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« Salut Brian » : le jeune entrepreneur à l'esprit très entreprenant
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À 22 ans, « Salut Brian » partage ses bons plans avec les internautes-étudiants. Alimentation, sorties culturelles, astuces logement et optimisation des révisions, ses courtes vidéos tournent sur les réseaux sociaux. Portrait d'un jeune homme ambitieux.
Transmettre bons plans et astuces aux étudiants, voilà le credo de Brian A*. Populaire sur TikTok et Instagram, avec le pseudo « Salut Brian », ses courtes vidéos suscitent l’engouement des jeunes. Logements parisiens à coût réduit, sorties culturelles gratuites, friperie à partir de 5 euros, supermarché à prix cassés et optimisations des révisions, ses publications nourrissent toutes un même objectif : faciliter la vie des étudiants.
Incroyable, mais presque vrai
Ces dernières semaines, certains de ses (très) courts métrages sont devenus particulièrement viraux. « On me colle parfois l’étiquette du « gars qui fait les vidéos de visites de studios étudiants » et je le vis très bien, car ça prouve que mes vidéos sont vues. Mais je m’intéresse aussi à d’autres registres », précise ce parisien de 22 ans.
Avec ce format inspiré de créateurs de contenus américains, Brian feint d’interpeller un jeune au hasard dans la rue pour l’interroger sur le prix de son loyer. Immanquablement, il demande à visiter l’endroit et invariablement la réponse est positive. Évidemment, il y a un truc : « Tout est mis en scène, car je n’interpelle pas réellement les gens de cette façon », reconnaît le jeune homme avant de relever que « certains étudiants jouent très bien la comédie. » En revanche, assure-t-il, il découvre bien les appartements au moment où il les filme.
Le vrai coût des choses
S’il tourne la première vidéo de cette série dans l’appart d'un ami pour tester la formule, elle fait mouche. Il est vrai que le nombre conséquent d’abonnés à son compte Instagram à l’époque (100 000 personnes) donne un certain écho à sa petite entreprise. De nombreux étudiants s’empressent de le contacter pour montrer à leur tour leur meublé. Dans sa vidéo la plus regardée (5,7 millions de vues sur TikTok), on découvre, abasourdi, le studio de 10 m² d’un étudiant parisien de Sciences Po…facturé 490 euros par mois. Outre les toilettes et la douche insalubre sur le palier, les conditions du logement, « ambiance bloc de l’Est » comme le commente le locataire, suscitent des réactions. « Donc pour 500 euros, il vit dans une prison » ou encore « le propriétaire coche insalubre, mais il loue l'appartement comme ça, tranquillement », peut-on apprécier dans les commentaires.
Dans un tout autre registre, « Salut Brian » propose, en guise d’idées de sorties culturelles gratuites à Paris, la visite de l’appartement de Victor Hugo ou encore de la maison d’Honoré de Balzac. Mais c’est bien son immersion dans un supermarché parisien « dont le prix des produits est divisé par deux ou trois » qui reste la vidéo la plus visionnée de son compte Instagram (2,7 millions de vues). Si les formats - très courts - empêchent de s’appesantir sur les détails des sujets abordés, ça n’empêche pas de distiller de nombreuses astuces. Ainsi, pour des révisions efficaces, sa communauté a pu faire connaissance avec la loi de Pareto ou la loi de Parkinson.
Des appartements, mais pas seulement
Le 12 février 2023, le vidéaste publie une photo sur Instagram légendée ainsi : « J’ai vraiment envie que vous me suiviez de plus en plus pour ma personnalité [et non seulement] pour mon contenu. Flemme d’entendre tout le temps "ah c’est toi les apparts"». Car, avant de se pencher sur les affres de la vie étudiante, le jeune homme aime rappeler qu’il est avant tout passionné d’images animées. « J’ai commencé à me filmer dans ma chambre à l’âge de 11 ans, relate ce garçon né pile au début du siècle. Pouvoir toucher les gens directement en publiant sur YouTube, je trouvais ça génial. » Inspiré par les « stars » comme Mister V, Cyprien ou Joueur du grenier, Brian A. débute en postant des vidéos humoristiques, dépourvues de montage.
