Actualité La ferme France cherche de nombreux talents
En bref
- Pour assurer la souveraineté alimentaire française, l’agriculture recrute des exploitants et des salariés. En effet, le premier pays européen producteur de blé et de maïs manque de bras.
Clap de fin pour le salon international de l’agriculture (SIA) qui a fermé ses portes le 5 mars dernier. Avec plus de 615 000 visiteurs, le salon de l’agriculture n’a certes pas battu son record de fréquentation (700 000 visiteurs en 2014), mais il a recouvré son affluence d’avant Covid. Un bilan très encourageant pour Valérie Le Roy, directrice du SIA, qui conclut enthousiaste que « c’est la preuve que l’engouement et l’affection des français pour leur agriculture ne se démentent pas ». Au-delà de la curiosité et de l’intérêt, espérons qu’il aura aussi suscité des vocations, car l’agriculture manque de bras pour nourrir le pays.
La France : 1ère agriculture européenne
Avec 49% de son territoire composé de terres agricoles, la ferme France en impose. Véritable grenier de l’Europe, la France est la première agriculture européenne avec 18% de la production. Premier pays européen producteur de blé et de maïs, la France occupe aussi la 4e place pour la production de fruits et légumes. L’élevage français n’est pas en reste non plus, puisque la France est le 1er pays producteur européen de viande bovine et le 3e pays producteur européen de porcs et de volailles.
Mais ce palmarès ne doit pas occulter qu’au fil des ans, le potentiel productif français s’érode (baisse du nombre d’exploitations, plafonnement des rendements, chute de la surface agricole utile en cultures). C’est ce dont s’alarmait la commission des finances du Sénat dans un rapport d’information en septembre 2022, compétitivité de la ferme France, en proposant 5 axes d’amélioration et une vingtaine de recommandations pour remonter la pente d’ici 2028. Parmi celles-ci, figurait en bonne place la nécessaire résolution des problèmes d’embauche du secteur : l’agriculture peine à recruter alors que les besoins sont réels.
Des agriculteurs moins nombreux et plus âgés
Selon le dernier recensement agricole, 759 000 personnes (soit l’équivalent de 583 100 équivalents temps plein ou ETP) travaillent sur les exploitations agricoles en France métropolitaine soit 208 000 personnes de moins qu’en 2010. A l’origine de cette baisse, la diminution du nombre d’exploitations et notamment des exploitations individuelles (- 100 000 en 10 ans) gérées par des chefs d'exploitation (et éventuellement des co-exploitants) et des membres de leur famille. Si l’on y ajoute la main-d’œuvre saisonnière ou occasionnelle (75 600 ETP), le volume de travail total (659 500 ETP) a diminué de 10,8% en 10 ans.
Moins nombreux, les agriculteurs sont aussi plus âgés. En 2020, la moyenne d’âge des exploitants était de 51,4 ans contre 50,2 en 2010.
Un recours accru au salariat
Pour compenser cette baisse du nombre d’exploitants et de permanents familiaux (-27,5% en 10 ans) et accompagner l'agrandissement des fermes, le salariat apparaît comme une alternative. En 10 ans, il a crû fortement ( 8,2%) pour s’établir à 139 000 personnes. Ce sont principalement la viticulture et les grandes cultures qui y ont recours ainsi que les exploitations sous forme sociétaire (GAEC, EARL).
Assurer la relève
Mais le secteur agricole ne s’ouvre pas seulement au salariat, il a besoin de tous les talents : néoruraux qui souhaitent se mettre au vert, salariés agricoles désireux de reprendre des exploitations. À destination de ces nouveaux agriculteurs, de nombreuses aides nationales ou régionales (formation, financière) sont proposées pour faciliter leur installation. Car aujourd'hui avec 13 000 installations, on reste loin du compte. Selon Yves Le Morvan, expert au think tank Agridées, "c'est seulement les deux tiers de ce qui serait nécessaire pour stabiliser la situation". Face à ce déficit d'entrepreneurs dans le monde agricole, il faut selon Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, s'ouvrir à toutes les bonnes volontés.
Pour mieux faire connaître les métiers de l'agriculture, une campagne grand public d'envergure nationale a été déployée en 2021-2022. Parallèlement, au même moment l'enseignement agricole entreprenait une rénovation profonde des formations pour mieux s'adapter aux attentes sociétales et professionnelles (réforme du tronc commun des bacs pros, refonte des BTS agricoles). Les premiers effets semblent au rendez-vous. Après 10 ans de baisse, les effectifs de l'enseignement technique agricole affichaient à la rentrée 2021 une légère remontée ( 1,4%).
Le renouvellement des générations apparaît ainsi comme un enjeu capital pour assurer la souveraineté alimentaire d'aujourd'hui et surtout de demain. Il sera au coeur des discussions du Pacte et de la loi d'orientation et d'avenir agricoles qui s'ouvrent en juin prochain.