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Témoignage À Grigny, Manassé rêve de Silicon Valley

Laura El Feky Laura El Feky
Publié le 03-04-2024

En bref

  • En Essonne, Manassé et quatre autres étudiants ont planché sur une IA capable de détecter les messages haineux sur les réseaux sociaux et d’accompagner les victimes de cyberharcèlement. Ils présenteront le concept de leur chatbot au salon Viva tech, le 25 mai prochain à Paris.  À la clé, un voyage à la Silicon Valley pour pitcher leur projet.
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Cinq étudiants ont développé une IA pour lutter contre le cyberharcèlement Crédit : Manassé Lumbu

Une aventure de plusieurs mois autour de l’IA

Manassé mène plusieurs projets de front. L’étudiant, qui habite à Grigny (91), suit un cursus en master 1 Stratégie digitale et social média à l’école Sup de Pub, tout en effectuant une alternance à la préfecture de l’Essonne en qualité de chargé de communication. Depuis quelques mois, il porte aussi une troisième casquette grâce à sa participation active à la deuxième promotion du programme Kesk’IA. Une évidence pour lui, après « être tombé sur une publication Linkedin de Morad Attik, l’un des co-fondateurs ».

Malgré l’investissement que cela implique, il se sentait prêt à relever le défi. « La session a démarré avec une semaine intensive pour consolider nos connaissances en intelligence artificielle et depuis, avec les membres de mon équipe, on se retrouve tous les samedis » précise-t-il. L’initiative, portée par la start-up Evolukid, vise à faire accoucher de projets technologiques des étudiants en filières informatiques, digitales, marketing ou communication. Étudiants issus principalement de quartiers prioritaires de la politique de la ville. Cette année, selon les chiffres d'Evolukid, 77 participants en Essonne, dont 35% de filles, à Mantes-la-jolie (78), Trappes (78), Colombe (92) ou Nanterre (92) ont répondu présents, répartis ensuite en différentes équipes.

Celle de Manassé compte quatre autres étudiants en informatique, en intelligence artificielle (IA) et en cybersécurité. Des spécialités à mettre au service de rôles distincts et complémentaires : data analyst, développeur, data scientist, ingénieur en machine learning… et chef de projet pour Manassé. « On nous a proposé de travailler sur l’une des trois problématiques choisies par le département : la sécurité routière, le gaspillage alimentaire ou le cyberharcèlement, rappelle l’étudiant. L’objectif était de trouver des solutions qui y répondent à l’aide de l’IA ».

Pour Manassé et sa team, ce sera le thème du harcèlement en ligne. « Ce qui se passe parfois sur les réseaux sociaux a un impact concret sur la vie de quelqu’un », insiste-t-il.
« Lors de l’édition précédente, une équipe d’étudiants avait déjà travaillé sur une solution permettant de détecter des messages haineux diffusés sur la plateforme Discord. On a eu envie d’aller plus loin pour accompagner les victimes, en mettant à leur disposition un chatbot capable de servir de lien entre elles, et les acteurs ou structures locales » détaille Bachar, son camarade de 24 ans. Pour y parvenir, l’enjeu fût donc de développer les compétences de ce nouveau compagnon virtuel « afin qu’il détecte avec précision les messages haineux, même ceux qui utilisent des jeux de mot, de l’argot ou des émojis, pour comprendre au mieux la situation et apporter le soutien nécessaire aux utilisateurs », poursuit Manassé.

Pour le moment, il s’agit d’un POC, autrement dit un proof of concept. Les étudiants en sont encore au stade de « prouver que le concept fonctionne », nous explique l’un d’eux. Mais Manassé ne cache pas son ambition. « Forcément, on aimerait que ce chatbot voit le jour, qu’il soit opérationnel dans le département, voire dans toute l’Île-de-France et même à l’échelle nationale ! » Tout en gardant, malgré tout les pieds sur terre : « on n’a pas les droits sur les solutions sur lesquelles on travaille, mais notre objectif, c’est de montrer son utilité ». L’étudiant sait que cette expérience portera de toute façon ses fruits : « Pour nous, le projet est enrichissant, car il permet à tous de monter en compétences. Personnellement, j’ai pu tester différentes méthodes de gestion de projet. C’est également le cas pour les autres participants, qui ont l’opportunité de tester des choses concrètement, de voir ce qui fonctionne, d’apprendre de leurs erreurs ». Sans oublier que c’est aussi un moyen de développer son réseau. Le groupe d’étudiants a notamment bénéficié des expertises  de trois salariés d’Orange, comme mentors.

« Dans les quartiers prioritaires, comme Grigny, les opportunités sont rares, alors ce genre de programme, c’est l’occasion de montrer ce que l’on sait faire », souligne-t-il. Cela permet aussi au grand public de se rendre compte que « l’intelligence artificielle n’est pas quelque chose d’abstrait. Au contraire, on peut la mettre à profit pour résoudre des problématiques sociétales » souligne de son côté Bachar qui a suivi une licence en modélisation et ingénierie informatique à l’université Sorbonne Paris Nord, avant de poursuivre un master en développement, big data et IA à l’Ipsii. À présent, Manassé et son équipe se préparent à pitcher leur projet au salon parisien Viva tech, le 25 mai prochain, où six autres équipes s’affronteront. À la clé, pour les plus convaincants, un séjour dans la Silicon Valley, le temple du high-tech. En attendant, l’étudiant nous confie être déjà « très fiers de la régularité et du sérieux » dont son équipe a fait preuve et d’avoir déjà remporté la finale départementale. Mais il ne nous cache pas son envie de remporter ce voyage au « centre du monde de la technologie ». Le début d’un beau voyage ? Verdict fin mai.

 

 

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