Chaque année, on a entre 10 et 15 % d’abandon, car les jeunes se rendent compte que ce n’est pas fait pour eux, ou que la barre est trop haute. C’est normal de douter de son projet professionnel à cet âge-là. » Sans oublier que les réorientations existent : « Il nous arrive de sélectionner des personnes de 20 ou 30 ans, qui sont en réorientation. Leurs profils fonctionnent comme des moteurs pour la classe. »

Un petit tour et puis s’en vont. Les journées portes ouvertes s’avèrent chronophages et fatigantes, et la tentation de partir après le premier coup d’œil est forte. Pourtant, ces visites restent essentielles pour décortiquer au mieux les programmes… « C’est l’occasion de découvrir la qualité des locaux, et de se rendre compte du nombre d’heures de cours sur place », précise Pascal Baudont. Avant d’ajouter qu’il est commun que des jeunes réalisent trop tard que certaines formations, privées notamment, se passent pour la moitié de l’année en distanciel. L’éternelle lutte entre le public et le privé se joue aussi lors de ces visites. « Les JPO servent à casser des mythes, comme le fait que les enseignements gratuits sont moins bien que les payants. » Auprès d’un public plus ou moins informé, le professeur d’économie-gestion remet les points sur les « i » : « Depuis l’apparition du BUT, beaucoup de jeunes et de parents confondent les diplômes. Notre nom est bien « Bachelor universitaire de technologie », mais on reste une licence universitaire reconnue, contrairement à de nombreux bachelors privés ». Le prix d’une formation reste une variable importante dans l’orientation des jeunes. « Les questions administratives arrivent souvent en fin de visite, se rappelle Gabriel Mariani. J’ai vu des jeunes, pourtant hyper convaincus, déchanter lorsqu’ils se sont rendu compte du prix d’une année scolaire, car ils ne s’étaient pas renseignés ». Et il sait de quoi il parle : il a lui-même déboursé 9 000 € par année de scolarité.

Focus

Participer aux portes ouvertes, un plus sur Parcoursup !

Être acteur de sa propre orientation est valorisé par les écoles. Pensez à mentionner votre venue dans votre lettre de motivation Parcoursup. De même, certains établissements vous demanderont votre nom à l’accueil, ou une feuille d’émargement sera mise en place pour lister les participants. Pour Pascal Baudont, professeur à l’IUT de Vannes, se rendre aux JPO reste « une preuve supplémentaire de la motivation du jeune », et peut influencer le choix de recrutement entre deux profils similaires !

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