Interview Travailler dans l’agriculture : 6 conseils de professionnels
En bref
- L'agriculture en France est dynamique mais peine à recruter. Chaque année, de nombreux emplois ne sont pas pourvus, faute de profils adéquats. Compétences techniques, savoir-faire et savoir-être sont exigés pour travailler dans ce secteur d'avenir. Vous souhaitez vous lancer ? Des professionnels vous conseillent.
Six conseils pour valoriser votre CV et réussir dans le secteur agricole.
1. Multipliez les expériences
"70 % des employeurs recherchent des candidats ayant au moins une première expérience", constate Mylène Gabaret, déléguée nationale de l’Anefa (Association nationale pour l’emploi et la formation en agriculture). L’enseignement agricole comporte déjà pas mal de stages. En bac pro, les élèves ont, selon les établissements, de 18 à 22 semaines de stage prévues dans leur formation.
"Autant d’expériences qu’il faut valoriser sur une candidature", conseille Sébastien Mingot, proviseur du lycée agricole de Sully. "Quand on a des parents agriculteurs, comme moi, on est plongé dans le métier tout de suite mais je conseille aux jeunes de sortir de l’exploitation familiale pour diversifier les expériences", précise Jérémy Decerle, éleveur bovin en Saône-et-Loire.
2. Faites un tour à l'étranger
"Dès que possible, profitez de vos périodes de stage de plus de 2 semaines ou de vos vacances scolaires pour aller travailler à l’étranger", conseille le proviseur. "C’est enrichissant de voir comment ça se passe ailleurs", confirme Jérémy Decerle. Ce jeune agriculteur a repris la ferme de son père alors qu’il n’avait que 24 ans. "Une fois mon bac pro CGEA en poche, j’ai eu besoin de temps avant d’assumer les responsabilités d’un chef d’exploitation", raconte le jeune homme. Il décide alors de suivre une formation de responsable agricole à l’Ifocap et d’effectuer ses 6 mois de stage à l’étranger. Le jeune homme met le cap vers l’Amérique du Sud, direction le Brésil pour un stage dans une exploitation laitière. Une expérience qu’il ne regrette pas. "Même si je n’ai pas appris beaucoup en pratique agricole pure, car c’était une plus petite exploitation que celle de mon père et tout était encore manuel, vivre six mois à 10 000 km de chez soi apporte beaucoup. Cela permet de gagner en maturité, en ouverture d’esprit et en capacité d’adaptation." Des atouts qui lui ont été utiles lorsqu'il a repris l'exploitation familiale.
De plus, une expérience à l'étranger s'avère indispensable pour accéder à certains postes.
"Les langues étrangères et notamment l'anglais sont indispensables pour un technico-commercial en agro-équipement qui souhaite travailler directement chez le constructeur, car il en aura besoin pour communiquer avec le siège de l'entreprise", souligne Oliver Glocker, délégué régional de l'Apecita.
3. Permis de conduire et voiture requis
Selon les métiers visés, les qualités attendues sur le CV sont différentes. Pour la filière production, en plus de la maîtrise des compétences de base, la conduite d’engins agricoles est très appréciée.
Les emplois dans l’agriculture sont des emplois majoritairement ruraux, éloignés des transports en commun. Avoir son permis de conduire et disposer d'un véhicule est un atout de taille quand on postule.
4. Formez-vous !
L’image des métiers agricoles accessibles sans diplôme est révolue. Désormais, avec la technicité du matériel, une formation est obligatoire.
"Pour travailler dans la production comment agent, le niveau CAP minimum est requis", remarque Mylène Gabaret de l’Anefa.
Mais mieux vaut poursuivre ses études pour évoluer plus facilement. "Pour s’installer comme exploitant agricole, il faut avoir au minimum un bac pro, notamment CGEA. Sans ça, vous ne pourrez pas bénéficier d’aides à l’installation ni de prêt à la banque", explique Jérémy Decerle.
Les titulaires de BTSA s’insèrent très facilement, et trouvent rapidement du travail auprès des groupements d’employeurs, des entreprises de travaux agricoles et des constructeurs et distributeurs d’agro-équipement. Les titulaires d’un diplôme d’ingénieur sont recherchés pour les fonctions de conseil technique aux exploitants. Les titulaires de bac 5 sont recherchés dans le management d’exploitation, aménagement et développement rural, biodiversité, droit rural…
5. Misez sur la double compétence
Un agent viticole qui sait conduire des engins agricoles, un commercial qui a d'excellentes connaissances techniques du matériel, un conseiller agricole qui a une expérience en gestion de projet, un éleveur qui a des compétences en mécanique… Autant de profils recherchés ! En misant sur la double compétence, vous doublez vos chances de trouver du travail dans le secteur. N’hésitez pas à valoriser votre passion (mécanique, bricolage, chevaux…) dans votre candidature et passer des certificats de spécialisation.
6. Agriculture high-tech, raisonnée ou bio : affirmez votre projet
Réfléchissez bien à ce que vous avez envie de faire. Si l’agriculture high-tech vous intéresse, n’hésitez pas à vous tenir au courant des évolutions et suivre des formations pour vous former aux nouveaux outils (drones, machines automatiques...).
Si, au contraire, votre credo est une agriculture paysanne moins industrielle et productiviste, multipliez les stages dans cette voie. Avec l’urgence de protéger la biodiversité, la diminution des ressources en eau et les inquiétudes face à l’utilisation de pesticides : l’agriculture raisonnée ou biologique a également une belle carte à jouer. Idem, formez-vous lors de stages auprès de professionnels engagés qui partagent les mêmes convictions.
Agriculture : trouver un emploi
D'après l’Anefa, le bouche-à-oreille est le mode de recrutement privilégié des agriculteurs. Deux tiers d'entre eux disent s’en servir pour recruter, d'où l'importance de soigner son réseau professionnel à travers stages, petits boulots... Vous trouverez des annonces sur le site Pôle emploi et sur la bourse de l’emploi de l’Anefa.