Ce n’est qu’une fois le baccalauréat en poche, face au manque d’informations sur Parcoursup qu’il se met à aborder les questions d’orientation dans ses vidéos. Avec un certain succès. Il poursuit avec un tournage en immersion au sein de l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, dont il est sorti diplômé d’une licence en gestion en 2021. À la suite de ses publications sur le monde estudiantin, le média d’orientation Thotis le contacte. Objectif ? Mettre à profit son savoir-faire et son savoir-être devant et derrière la caméra. Fin 2020, en parallèle de ses études, il perçoit alors une rémunération* pour réaliser des immersions filmées, des interviews et autres micros-trottoirs.
La fripe, c’est chic
Aujourd’hui, il affirme « vivre de [son] travail de créateur de contenus ». Les partenariats avec les entreprises ou les associations dont il présente les services, le conseil dans la stratégie de création de contenu et la monétisation de ses vidéos remplissent ses poches. Et ce choix de gagner sa vie comme « influenceur » n’a, selon ses dires, pas franchement inquiété ses parents. « Mon père m’a tout de suite accordé une confiance totale. Ma mère était plus partagée. D'un côté, ma décision ne l’étonnait pas et, de l'autre, elle pensait qu’un jour je me "rangerais". Lorsqu’elle s’est aperçue que ça commençait à devenir sérieux, car j’étais rémunéré pour mon travail, elle a été rassurée », sourit Brian.
En cette fin février 2023, les activités de ce jeune homme bien actif continuent de se diversifier. Il vient tout juste de lancer la première collection de sa marque de vêtements, « Ambiance Lucky ». Ces fringues de seconde main customisées seront bientôt mises en vente, et c’est là la particularité, au tarif unique de 13 euros. Ça risque de faire du bruit d’autant que, depuis novembre 2022, « Salut Brian » a préparé le terrain. Il distribue aux étudiants qu’il filme dans leurs intérieurs, le désormais fameux sticker du logo de sa marque : un globe vert devancé par un trèfle à quatre feuilles. Gageons que ça lui porte chance, la fortune souriant toujours aux audacieux selon l'adage.
* À la demande de Brian A., et après une première parution de cet article en version intégrale, le nom de famille a été retiré ainsi que le montant de sa rémunération.
Alimentation : Imbattable. Rue Mouffetard (5e arrondissement), la Cantina propose un menu étudiant avec panini, crêpe au Nutella et boisson, le tout pour 4 euros. Dans la même rue, vous dénicherez un menu double crêpes (une salée et une sucrée) avec boisson pour 5,50 euros, chez Oroyona. Gratuit ? Tous les mardis soirs, le bar Le Baigneur de la rue Ramey (18e) sert gratuitement un couscous bien garni. Enfin, au Nuage Café, rue des Carmes (5e), on marrie l’utile à l’agréable : un espace de coworking avec buffet et boissons chaudes à volonté pour 5 euros de l’heure.
Logement : « Les sites "PAP" (particulier à particulier) et "Leboncoin" reviennent souvent pour trouver de bonnes affaires, indique Brian Adjevi. Les sites des écoles répertorient parfois des logements mis à disposition par les établissements pour les étudiants ».
Sorties : Au Centre Pompidou dans le 4e arrondissement, le Studio 13/16 met à disposition des jeunes, un espace artistique et photographique. Enfin, le site Richelieu de la BnF (Bibliothèque nationale de France), dans le 2e arrondissement, qui a réouvert en 2022 après 12 ans de travaux, peut s'avérer être une idée de sortie culturelle instructive. Ancien palais du cardinal Mazarin et ex-bibliothèque royale sous Louis XV, le musée de ce lieu historique est gratuit pour les moins de 26 ans et les étudiants de moins de 35 ans. L’accès à la salle de lecture se trouve accessible et gratuit pour tous sans limite d’âge.
Florian Mestres © CIDJ
Article mis à jour le 03-04-2023
/ créé le 03-03-2023
Crédit photo : D.R.