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Élections européennes 2024 : comment les jeunes motivent leur génération à aller voter ?

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La moitié des jeunes de moins de 25 ans dans l’hexagone s’étaient abstenus de voter lors des dernières européennes en 2019.

À quelques jours du scrutin européen, la rédaction du CIDJ a laissé traîner son micro auprès de militants de plusieurs partis politiques. À la vingtaine, ils tractent, frappent aux portes et vendent leurs journaux pour encourager leur génération à se rendre aux urnes le 9 juin 2024 (ou le 8 juin dans certains Drom-Com). Objectif : que la jeunesse se fasse entendre.

Engager la conversation avec les jeunes

Mardi 30 avril 2024, sous le ciel gris de Paris. À quarante-huit heures de la clôture des inscriptions en ligne sur les listes électorales, un petit groupe de jeunes arpente les quais de Seine. Tracts en main, ils se lancent à la rencontre des passants. Une poignée de minutes plus tôt, Théa transmettait aux nouveaux venus quelques règles indispensables pour bien "tracter" : « La première chose que je peux vous dire, c’est d’aller vers les autres avec le sourire. Et il faut oser ! ». Se montrer avenant ? Pas de problème pour Édouard et Angèle qui entend « apporter sa pierre à l'édifice pour changer les choses ». Mais ces jeunes militants, pour qui ce tractage est synonyme de baptême du feu, craignent davantage « d’importuner les gens » ou de ne pas trouver les bons mots. Néanmoins, l’enjeu de ce scrutin l’emporte sur leurs doutes : « C’est important de sensibiliser les jeunes à une élection pour laquelle il n’y a que peu de participation ». Pour mémoire, la moitié des jeunes de moins de 25 ans dans l’hexagone s’étaient abstenus de voter lors des dernières européennes en 2019.

De leur côté, Staine et Sacha ont passé leur mercredi soir à gravir les étages d’une résidence universitaire parisienne. Leur méthode : frapper aux portes et engager la conversation. « Bonjour, ça vous intéresse de discuter un peu ? Je voudrais vous parler des élections européennes. » Un moment d’échange qu’ils considèrent plus « qualitatif » et « plus efficace » pour convaincre les jeunes électeurs de se rendre aux urnes le 9 juin prochain.

Un rapport ambivalent à la politique

Ces militants emploient des techniques d’approche longtemps considérées comme « dépassées », constate Laurent Lardeux, sociologue et chargé de recherche à l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire. Et d’affirmer que « ce type de proximité a son importance à l’heure où les jeunes regardent moins la télé et lisent moins les journaux ». Pour Staine, l’objectif ne s’avère pas tant d’ouvrir une centaine de portes, mais bien de capter l’intérêt de dix à quinze jeunes au moins.

Un autre jour, un autre lieu, une autre militante. Sur le campus de l’université d’Orsay, Moïra interpelle quelques étudiants à la sortie du réfectoire : « Est-ce que vous pensez aller voter ? ». Face à elle, des réponses mitigées : quand l’un rappelle le devoir citoyen de voter, une autre tempère : « à 18 ans, ce n’est pas si étonnant de ne pas aller voter, on se forge petit à petit un avis politique même si les décisions au final sont parfois éloignées du monde réel ». Des réflexions qui incarnent selon Laurent Lardeux le rapport ambivalent des jeunes à la politique : « Cette nouvelle génération continue malgré tout à voter, elle souhaite le renouvellement de la vie politique actuelle avec des attentes très fortes pour s’impliquer davantage dans les décisions ». 

Perrine Basset Fériot, Laura El Feky et Odile Gnanaprégassame © CIDJ
Article mis à jour le 30-05-2024 / créé le 30-05-2024