Actualité La vie de bureau, c'est fini

Amaury Mestre de Laroque Amaury Mestre de Laroque
Publié le 13-05-2022

En bref

  • La «?vie d’après?» la pandémie de Covid-19 réserve bien des surprises. Pour le géant de la location immobilière Airbnb, ça passe par la fin de l’activité de bureau. Le télétravail permanent. Mais est-ce vraiment la panacée??
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La vie de bureau à la papa, ça le fait plus Crédit : McBay - Visualhunt

Brian Chesky est un patron moderne. Il dirige une start-up disruptive (Airbnb). Il réalise des levées de fonds spectaculaires (la dernière s’élève à 2 milliards de dollars en 2020). Il se veut proche des gens en signant ses lettres aux salariés d’un modeste Brian… pour annoncer le licenciement prochain d’un quart de ses effectifs soit 1900 personnes sur 7500 collaborateurs. Mais attention, c’est juste histoire de compenser la baisse d’activités liée à la pandémie. D’ailleurs, les bénéfices du premier trimestre 2022 ont retrouvé leur niveau d’avant crise sans réintégrer pour autant les employés remerciés entre-temps. Il est pragmatique Brian. Il dit ce qu’il fait, il fait ce qu’il dit.

Aussi, quand il prend le temps d’expliquer sa vision de l’avenir du travail auprès de Time, tout le monde l’écoute. Le cofondateur d’Airbnb estime ainsi qu’il n’y aura pas de retour au bureau pour les dix prochaines années, car cet espace symbolique est «?anachronique. Il vient de l’ère prénumérique. Si le bureau n’existait pas, je me demande si nous l’aurions inventé?». Et de préciser sa pensée en excluant de son raisonnement tous les lieux d’exercices professionnels inébranlables comme les hôpitaux ou les cafés qui, par nature, ne peuvent se dématérialiser. Mais pour le reste, pas de doute, pour envisager l’avenir, il ne faut pas regarder «?les grandes banques et les anciennes entreprises. Si vous voulez savoir à quoi ressemble l’avenir du lieu de travail, regardez les jeunes entreprises, car les jeunes entreprises n’ont fondamentalement aucun héritage. Et les jeunes entreprises sont flexibles, elles sont mobiles, elles sont un peu plus nomades. Je pense que c’est probablement ce à quoi ressemblera le lieu de travail du futur dans 10 ans.?»

Pour appuyer sa réflexion, le quadra se prend en exemple. Au cours des deux dernières années, il a déserté ses locaux de San Francisco pour caler son laptop dans des locations meublées, disséminées un peu partout aux États-Unis. Sans que personne ne s’en rende compte, car «?le seul endroit où vous devrez être, la plupart du temps, c’est sur Internet.?» La liberté ne se mesurerait donc pas au mètre carré même si «?les gens iront toujours dans les bureaux (…) à des fins différentes, pour des espaces de collaboration.?» Du coup, la société a annoncé que ses salariés pourront télétravailler à volonté, sans restrictions et y compris à l’étranger, toutefois dans la limite de 3 mois consécutifs. Dans les jours qui ont suivi cette mini-révolution, la page de recrutement d’Airbnb a accueilli un million de visiteurs.

Proposition alléchante ou piège grossier?? Car, avec la Covid-19 et ses mesures obligatoires de télétravail, de nombreux salariés ont pu constater que la frontière entre vie pro et vie perso était devenue subitement assez floue. Selon une récente enquête française de la DARES, portant sur les conséquences du travail à domicile durant la crise sanitaire, il ressort que les avis sont mitigés. Si 8 télétravailleurs sur 10 souhaitent continuer à œuvrer à distance, ils apprécieraient néanmoins d'en réduire l’intensité. Et la DARES de préciser que cette cette pratique si elle est régulière «?aboutit à des horaires décalés et des durées de travail allongées. Le télétravail est associé à davantage de douleurs et de troubles du sommeil. Son vécu est contrasté selon les personnes. Pour les télétravailleurs qui ne disposent que de moyens matériels peu adaptés, voire inexistants, pour le travail à distance, le soutien social se détériore ainsi que les autres risques psychosociaux et les troubles de la santé.?» Et vous, qu’en pensez-vous??

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