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Climat : « Tout ne se fera pas en un jour »
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Quelques jours après avoir reçu Greta Thunberg, figure du mouvement écologique en Europe et une quarantaine de jeunes à l’Assemblée nationale, difficile de savoir quelles seront les suites données à ce débat. Pour le député Matthieu Orphelin, cette journée a permis de confronter les regards sur le changement climatique.
Malgré les critiques liées à sa venue, les discours de Greta Thunberg, de trois jeunes issus du mouvement Youth4Climate et de Valérie Masson-Delmotte, vice-présidente du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) ont été applaudis par les députés présents le mardi 23 juillet à l’Assemblée nationale. Difficile de savoir quelles actions concrètes seront menées à la suite de ces cris d’alerte. Matthieu Orphelin, député du Maine et Loire et membre du collectif transpartisan "Accélérons la transition écologique et solidaire" à l’initiative de la venue de la jeune suédoise, revient sur cette journée.
Proposer un débat autour de l’urgence climatique et instaurer un dialogue, voilà l’objectif de la journée du 23 juillet. « Nous avons voulu confronter les regards, entre les jeunes, les scientifiques et les politiques » explique Matthieu Orphelin. « Nous voulions profiter de la venue de Greta en France (qui recevait le prix Liberté en Normandie, ndlr) pour lui proposer de participer à cette journée ». Avec la nécessité de remettre le climat au centre des préoccupations des politiques. « Et nous avons réussi » se réjouit le député. « Nous avons eu deux fois plus de retours presse sur la question climatique suite à cette journée que lors de l’ouverture de la COP24 ».
Durant les discours, les députés ont été sommés d’agir et de prendre les mesures qui s’imposent pour lutter contre le réchauffement climatique. Et surtout d’écouter et de prendre en compte les faits relatés par les scientifiques et notamment le dernier rapport alarmant du GIEC. Valérie Masson-Delmotte a d’ailleurs rappelé que « chaque demi degré de réchauffement compte ». Un réchauffement qui devrait augmenter de 1,5 degrés d’ici 2030 à 2050, « quand nos enfants auront notre âge » martèle-t-elle.
Une rencontre sous le feu des critiques
La venue de Greta Thunberg a été très critiquée notamment auprès de certains élus français. "Gourou apocalyptique", "gamine", "manipulatrice" ou encore "cyborg suédois". Certaines personnalités n’ont pas hésité à publier sur les réseaux des messages parfois virulents. « La violence des mots me choque énormément » se désole Matthieu Orphelin. « Ce sont les critiques de vieux ringards climatosceptiques que la vérité dérange. Il faut les dépasser car même si, pour certains, ils sont très médiatisés, ils ne sont pas si nombreux que ça ».
Pour répondre à ces critiques, la jeune Greta Thunberg a rappelé dans son discours que « certaines personnes ont choisi de ne pas venir à cette réunion aujourd'hui et ont choisi de ne pas nous écouter. Ce n'est pas grave. Après tout, nous ne sommes que des enfants, vous n'avez pas le devoir de nous écouter. Par contre, vous avez le devoir d'écouter les scientifiques, et c'est tout ce que nous vous demandons ».
Ecologie : Et maintenant ?
Après cette rencontre, on peut légitimement se demander qu’est-ce qui va changer ? En France, les températures ont atteint des niveaux record, allant jusqu’à plus de 42 degrés à Paris. Pour Matthieu Orphelin, « tout ne va pas se faire en un jour. Nous le verrons à la rentrée, nous verrons l’état d’esprit des députés. Ce qui est sûr, c’est qu’il faudra relancer le débat sur l’adaptabilité de nos villes au changement climatique. Car nous le voyons bien en période de canicule, nos villes ne sont pas du tout adaptées aux fortes chaleurs. Il est temps de parler du climat même en dehors de périodes exceptionnelles comme celle que nous venons de vivre ».
Durant son intervention, Valérie Masson-Delmotte a rappelé que « pour limiter le réchauffement, il existe un ensemble de mesures d’adaptation (…) et vous les députés, vous avez plus de leviers d’action que chaque citoyen. La volonté politique et citoyenne, pour accélérer les transitions et baisser les émissions de gaz à effet de serre, est essentielle. Ne pas agir à hauteur des ambitions c’est augmenter le fardeau pour les jeunes générations qui devront faire face aux conséquences de ce réchauffement ».
Une génération fortement mobilisée depuis le mois de mars. Pour Matthieu Orphelin, « la mobilisation des jeunes est générale. Ils ont compris que pour agir sur le climat il faut mener des actions radicales. C’est pour cette raison qu’ils attendent beaucoup des politiques ». Les jeunes ont déjà annoncé qu’une grande journée de manifestations aurait lieu le 20 septembre partout dans le monde. « Ils invitent les adultes à les rejoindre » explique le député. « Cet appel citoyen est clair et la science dans ses rapports est claire aussi. Il faut les écouter ».
La première action qui a suivi cette journée d’échanges a été l’acceptation du CETA, traité de libre-échange avec le Canada, par l’Assemblée Nationale, un texte très critiqué notamment sur ses conséquences environnementales.
Marine Ilario © CIDJ
Article mis à jour le 26-07-2019
/ créé le 26-07-2019
Crédit photo : Joel Vodell - Unsplash