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Sale temps pour le bio
- Environnement & Développement durable
Après s’être fait une place dans nos rayons et nos caddies de courses, le bio ne fait plus recette. Pour la première fois cette année, les ventes de produits issus de l’agriculture biologique baissent tandis que la production continue de croître.
Après des années de croissance record, le bio perd du terrain. En grandes surfaces, les ventes ont reculé de 3,9 %, selon l’Agence bio en charge de promouvoir l’agriculture biologique. Quel avenir se dessine pour ce secteur ?
Baisse des ventes du bio, surtout dans les supermarchés
Présenté comme plus sain et meilleur pour la planète, puisque cultivé sans produits chimiques, le bio ne cesse de séduire de nouveaux consommateurs. Y compris auprès des 18-24 ans, génération particulièrement préoccupée par le développement durable. Mais, depuis la crise sanitaire, les paniers de courses comme les habitudes de consommation ont été bousculés. Les Français se sont mis à réduire leurs dépenses alimentaires, et en particulier le budget consacré aux produits bio. Les ventes de denrées issues de la culture biologique ont surtout chuté dans les grandes surfaces et les magasins spécialisés.
Mais pas de conclusions trop hâtives, car les ventes directes par les producteurs et par les circuits courts augmentent. D’après le ministère de l’Agriculture, à l’échelle européenne, la France reste l’un des meilleurs élèves en matière de production biologique. De quoi rassurer les jeunes producteurs qui se sont orientés vers ce mode de production comme Michel, que nous avions interviewé il y a quelques années. D’autant que la « production bio » continue d’augmenter : aujourd’hui, la barre des 10 % de surface bio dans la surface agricole française a ainsi été franchie. Ce qui représente 200 000 emplois, non délocalisables, selon les chiffres du ministère.
La fin du bio ? Pas si sûr…
Pour soutenir les producteurs, l’Agence Bio propose de : « manger un peu plus de bio au quotidien. Mais aussi de “gaspiller moins, cuisiner plus de produits bruts, acheter de saison, en vrac, en circuits courts (…)”. Pourtant, difficile de se préoccuper du “bien manger” à l’heure où la précarité alimentaire augmente, notamment chez les étudiants. Pour rappel, d’après une enquête de l’association Linkee qui récupère des invendus pour les redistribuer, près d’un étudiant sur deux saute des repas pour des raisons financières. Pas étonnant que quantité et qualité des produits soient revues à la baisse.
Mais il n’y a pas que le prix qui freine à consommer du bio. Une autre explication réside aussi, selon l’Agence Bio, dans “le sentiment de manquer de compréhension du label”. Ainsi, “un Français sur deux s’estime insuffisamment informé sur ce que le label AB garantit, notamment sur la règlementation et les contrôles”. Malgré tout, le contenu de nos assiettes pourrait quand même continuer à verdir. En effet, depuis le 1er janvier 2022, les cantines publiques doivent servir au moins 50 % de produits durables ou de qualité, dont 20 % de bio. L’objectif n’est pas encore atteint, mais la dynamique est lancée et pourrait bien booster le secteur. Et vous, avez-vous remarqué une différence dans les menus de votre établissement ?
La rédaction © CIDJ
Actu mise à jour le 30-06-2022
/ créée le 30-06-2022
Crédit photo : Clark Douglas/ Unsplash