Vos droits Arnaques sur les réseaux sociaux : comment les éviter ?

Laura El Feky Laura El Feky
Publié le 07-09-2022

En bref

  • "Est-ce toi sur la vidéo ? Clique sur ce lien", "votre colis est arrivé", "devenez riche grâce au trading en ligne"… Par message privé ou via des publications sur les réseaux sociaux, les sollicitations sont fréquentes. À tel point qu’aujourd’hui, une escroquerie sur deux a lieu sur Internet. On vous explique comment repérer les offres frauduleuses, techniques de ventes abusives, pratiques douteuses et autres arnaques en ligne.
Crédit : Unsplash

Pour être heureux, vivons déconnectés ? "Internet n’a pas inventé les arnaques, tempère Emilie Vassal, intervenante dans les établissements scolaires pour l’association Génération numérique. C’est juste un outil supplémentaire." Alors, ouvrons l’œil !

En scrollant sur Instagram ou Tiktok, impossible d’échapper au flot de publications élogieuses pour des produits à l’efficacité douteuse. Patch anti-ondes à coller sur les téléphones portables, boissons detox, cosmétiques miracles prônés par des influenceurs peu scrupuleux : une véritable foire à l’empoigne. Et parce que le business promet d’être juteux, les publicités avancent masquées, en n’affichant pas leur caractère publicitaire. "C’est une pratique courante sur les réseaux sociaux, notamment chez les influenceurs issus de la télé-réalité, mais pas uniquement" prévient Audrey, créatrice du compte Instagram « Vos stars en réalité » qui traque ce genre de dérives.

Au mieux, ces produits sont inutiles, au pire ils sont illégaux ou dangereux. Comme cette influenceuse, épinglée par Audrey, qui fait la promotion auprès de son million d’abonnés d’injection d’acide hyaluronique. "Pour rappel, la publicité d’un médecin est interdite" s’insurge la justicière des réseaux sociaux. Encore pire, il s’agit ici d’une "pratique illégale de la médecine puisque la personne recommandée par l’influenceuse n’est même pas habilitée à pratiquer un acte médical. C’est de la mise en danger d’autrui !". Le risque est en effet de se retrouver défiguré. À destination des plus jeunes, on se souvient de cet élan de publications sur les réseaux sociaux qui mettaient en avant les puffs, ces cigarettes jetables au goût sucré. Une promotion totalement illégale puisque là encore, la publicité pour des cigarettes ou du vapotage est interdite en France.

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Dans la même lignée, bien que les paris sportifs et autres jeux d’argent soient interdits aux moins de 18 ans, certains influenceurs ne s’empêchent pas de promouvoir ces activités auprès de leur public, parfois mineur. Leur promesse ? Gagner beaucoup d’argent, le plus facilement et rapidement du monde. Or, comme pour les concours alléchants qui promettent de gagner une PlayStation 5 ou le dernier iPhone : « Quand c’est trop beau pour être vrai, méfiance » martèle Emilie Vassal, réaliste.

Surtout que casinos en ligne, pronostics sportifs, trading et placements financiers dangereux riment plus souvent avec faillite ou addiction, qu’avec gros millions. Les victimes misent quelques centaines d’euros, en gagnent un peu, reperdent tout le lendemain, misent un peu plus avant que tout dégringole. Dans l’émission « Vrai ou Fake » de France Info, Slim, victime des conseils d’investissements d’un influenceur au 4,4 millions d’abonnés a confié avoir ainsi perdu 1 500 euros. Comme lui, 9 personnes sur 10 ont perdu de l’argent par ce biais, selon l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Autre tendance qui fleurit sur les réseaux sociaux : le dropshipping. Cette technique consiste pour un revendeur à assurer la publicité et la vente d’un produit tandis que la livraison est gérée directement par le fournisseur. Cette pratique commerciale n’est pas illégale, mais flirte souvent avec la malhonnêteté. Car, le plus souvent, l’article promu est revendu à prix d’or.

On pense notamment à ce maillot de bain amincissant, vantée par une influenceuse qui en tout point identique à celui vendu 20 fois moins cher sur le site chinois Aliexpress. Un prix excessif, sans parler de la déception de recevoir un produit de mauvaise qualité, voire de ne rien recevoir du tout dans certains cas. Faire une réclamation n’aura alors rien d’une sinécure puisqu’il sera difficile d’entrer directement en contact avec le fournisseur.

