Actualité Ecoles d’infirmiers : beaucoup de candidatures et autant d’abandons
En bref
- Accessibles via Parcoursup, les IFSI attirent de plus en plus de candidats. Mais revers de cet engouement, de nombreux étudiants abandonnent le cursus peu de temps après leur entrée en formation. Une situation qui risque d'aggraver la pénurie de soignants.
Depuis 2019, l’inscription au sein des IFSI - Institut De Formation En Soins Infirmiers se fait désormais via Parcoursup sans frais ni concours. Une sélection assouplie qui a de quoi susciter de nombreuses vocations. Entre 2019 et 2021, les candidatures sont ainsi passées de 180 000 à 689 000. Mais sont-elles vraiment muries et réfléchies ?
4 fois plus de candidatures pour intégrer les IFSI
Plusieurs raisons expliquent cet engouement pour intégrer les IFSI. Il y a en premier lieu, le fait que la filière est attractive. Si le métier bénéficie d’une bonne image auprès de l’opinion publique, il est surtout très pourvoyeur d'emplois. Selon la récente étude publiée par France Stratégie et la Direction de l’animation de la recherche, des études et statistiques (Dares), Métiers 2030, les métiers d’infirmiers et de sages-femmes vont faire le plein dans les années à venir (18% de postes en plus en 2030 par rapport à 2019).
L’autre raison s'explique par l’assouplissement des conditions d’accès à la formation. En intégrant Parcoursup, les IFSI sont désormais accessibles sans concours. Seules sont prises en compte les notes et la lettre de motivation. Cette nouvelle procédure d’inscription permet ainsi aux bacheliers de faire jusqu’à 10 vœux en IFSI sans frais ni concours d’entrée.
Ecoles d’infirmiers : 13% d’abandons deux mois après l’entrée en formation
Mais, revers de la médaille : face à cet afflux de candidats dans les IFSI, les défections en cours de formations se montrent aussi plus nombreuses. Selon le rapport du comité des instituts de formation du paramédical (Cefiec), 13% des étudiants ont abandonné la formation 2 mois après la rentrée 2021.
Là encore, les raisons de ces abandons sont multiples. Les étudiants invoquent des erreurs d’orientation et autres motifs personnels quand le rapport du Sénat pointe des profils insuffisamment motivés et préparés à la réalité de la formation et du métier.
Le président de la commission médicale des Hôpitaux de Paris se veut plus expéditif en incriminant le principe même d'une sélection sans entretien des candidats.
Mieux connaître la réalité de l’hôpital pour éviter les désillusions
Quelles solutions envisager pour remédier à cette déperdition de candidats en cours de parcours ? Mathilde Padilla, présidente de la fédération d’étudiants infirmiers (Fnesi), opposée à un retour du concours d’entrée, préconise une homogénéisation des critères de recrutement entre les 365 IFSI et une amélioration du travail réalisé sur l’orientation et la présentation du métier auprès des lycéens. Le gouvernement met en avant l’ouverture de l’apprentissage pour varier les profils d’étudiants dans le secteur paramédical et limiter le nombre d’abandons pour raisons financières.
Reste que les représentants et formateurs infirmiers estiment que cette proposition relève plutôt d'un moyen supplémentaire pour accéder aux formations mais ne solutionne pas le problème de fond. Ils relèvent que la formation en soins infirmiers s’appuie déjà sur un important travail en établissements.
Les idées sont lancées, les pistes avancées. Il en va de la pérennité de notre système de santé de mieux recruter les infirmiers de demain. Car les besoins sont réels : entre 2019 et 2030, 256 000 postes seraient à pourvoir chez les infirmiers et sages-femmes dont 143 000 dus aux départs en retraite et 113 000 aux créations nettes d’emploi.