Interview Métiers de la BD : beaucoup de passionnés, peu d'élus

Isabelle Fagotat Isabelle Fagotat
Publié le 29-10-2013

En bref

  • Pas facile de gagner sa vie en s'orientant vers les métiers de la BD. L'offre est abondante, mais les tirages souvent trop faibles pour que dessinateurs et scénaristes puissent en vivre, selon Gilles Ratier, secrétaire général de 1993 à 2016 de l'ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée). 
Credits_neven-krcmarek_Unsplash.jpg
Métiers de la BD : beaucoup de passionnés, peu d'élus Crédit : Neven Krcmarek - Unsplash

Enfin un secteur qui, certes, subit la crise, mais reste dynamique ! L'offre en bande dessinée n'a cessé d'augmenter depuis le début des années 2000, pour atteindre cette année plus de 5 000 albums publiés sur le territoire francophone européen (France, Belgique, Suisse, Luxembourg et Monaco), selon les chiffres de l'ACBD.
Cependant, l'univers de la BD n'est pas rémunérateur. "Il y a des opportunités, mais aussi de nombreuses déconvenues pour les jeunes qui pensaient pouvoir en vivre facilement", précise Gilles Ratier.

"En termes de ventes, le secteur de la bande dessinée résiste bien dans ce contexte de crise. Mais cela ne signifie pas pour autant qu'il offre des débouchés importants. D'autant qu'il existe une réelle concurrence avec l'achat de droits d'œuvres étrangères. En revanche, Internet n'a pas encore bouleversé le marché de la BD, la diffusion numérique du 9e art restant très marginale.

Pour vous donner une idée, le chiffre d’affaires global de la BD francophone en Europe équivaut à peu près à celui d’un supermarché de grande ville…
En moyenne, les revenus des acteurs de la BD ne sont donc pas très élevés. Rien d'étonnant à cela puisque l'édition n'est en général pas très rémunératrice, et que certains des métiers de la BD ne reposent pas sur le salariat : des professionnels comme les auteurs sont liés à un éditeur par contrat, le plus souvent album par album."

Des métiers communs à tout le secteur éditorial

Au-delà des dessinateurs et scénaristes, on retrouve les autres professionnels de l'édition dans l'univers de la BD : éditeur, directeur de collection, secrétaire d'édition, traducteur, correcteur...

"Cela dépend, puisque ce sont les tirages et les ventes de leurs œuvres qui déterminent en partie ce qu'ils gagnent. On estime qu'à partir de 10 000 exemplaires, à raison d'un album tous les deux ans, ils peuvent commencer à en vivre. Mais pour un niveau de vie décent, il faut vendre au moins 20 000 exemplaires ! Or la plupart des albums ont des tirages bien inférieurs. Nous estimons qu'environ 1 500 auteurs européens de BD francophone vivent de leur création.

À moins d'être chanceux, dessinateurs et scénaristes peuvent mettre des années à "percer"... s'ils y parviennent. Ils commencent donc par se consacrer à la BD en parallèle avec une autre activité dans un domaine proche – story-boarder pour le cinéma ou la télé, illustrateur… – ou totalement différent."

"Si vous voulez devenir auteur (scénariste et/ou dessinateur), vous ne devez pas vous contenter de bien écrire ou bien dessiner. Il faut proposer une véritable idée, un concept. Mieux vaut donc s'intéresser à plein de choses et ne pas rester uniquement le nez dans ses BD.

Soyez patient : des éditeurs reconnus refusent parfois de futurs grands auteurs… avant que la roue tourne.

Si vous savez bien vendre votre travail, cela peut être un atout. D'ailleurs, certaines formations intègrent désormais cet aspect dans leur programme.

Le plus simple est de contacter le département BD du Snac (Syndicat national des auteurs et des compositeurs). Il met à disposition des outils pour aider les jeunes auteurs à bien présenter le dossier qu'ils enverront aux professionnels du secteur."

"Il existe des formations aux métiers d'art, du dessin, de l'édition, et même plus spécifiquement de la BD. Mais passer par là n'est pas une obligation : beaucoup d'auteurs sont autodidactes, même s'ils choisissent parfois de s'inscrire dans une école pour se perfectionner."

Les rendez-vous incontournables de la BD
N'hésitez pas à vous rendre aux grands événements de la BD pour rencontrer des professionnels du secteur, notamment au Festival de la bande dessinée d'Angoulême, au Quai des Bulles à Saint-Malo, au bd Boum à Blois ou aux grands salons du livre de Paris, Montreuil, Brive-la-Gaillarde, Limoges, Bruxelles et Genève.

Nous rencontrer Nous rencontrer

Le réseau Info jeunes est accessible à tous les publics (collégiens, lycéens, étudiants, salariés, demandeurs d'emploi...) mais aussi à leurs parents, à leurs enseignants et à tous les travailleurs sociaux. L'accès est libre et gratuit.