Avant d’acheter, il convient d’être vigilant. Or, sur internet, tout est mis en place pour créer un sentiment d’urgence à même de nous faire dégainer notre carte bancaire en un éclair : indication du nombre de visiteurs qui regardent en même temps le produit, fausses promotions alléchantes ou compte à rebours bidon avant que la soi-disant offre n’expire. Sans oublier "les pratiques commerciales trompeuses" dénoncées par Audrey, comme cet influenceur qui promeut la vente de bonbons dans "une box dont l’abonnement mensuel est annoncé au prix de lancement d’un euro, mais dont le prélèvement s’élève en réalité à… 29,90 euros/mois !"

"Lisez attentivement les conditions générales de vente, conseille Audrey. Ainsi que les mentions légales du site afin d’identifier qui contacter en cas de problème". Un service client inexistant laisse présager du pire. Autre indice : "la date de création du site, à relever sur des sites comme FranceVerif". La plupart des sites frauduleux ont des durées de vie très courtes, quelques jours à peine. "Cherchez aussi à savoir ce qu’en disent les autres acheteurs" poursuit Audrey. "Les avis de vrais consommateurs sur Google ou TrustPilot, rectifie-t-elle, pas les avis de ceux qui sont payés par la marque et qui n’en diront que du bien". Si in fine, vous passez à l’acte, assurez-vous que la transaction soit sécurisée : dans la barre URL, au début de l’adresse web vous devez voir "https" accompagné de l’emoji d’un petit cadenas.

Dans un autre registre, vous avez peut-être vu passer ces appels aux dons pour soutenir l’actrice Amber Heard après son procès contre son ex-compagnon Johny Depp ou pour aider les soignants pendant la crise sanitaire ou encore pour venir en aide aux Ukrainiens pendant la guerre… Ces fausses cagnottes surfent sur la générosité des internautes pour leur soutirer des sous.

Pour être certain que votre argent ira bien à la cause que vous souhaitez défendre, lisez attentivement le descriptif de la cagnotte et renseignez-vous sur la personne qui en est à l’origine. Cela vous permettra de vous faire une idée sur la crédibilité de cette collecte de fonds. En outre, l’association de défense des consommateurs, UFC-Que choisir conseille de privilégier les sites de financement participatif reconnu, "comme Leetchi, Le Pot commun, Helloasso ou Gofundme" car “ils disposent d’équipes de lutte antifraude”.

C’est souvent le même scénario qui se produit : un hacker prétend détenir des vidéos ou photos compromettantes de vous et menace de les diffuser s’il ne reçoit pas une rançon. La marche à suivre si ça vous arrive ? “Récolter le maximum de preuves via des captures d’écran et signaler le message sur le réseau social en question, ainsi que sur la plateforme Pharos et Point de contact”, conseille Emilie Vassal. “Et surtout de ne pas hésiter à en parler”, ajoute-t-elle.

De façon générale, sur internet, il faut essayer “de donner le moins d’informations personnelles”, souligne Emilie Vassal. “Et faire la différence entre les amis proches, les copains, les simples connaissances”. Gare aussi au clic compulsif. Prenez le temps de regarder l'adresse mail de l'émetteur et jauger de la crédibilité des messages que vous recevez. Cela vous évitera de vous faire avoir par "le phishing", cette technique qui consiste à se faire passer pour un proche ou un organisme de confiance (votre banque, la poste, l’assurance maladie, le CPF…) pour vous soutirer des informations personnelles ou bancaires. Par exemple, derrière le message “Est-ce que c’est toi sur cette vidéo ?” suivi d’un lien, il y a un fort risque de piratage de votre compte, prévient Emilie Vassal. Et que tous vos contacts reçoivent par la même occasion cette tentative de piratage. Et là, comme tout ce qui se passe sur Internet : ça peut aller vite !

 

Focus

Pour réduire le risque de piratage, optez pour un bon mot de passe. Près d’un jeune sur deux interviewé par l’association Génération numérique confie avoir un mot de passe court et simple (date de naissance, prénom…) et 64 % reconnaissent ne les avoir jamais changées. Pourtant, un mot de passe fort c’est « au moins 12 caractères, avec des lettres, des chiffres, des majuscules, des minuscules, des caractères spéciaux », rappelle Emilie Vassal. Bref, Choi $ ir1bonMot2p@ass, ce n’est pas si compliqué !

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