Agriculteur bio : un vrai projet de vie
- Environnement & Développement durable
Choux, carottes, navets, oignons… Voilà la nouvelle vie de Michel Grao, 32 ans, agriculteur bio depuis 1 an et demi. C'est au fil des petits boulots et de diverses formations qu'il a trouvé sa voie au milieu des champs. En 2011, il décide de monter sa propre exploitation de fruits et légumes bio. Passionné par son métier, il nous livre quelques conseils pour se lancer.
Comment êtes-vous devenu agriculteur bio ?
"Je ne suis pas issu du monde agricole. J’ai fait un bac ES puis un BTS actions commerciales. J’ai travaillé une année dans une banque. Mais j’ai vite compris que ce n’était pas ma voie. Je ne pensais pas du tout au métier d'agriculteur car je n’avais pas la main verte ni d’intérêt particulier pour l’agriculture. En faisant pas mal de petits boulots et diverses formations, j’ai fini par comprendre que je voulais travailler dehors.
J’ai ciblé deux métiers : paysagiste et maraîcher. J’ai rencontré des professionnels de ces secteurs. Le maraîcher m’a fait travailler une semaine avec lui. Je suis sorti de cette semaine ravi et heureux. J’ai alors décidé de tenter ma chance."
Pourquoi l’agriculture biologique ?
"Je n’étais pas particulièrement sensible à l’environnement. Pourtant, quand j’ai commencé à concevoir le projet, je me suis dit que je ne pourrais pas exercer le métier d'agriculteur si je devais mettre des produits chimiques dans la terre et donc dans les assiettes. La prise de conscience a été rapide et fulgurante."
Quelle formation avez-vous fait ?
"J’ai fait un BPREA (brevet professionnel de responsable d'exploitation agricole) agrobiologie en maraîchage au CFPPA de Brie-Comte-Robert. Une formation de 9 mois alternant cours et stages."
Comment avez-vous réussi à vous installer ?
"À la sortie de ma formation, je ne me sentais pas capable de me lancer seul. J’ai donc travaillé chez deux maraîchers différents pendant 1 an pour compléter ma formation. J’ai beaucoup appris avec eux. Ils m’ont tous deux accompagné et aidé dans le montage de mon entreprise. Il m’a fallu un an pour finaliser le projet. L’activité a démarré en 2011."
Comment avez-vous trouvé vos terres ?
"C’est difficile d’obtenir des terres quand on n’est pas enfant d’agriculteur. J’ai eu de la chance car mon beau-père, céréalier, connaissait un agriculteur qui souhaitait vendre des terres en Seine-et-Marne. Je n’ai finalement pas pu les acheter, mais aujourd’hui je loue ces 3 hectares de terre à Vaux-sur-Lunain (77).
Il existe aussi des associations comme Terre de liens qui aident les jeunes agriculteurs à trouver des terres. Mais pour beaucoup, c'est un véritable parcours du combattant. Certains candidats de ma promo ont dû abandonner leur projet faute de lieux où poser leur bagage."
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut s’installer ?
"Réfléchissez bien avant de vous lancer. C’est un projet de vie et pas seulement un projet professionnel. Si l’on a une famille, il faut qu’elle adhère à ce choix et vous soutienne. Je travaille beaucoup, rentre tard le soir et travaille même le week-end. J’ai peu de vacances. Ma femme me soutient moralement mais aussi financièrement car pour le moment je ne me paye pas. Je prends juste ce dont j’ai besoin pour payer les factures."
Comment se faire aider ?
"Il faut aller frapper aux portes d’organismes qui sont là pour vous aider comme le GAB (groupement d’agriculture biologique) ou la chambre d’agriculture. À la sortie du diplôme, j’étais suivi par un conseiller qui était chargé de m’accompagner et de s’assurer que j’avais bien acquis toutes les connaissances nécessaires pour pouvoir m’installer, aussi bien sur la partie agricole qu’administrative.
Renseignez-vous bien sur les aides à l’installation. Il en existe beaucoup pour les jeunes agriculteurs de moins de 40 ans. Prenez conseil auprès d’autres agriculteurs pour bénéficier de leur expérience."
Est-ce un métier d’avenir ?
"Oui, je pense que le métier d'agriculteur bio est un métier d'avenir. Les consommateurs prennent de plus en plus conscience de la nécessité de bien se nourrir. La demande est de plus en plus forte. Plus nous serons nombreux, moins les produits coûteront chers. Les politiques agricoles vont également dans ce sens.
De plus en plus de jeunes veulent se lancer dans le bio. Dans ma formation, il y avait des gens de tous les horizons professionnels avec toutes sortes de diplômes. Il y a donc de l’avenir dans notre métier."
Pour en savoir plus sur le métier de Michel Grao, écoutez-le décrire son quotidien d'agriculteur bio
Valérie François © CIDJ
Article mis à jour le 27/02/2018
/ créé le 10-07-2013
Crédit photo : Pixabay