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Actualité Open space : stop ou encore ?

Odile Gnanaprégassame Odile Gnanaprégassame
Publié le 22-12-2023

En bref

  • Près de 3,2 millions de salariés travaillent en open space en France. Plus jeunes et plus urbains que leurs collègues logés dans des bureaux classiques, ils exercent le plus fréquemment dans des moyennes ou des grandes entreprises du secteur privé. Tantôt plébiscités, tantôt hués, les "plateaux ouverts" nuisent au bien-être des travailleurs qui s’absentent davantage pour raisons médicales.
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open_space_conditions_travail_moins_bonnes_France Crédit : Shridhar Gupta - Unsplash

Du bruit et plein de collègues de bureau

« Vous ne connaissez pas la dernière ? ». M., votre collègue, déboule ce matin pour débriefer de sa soirée avec non pas un, ni deux ou trois collègues… mais avec une quinzaine au bas mot. Oui, car M. a la voix qui porte. Alors une bonne partie de l’open space en profite ! Mais vous avez un dossier à boucler fissa. Et besoin de calme. Dommage : dans cette configuration de travail, il faut composer avec le bruit ambiant. D'ailleurs, à l’occasion de la Journée nationale de l’audition 2023, un tiers des personnes interrogées évoquaient les conversations entre collègues comme la source de bruit la plus gênante au boulot.

Si on imagine aisément les nuisances sonores inhérentes à certains secteurs comme l’industrie, le BTP ou encore le commerce, la vie de bureau n’y échappe pas non plus. Surtout en open space. Soit des postes de travail disposés dans un espace collectif sans cloison qui se sont multipliés durant la seconde moitié du 20e siècle. D’après une récente analyse de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), 3,2 millions de salariés travaillaient dans ces espaces en 2019. C'est plus que les salariés en bureau classique dans les entreprises de plus de 50 salariés sachant que l’écart se creuse significativement dans les entreprises de plus de 500 salariés. Près des trois quarts se concentrent sur vingt métiers. En tête, les télévendeurs suivis des techniciens d’études et de développement en informatique, puis en troisième position les ingénieurs et cadres d’études, recherche et développement en informatique et chefs de projet dans le même domaine. Enfin, les open spaces comptent plus de travailleurs jeunes et urbains.

 

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Le dogme qui préside à la culture des "plateaux ouverts" est double : réduire les coûts et fluidifier la communication entre collègues (pour une meilleure productivité en somme). Les collaborateurs en open space bénéficient en moyenne d’un environnement de travail moins vétuste que ceux jouissant d'un bureau classique. De plus, l’esprit d’équipe, la collaboration et le soutien entre collègues y semblent renforcés, selon une autre étude de la Dares. Mais elle pointe un certain nombre de difficultés. Des désillusions et des travers que quelques ouvrages et séries (The Office par exemple) ont déjà mis en exergue ces deux dernières décennies. Nécessité d’élever la voix pour se faire entendre alors qu’on est placé à seulement deux ou trois mètres de son interlocuteur. Températures plus élevées occasionnant, sans surprises, des conflits entre salariés selon la sensibilité de chacun. Et vive le télétravail pour éviter les affres de cette vie de bureau partagé !

Ce n’est pas tout. Les travailleurs en open space font moins souvent des heures supplémentaires et emportent moins souvent des dossiers à la maison. En revanche, ils effectuent un travail plus intensif. 40 % d'entre eux subissent un rythme imposé par des normes de production ou des délais à respecter en une heure ou en une journée au plus (33 % en bureau classique). La hiérarchie les contrôle plus en open space (22 %) qu’en bureau classique (18%). Ces travailleurs bénéficient d'une moindre autonomie quant à la manière d’organiser leur propre travail. Et évidemment, cela affecte leur bien-être et renforce d'autant leur sentiment d’insécurité. Concrètement, on observe plus d'arrêts maladie. L'étude rappelle les risques de maladies cardiovasculaires et mentales, citant notamment l'Organisation mondiale de la santé qui alerte sur le risque de dépression. On notera toutefois que le modèle persiste bien qu'il fasse l'objet de critiques régulières.

Et l’émergence du flex office, destiné à réduire les coûts immobiliers, ne devrait pas arranger les choses. Cette nouvelle modalité remet en cause la notion même d’espace de travail personnel. Terminé le bureau sur lequel on dispose ses objets à soi. Place au casier dans lequel sommeille jusqu'au lendemain ses photos, plantes et autres éléments de déco. Récupéré le matin, le contenu du casier y est remis soigneusement le soir en partant. Voilà qui ne devrait pas aider à se sentir unique, indispensable et ancré dans son travail. À bureaux interchangeables, salariés interchangeables ?

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