Portrait Passer le bac en candidat libre pour éviter le décrochage scolaire
En bref
- Chloé a passé son bac L en 2018 en candidate libre. En difficulté scolaire depuis le collège, elle a choisi les cours à distance pour se donner une chance de réussir l’examen. Elle revient sur cette année à la fois difficile et libératrice
Un calvaire. Voilà comment Chloé, 18 ans, résume son début d’année en Terminale. Scolarisée dans un lycée à la Flèche (dans la Sarthe), la jeune fille ne se sent pas à sa place. « C’était comme ça depuis le collège. J’ai toujours eu du mal à être assidue et aller en cours. Du coup j’avais de mauvaises notes alors que j’avais des capacités ». Peu présente en cours dès le mois de septembre, Chloé rate parfois une semaine complète. « Du coup quand j’étais présente j’étais perdue, je n’arrivais plus à suivre le rythme. Moralement c’était très dur parce que comme j’étais souvent absente, je n’arrivais pas à me faire des amis et j’étais automatiquement mise à l’écart. Ce calvaire a duré un mois ».
« Je ne veux plus aller au lycée »
Un soir, Chloé annonce brutalement à ses parents : « Je ne veux plus aller au lycée ». Face à cette décision soudaine, ses parents refusent. « Ce n’était pas étonnant, je leur ai annoncé ça comme ça, sans leur proposer d’alternatives ». Mais l’idée finit par faire son chemin. Chloé est en difficulté depuis le collège. « Je n’allais quasiment plus en cours et ils ne savaient plus quoi faire. Ils ont finalement accepté que je passe mon bac en candidate libre ». Chloé envisage de se préparer seule en s’aidant de cours sur internet, « mais mes parents ont préféré que je m’inscrive au CNED ».
En voyant arriver l’énorme quantité de cours par la poste, la jeune fille n’est toujours pas convaincue par les cours à distance. « J’étais assez bornée… et au départ j’ai décidé que je n’ouvrirai aucun de ces livres ». Mais les cours sur internet se sont avérés assez décevants. Difficile de trouver toutes les matières et des cours de qualité. « Je me suis rendue à l’évidence et je me suis principalement servie des fiches de révisions que j’avais achetées. J’ai utilisé les cours du CNED davantage comme un complément de cours ».
Décrochage scolaire : trouver assez de motivation pour ne rien lâcher
« Cette année était à la fois libératrice parce que je n’allais plus au lycée mais aussi très dure et stressante ». Tenir un emploi du temps, rendre des devoirs et ne pas prendre trop de retard sur le programme. Autant de défis que la jeune fille a eu du mal à relever. « Il y a eu des moments dans l’année où je perdais un peu ma motivation. J’accumulais beaucoup de retard et je rendais très peu de devoirs » se souvient la jeune fille. « Au départ j’ai tenté de me faire un emploi du temps mais je n’ai pas réussi à le suivre. Alors j’en ai fait un allégé, mais ça n’a pas fonctionné non plus. Du coup j’ai préféré le faire au feeling ».
Pour suivre une année d’enseignement à distance la motivation est essentielle. « On me l’avait dit, mais je n’avais pas beaucoup tenu compte de ce conseil. Je n’imaginais pas que ça allait être aussi dur de suivre les cours par moi-même ».
« Je me suis dit que j’allais rater mon bac, pour ne pas être déçue »
Jour J de l’examen pour Chloé. Face à sa copie la jeune fille est loin d’être sereine. « J’étais énormément stressée parce qu’au fond de moi je savais que j’avais pris beaucoup trop de retard dans mes révisions pour réussir » explique-t-elle. « J’étais tellement persuadée que je n’allais pas avoir mon bac que je me suis lancée dans l’examen comme si je n’avais rien à perdre. Je me suis enlevée toute pression ». Un lâcher prise qui lui a finalement permis de valider son bac L avec mention.
Passer le bac en candidat libre pour éviter le décrochage scolaire
En choisissant les cours à distance, Chloé a évité le décrochage scolaire. Aujourd’hui, la jeune fille est en première année de licence de lettres modernes. « Aujourd’hui je n’ai plus du tout envie de rater les cours. Je trouve les matières que j’étudie à la fac très intéressantes. Avec l’enseignement à distance j’étais totalement livrée à moi-même. Ça m’a permis de me rendre compte de la chance qu’on a de pouvoir aller en cours. Et c’est une chance qu’il faut saisir ».