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Étudier en Segpa : stop aux clichés !
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Des classes pour les nuls, où les profs ne font rien et où l'on n'apprend pas grand-chose… Les clichés qui entourent les sections d’enseignement général et professionnel adapté sont nombreux. Pour en finir avec eux, Benoît Garon, enseignant en Segpa dans la Creuse, les déconstruit un à un pour Cidj.com.
« J’avais aussi beaucoup d’a priori lorsque j’ai été muté en Segpa et je me suis demandé ce que j’allais faire là-bas », reconnaît Benoît Garon, enseignant de découverte professionnelle en Segpa dans un collège de la Creuse depuis 3 ans. « Les clichés qui entourent les sections d’enseignement général et professionnel adapté sont nombreux et ne datent pas d’hier », concède l’enseignant. « Le terme Segpa est devenu péjoratif ». Initiateur d’une pétition contre la dévalorisation des élèves en Segpa, Benoît Garon, comme de nombreux professeurs, se bat pour revaloriser ces classes. Pour Cidj.com, il revient sur les idées reçues qui entachent l’image des Segpa.
La Segpa, c’est pour les cancres
« Les élèves qui intègrent les Segpa ont des difficultés d’apprentissage pérennes. Il ne s’agit pas de difficultés temporaires liées à une année qui se serait mal passée à la suite d’un évènement familial particulier, par exemple. Ils ont des difficultés durables qui peuvent être liées à un handicap, à des problèmes familiaux persistants ou encore à des difficultés sociales. Dans nos classes, nous avons, par exemple, des élèves dys voire multidys (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie… NDLR).
Les élèves en Segpa ont juste besoin de plus de temps pour apprendre et surtout ils doivent reprendre confiance en eux. Souvent, ce sont des élèves qui ont un rejet de l’école parce que l’apprentissage en primaire s’est mal passé. Certains de nos élèves ont tout à fait les capacités de réintégrer le milieu scolaire ordinaire. »
Quand on étudie en Segpa, on n’apprend rien
« En Segpa, on adapte le programme à chaque élève. Dans une même classe, par exemple, certains élèves passent le brevet mais pas d’autres. Pour les premiers, nous suivons le programme classique car il est impératif qu’ils aient vu tout ce qui est susceptible de tomber le jour de l’examen.
Pour ceux qui ne passent pas cet examen, nous allons axer davantage les cours sur leurs difficultés. Par exemple, nous allons cibler un cours sur les multiplications parce que nous avons remarqué des lacunes dans ce domaine. Pour d’autres, nous allons retravailler la lecture ou l’écriture. Tous les élèves ne suivent pas forcément le même programme car le suivi est très individualisé.
En Segpa, en plus des cours traditionnels, les élèves font un gros travail sur leur orientation. Ils suivent des cours de découverte professionnelle pendant lesquels ils visitent des lycées professionnels, s’informent sur les métiers… Aussi, là où les élèves en milieu ordinaire ne suivent qu’une semaine de stage d’observation en 3e, les élèves de Segpa, eux, ont la chance de faire 10 semaines de stages entre la 4e et la 3e. »
En Segpa, les profs ne s’occupent pas des élèves
« En Segpa, il n’y a pas plus de 16 élèves par classe. Cela nous permet de prendre le temps d’identifier les difficultés de chaque élève et de les aider de manière totalement individuelle. L’avantage c’est que nous pouvons vraiment créer une relation avec eux. Souvent, ils n’ont pas confiance en eux et surtout, ils n’ont pas confiance en l’école. Grâce aux petits effectifs, les professeurs prennent vraiment le temps de leur montrer qu’ils peuvent croire en eux parce qu’ils ont des capacités. »
Impossible de faire des études supérieures si on vient de Segpa
« Il faut reconnaître que la marche entre le collège en Segpa et le lycée professionnel est très haute. Ce n’est pas forcément une question de niveau mais plus un manque de confiance en soi et d’autonomie dans le travail. En Segpa, les élèves sont dans un cocon mais au lycée, ce n’est plus la même chose. La conséquence, c’est que près de la moitié des élèves de Segpa ne vont pas au bout de leur CAP.
Et pourtant, ce n’est pas parce qu’on vient de Segpa qu’on ne peut pas poursuivre ses études. Une grande majorité de nos élèves se dirige en CAP et les autres en bac pro. Et ce n’est pas parce qu’on fait un CAP qu’on ne peut pas faire d’études supérieures. Nous connaissons quelques élèves qui poursuivent leurs études en BTS, par exemple. »
Marine Ilario © CIDJ
Article mis à jour le 01-03-2022
/ créé le 01-03-2022
Crédit photo : Michal Parzuchowski - Unsplash