Nouveau repère Ecobalyse : une étiquette de plus, de la pollution en moins

Laura El Feky
Publié le 22-04-2024

En bref

  • Face à la déferlante de l'ultra fast-fashion, un nouvel étiquetage pour les vêtements neufs débarque en magasin et en ligne.
  • Cet indicateur, de 0 à l'infini, informe les consommateurs sur l'impact écologique d'un article et motive les marques à produire de manière plus responsable.
  • L'utilisation d'Ecobalyse repose pour l'instant sur le volontariat, mais pourrait devenir obligatoire.
Les Français achètent en moyenne 40 % de vêtements de plus qu'il y a 15 ans mais les conservent moitié moins longtemps.
Les Français achètent en moyenne 40 % de vêtements de plus qu'il y a 15 ans mais les conservent moitié moins longtemps. Crédit : Kai Pilger - Unspalsh
Infographie : 34 % des plus gros acheteurs français de textile estiment leur consommation exagérée.
Parmi les plus gros acheteurs Français, plus d’un sur trois estiment exagérée leur consommation de vêtements. Crédit : Fatmata Camara - CIDJ
Du champ de coton à son point de vente, un seul jean parcours jusqu'à 65 000 kilomètres, soit une fois et demi le tour de la planète. Crédit : Lumni – France Télévisions
Infographie : les textiles synthétiques sont responsables à 35 % de la pollution des océans par micro-plastiques.
Les textiles fabriqués à partir de matières synthétiques (polyester, acrylique, élasthanne) constituent la première cause de pollution des océans par microplastiques. Crédit : Fatmata Camara - CIDJ
« L’essentiel des vêtements sont produits dans des pays où les normes sociales et écologiques sont les pires possibles », dénonce Julia Faure, co-fondatrice de la marque Loom et membre du collectif En mode climat. Crédit : Arte
Infographie : en 2020, chaque citoyen de l’Union européenne a consommé 31 kg de matières premières textiles et 9 000 litres d’eau.
En 2020, pour habiller chaque citoyen de l’Union européenne, l'industrie textile a utilisé 31 kg de matières premières textiles et 9 000 litres d’eau. Crédit : Fatmata Camara - CIDJ

Un éco-score pour les vêtements

Au-delà du prix affiché sur l’étiquette, quel est le véritable coût de votre jean ? Autrement dit, avez-vous une idée de son impact sur l’environnement ? Combien de litres d’eau a-t-il fallu pour le fabriquer ? Des produits chimiques ont-ils été utilisés ? A-t-il été conçu pour durer ? En tant que consommateurs, à moins d’être sensibilisés aux enjeux du développement durable et de la mode éthique, nous avons peu d’accès à des informations claires sur la provenance et les procédés de fabrication de nos vêtements. Résultat, l’intérieur de notre dressing cache une réalité polluante. À elle seule, l'industrie du vêtement génère près de 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon l'Ademe. À titre de comparaison, c'est plus que les transports aérien et maritime réunis. Et chaque année, 240 000 tonnes de microfibres plastiques issus de nos vêtements synthétiques se retrouvent dans les océans. Soit l'équivalent de 24 milliards de bouteilles plastiques. D’où le besoin urgent d’une consommation textile plus responsable, d'où cette initiative française visant à imposer un Nutri-score des vêtements. Ce nouveau système d’étiquetage attribue à chaque vêtement une note de 0 à l’infini, reflétant son impact environnemental global. Une règle à retenir : plus le score est élevé, plus le produit a un coût important pour l’environnement.

Pour déterminer cette note, un indicateur, développé avec l’Ademe, a été officiellement lancé par le gouvernement. Les marques volontaires peuvent se rendre sur la plateforme dédiée et remplir un questionnaire. Le mode de calcul se concentre sur plusieurs critères tels que la provenance des matières premières, le pays et les procédés de fabrication, l’impact sur la biodiversité, les émissions de gaz à effet de serre ou la durabilité. Rien en revanche sur le volet social, pourtant indissociable du développement durable. Les conditions de travail des ouvriers du textile restent ignorées. Par contre, on évalue les pratiques des marques, comme leur incitation à réparer le vêtement ou le nombre de références qu'elles commercialisent. De quoi pénaliser les marques d’ultra fast-fashion réputées pour leur rythme effréné de surproduction textile (jusqu'à 7 000 nouveaux modèles enregistrés rien qu'en une journée !). Ce nouvel affichage apparait progressivement dans nos rayons depuis l’automne dernier. Il pourrait devenir obligatoire à l'horizon 2025. Ce n’est pas la première fois que la fast-fashion se trouve dans le viseur des pouvoirs publics. En mars 2024, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi prévoyant d'interdire la publicité pour la vente de vêtements à prix cassés et un malus environnemental renforcé pour les marques peu vertueuses. Mais il faudra sans doute davantage d'efforts pour détricoter les tendances d'hyperconsommation durablement tissées dans notre société : aujourd'hui, nous achetons en moyenne 40% de vêtements de plus qu'il y a 15 ans et nous les conservons moitié moins longtemps.

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